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Commentaire de Raoul-Henri

sur Le revenu universel est une fiction


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Raoul-Henri Raoul-Henri 14 janvier 2017 07:50

Bonjour Touriste,

Je trouve que votre article pose correctement quelques situations et quelques concepts. Pour autant j’ai trouvé étrange cette affirmation :

« le travail ne suffit plus pour nourrir la population ».

J’imagine que par « travail » vous entendez la totalité des revenus, qui, mal répartis, font que certains ne pourront acheter de quoi se nourrir, se loger et se soigner, etc. (pour faire court je garderai le terme générique ’nourriture’ dans la suite).

Donc, si j’imagine bien, il ne s’agit pas du travail qui « ne suffit plus », puisque nous jetons une grande partie des surproductions alimentaires, mais bien de la monnaie servant de contre-partie à l’achat de cette nourriture.

Ce point sémantique, je l’espère, éclairci la question devient : manque-t-on de monnaie ?

La question est simple mais la réponse compliquée pour ne pas dire complexe (entre les deux je dirais). La réponse est compliquée parce que peu d’argumentateurs politiques n’envisagent de concevoir la nature de la monnaie alors qu’ils ne font presque de ne parler que de cela. Qu’est-ce que la monnaie ? Quels sont ses circuits ? Est-elle seulement un moyen de comptage ? Un moyen d’asservissement ? Un moyen de domination ? Un moyen du bonheur ?

Revenons à la technique. A certains moments quelques ’spécialistes’ parlent de création monétaire. Beaucoup moins (pour ainsi dire personne) parlent de destruction monétaire.

A ce point de la lecture certains pourraient se demander pourquoi parler de destruction monétaire alors que le postulat est qu’il en manque pour nourrir tout le monde. Remarquez au passage la récurrence de la digression sémantique puisque la monnaie ne se mange pas ; pas plus que le travail.

L’association étroite entre travail ; monnaie ; nourriture, à ce stade de la réflexion, est une épine dans le pied de l’intelligence. C’est pourtant sur la base de cet imbroglio conceptuel que pratiquement toutes les analyses et projections politiques se font.

La nourriture et le travail pour l’obtenir : chacun sait les définir précisément. En revanche pour ce qui est du vecteur intermédiaire qu’est la monnaie il n’y a aucune définition correcte ; nulle part ; hormis dans quelques coins perdus du web et quelques approches dans des ouvrages méconnus. Étrange non ?

Cette absence de définition est peut-être une clé de l’énigme qui fait que se trouvent des démunis dans ce monde qui est devenu surproducteur au point de se mettre en danger lui-même. Nous avons un très grave problème de recyclage ; qu’il soit celui de la monnaie ou de nos productions.

La monnaie a connu successivement plusieurs étapes que vous trouverez précisément décrites ici. Pour résumer, elle fut d’abord biologique (par exemple le terme blé est resté dans le langage pour la désigner), puis scripturale. C’est à partir de cette écriture que la monnaie est devenue une abstraction.

A partir de la conceptualisation de la monnaie en tant qu’abstraction et de l’absence de plus en plus grande de l’obligation de travailler pour se nourrir nous pouvons alors décider de définir précisément quels seront les circuits de circulation de cette abstraction.

La plupart des consommations sont le terminus d’un circuit de production et de distribution ; avant le recyclage.
A chaque fois qu’un achat se fait en vue d’une consommation il y a un croisement entre le produit et la monnaie correspondante nécessaire à qualifier l’achat.

Mais alors que le produit se voit plus ou moins rapidement recyclé la monnaie, elle, ne l’est pas. Il y a une absence de symétrie entre le circuit réel de la production et le circuit de l’abstraction monétaire correspondant à cette production. Et là se trouve, à mon avis, l’origine de l’éclatement périodique des bulles monétaires, qui, au lieu de se recycler s’accumulent dans l’épargne.

Ce n’est pas, et de loin, le seul problème que cette absence de symétrie de parcours pose ; la liste en est interminable. Comme je crains de passer à côté de notions fondamentales nécessaires à une compréhension complète de mon propos je préfère vous renvoyer vers cette suite d’articles que je vous invite à déchiffrer soigneusement.


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