Je ne sais si l’Euro
pourra se survivre encore longtemps : ce n’est ni nécessaire ni
souhaitable mais à toutes les excellentes raisons d’implosion
avancées par l’éminent banquier anglais, il faut en ajouter une,
c’est l’émission délirante de liquidités par la BCE qui inonde le
marché de monnaie de singe.
On sait ce qu’il
advint de l’assignat avec lequel, me semble-t-il, l’Euro a beaucoup
de traits en commun ...
Inévitablement, un
jour ou l’autre, la valeur d’une monnaie s’adapte au niveau de la
santé économique réelle de sa zone de rayonnement.
L’Euro
fort ne cadre pas avec une Europe faible ( ou du moins une Europe en
perte rapide d’homogénéité où les distorsions économiques ont
tendance à s’accentuer et où les décimes de la croissance sont
tout entiers fondés sur les atouts de spirales déflationnistes :
l’Italie, l’Espagne redressent la tête – de manière toute
relative – en ponctionnant qui les salaires, qui les droits sociaux
au sens large ... )
Il n’est pas besoin
d’être une pythie pour supposer que l’Allemagne ne va pas sacrifier
éternellement son bas de laine au sauvetage des naufragés de la
prospérité.
Le géant teuton est
avec quelques rares satellites celui pour qui la valeur de la
monnaie correspond plus ou moins à sa santé économique :
c’est aussi le seul état à croire en la pérennité de sa
prospérité et à anticiper la réponse à ses criants besoins de
main d’œuvre
dans un futur proche en ouvrant les bras aux réfugiés.
L’usage intensif de
la planche à billets à Francfort poursuit l’objectif de relancer
l’investissement.
Par le truchement des banques privées dès
lors que, « horresco referens », les banques dites
nationales ( qui sont surtout des vestiges du passé ) ne sont plus
autorisées à jouer un rôle direct dans l’économie obérant de ce
fait les capacités des états à s’engager massivement dans des
politiques articulées sur l’investissement public ( grands travaux
d’infrastructures, Éducation Nationale, politiques de santé
publique) !
Faute de débouchés,
c’est-à-dire d’emprunteurs, les Banques privées alimentées par la
BCE à 0 % sont obligées de renvoyer la monnaie papier à
l’envoyeur en perdant au passage quelques décimes d’intérêt
puisqu’elles sont rémunérées à taux négatifs. On voit mal la
viabilité à long terme d’un tel système sans ponctionner les
avoirs des épargnants.
En réalité,
l’investissement productif ne se décrète pas, il est tributaire du
carnet de commande ou du moins des espérances de le voir rempli et
la déprime ne se combat pas à coup de déclarations d’intention ou
d’incantations pour inciter les chevaliers d’industrie à se lancer
dans des projets d’avenir quand le futur est incertain.
Malgré les
belles théories qui tendent à vouloir persuader du contraire, la
politique de l’offre est en échec quand elle ne répond pas à une
demande immédiate...
Dès lors que la
nature dogmatique de l’UE lui interdit cette perspective à grande
échelle, il faut bien constater que seules des politiques
coordonnées au niveau des états rétablis dans leurs fonctions
régaliennes peuvent amorcer la pompe du renouveau et cela passe,
qu’on le veuille ou non, par une restauration des capacités
d’endettement.
La transition vers une économie écologique
respectueuse des ressources naturelles, appelons-la écosocialisme
dès lors que la maximisation du profit n’en est plus le moteur,
impose non seulement la fin de l’Euro monnaie unique ( et/ou sa
transformation éventuelle en monnaie commune) mais aussi
l’éclatement de l’Europe, déjà minée par les forces centrifuges
où le Brexit quel qu’en soit l’issue n’est finalement qu’une
péripétie.