• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Mélusine ou la Robe de Saphir.

sur Simone de Beauvoir, le deuxième sexe, explication d'un extrait


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Extrait du livre de Suzanne Lilar : 

Or le voici fort malmené par une femme-écrivain que ses propres convictions, le style de sa vie, le sens et l’action de son œuvre situent cependant sur une cime de la littérature féministe. Suzanne Lilar, en dénonçant son « malentendu » (1), n’est pas douce pour un ouvrage qu’elle voit écrit sans ordre et sans joie, alourdi de répétitions inutiles, obscurci de contradictions et fâcheusement influencé par la dogmatique sartrienne : celle-ci était spécialement dangereuse pour traiter un tel sujet, où il ne faudrait jamais perdre de vue la nature, niée ou dévaluée dans tous les sens par un puritain antiphysique porté à ne voir en tout que des situations historiques et des conditionnements sociaux, et dont l’œuvre fait la place si petite à la verdure, aux oiseaux et aux enfants. Dès les premières pages de son introduction, Suzanne Lilar n’y va pas par quatre chemins : « Il est grand temps de manquer de respect à Simone de Beauvoir, il est grand temps de profaner le Deuxième Sexe ». Sans doute sa probité intellectuelle et ses dons de subtile analyste la conduiront-ils. en cours de route et dans ses conclusions, à des jugements plus modérés et plus équitables ; il reste pourtant une critique vigoureuse et fouillée d’une somme qui en sort non détruite mais pénétrée dans ses ombres et dénoncée dans ses erreurs.

L’essai de Suzanne Lilar est trop riche et trop serré pour qu’il me soit possible de le suivre dans tous ses détours. Je n’en retiendrai que les directions principales. A travers les arabesques dialectiques où se complaît Simone de Beauvoir dans les douze cents pages de ses deux forts volumes, il y a un axe de la pensée qui soutient tout le système et que conteste sa solide adversaire : Simone veut qu’il n’y ait pas de « nature féminine », que tout le féminin soit « artificiel », construction de la société et de l’histoire et, plus précisément, mythe créé et imposé par l’homme pour objectiver un Autre qu’il entend soumettre à son pouvoir et à ses plaisirs ; et Suzanne pense au contraire, qu’il y a un paradoxe insoutenable, pour une pensée existentialiste, à rejoindre un idéalisme qui veut ignorer, par principe, la projection de la physiologie sur la psychologie, et nier la différence naturelle que leurs conditionnements sexuels particuliers mettent entre l’homme et la femme : d’où découle une uniformisation aussi dommageable à l’épanouissement des personnalités qu’à l’ordre de la société. Il est bien vrai qu’il y avait une erreur objective évidente à attribuer absolument à la vie sociale et à la condition historique l’origine de la féminité et l’aliénation croissante de la femme : comme si, au stade de la nature primitive, la femme n’était pas déjà menacée dans ses droits, et même davantage, par la musculature supérieure du mâle et par la nécessité d’enfanter ; comme si d’ailleurs une société pourrait subsister et conserver la qualité humaine quand la femme aurait abdiqué sa vocation de mère dans son corps et dans son cœur.

Il vous reste 75.89% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

CONTENUS

Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès