Les sources douteuses du sionisme
Pierre Stambul
nous explique que le sionisme est un nationalisme particulier qui a inventé une histoire. Comme tous
les nationalismes, il pratique la négation de l’autre :
« Une
histoire merveilleuse mais inventée :
les fondateurs du sionisme pour la plupart
n’étaient pas croyants, mais ils sont allés chercher dans la
Bible les justifications d’un projet colonial. L’archéologie a
établi avec certitude que les Hébreux sont un peuple autochtone.
Ils ne sont pas venus de Mésopotamie et n’ont jamais été en
esclavage en Égypte. Les trompettes n’ont jamais sonné à
Jéricho. La conquête sanglante de Canaan par Josué qui sert
aujourd’hui de justification aux colons religieux de Cisjordanie
est une fiction. Le grand royaume unifié de David et Salomon que les
sionistes ont voulu reconstruire n’a pas existé. À l’époque
présumée de Salomon et de son temple, Jérusalem n’était qu’un
village.
Certes, tout n’est pas faux dans
le discours biblique. La Palestine antique a toujours été peuplée
par plusieurs peuples (Hébreux, Cananéens, Moabites, Iduméens,
Philistins…) avec des religions différentes [1], mais
cette réalité contredit le récit sioniste.
Pour les sionistes, le peuple juif
a été expulsé de sa terre en 70 après J.-C. par l’empereur
Titus et s’est dispersé dans le monde. Or la religion juive était
déjà présente dans différentes régions, de Babylone à
Alexandrie ou Rome. C’est la religion qui s’est dispersée, pas
le peuple. La religion juive a été prosélyte pendant des siècles
et c’est la victoire du christianisme qui l’a obligée à cesser
de l’être. Les conversions au judaïsme se sont poursuivies en
Afrique du Nord (les Berbères) ou entre Caspienne et mer Noire (les
Khazars) très tard. Bref, les Juifs d’aujourd’hui sont
majoritairement des descendants de convertis. Il n’y a eu ni exil,
ni retour [2]. Et les descendants des Hébreux de
l’Antiquité sont essentiellement… les Palestiniens.
L’ouverture des archives a établi
avec certitude ce que les Palestiniennes et les Palestiniens ont
toujours dit : l’expulsion de 800 000 personnes en
1948 était délibérée et il n’y aura pas de solution
à cette guerre sans réparation de ce crime fondateur. La
confiscation des terres, les villages rasés dont les traces ont été
effacées et le refus du retour des expulsés étaient prémédités.
Le remplacement des Palestiniens par les Juifs venus du monde
arabo-musulman a été organisé. Le sionisme a construit un État
ethnique où les non-Juifs sont des sous-citoyens. Il a fait de cet
État une tête de pont de l’Occident. La conquête de 1967 n’est
pas accidentelle, c’est la gauche sioniste qui a décidé la
colonisation et qui a aidé à la création du courant
national-religieux pour la réaliser. La colonisation est devenue le
centre de la politique israélienne et 500 000 Israéliennes et
Israéliens habitent aujourd’hui les territoires conquis en 1967. ».
Pierre
Stambul
membre du Bureau National de l’Union Juive pour
la Paix
https://reseauinternational.net/effondrer-le-colonialisme-la-falsification-sioniste-de-lhistoire/
[1] Israël
Finkelstein, Neil Asher Silberman, La
Bible dévoilée, les nouvelles révélations de l’archéologie,
Bayard, 2002.
[2] Shlomo Sand, Comment
le peuple juif fut inventé, Fayard, 2008.