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Commentaire de Corinne Colas

sur La fausse rumeur de la « théorie du genre » : explications...


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Corinne Colas Corinne Colas 13 juillet 2014 18:22

Taïau, taïau… en retard !

Le problème des ABCD, c’est qu’on a voulu les faire aller jusqu’à Z. D’un côté, une banale maçonne, de l’autre « Tomboy », « Medhi met du rouge à lèvres » ou encore « Zazie a un zizi » qui n’ont rien à voir, et l’on s’étonne d’une rumeur ?

Mais si l’on se réfère au mot d’ordre officiel, l’éducation à l’égalité dans le cadre scolaire semble légitime. Surtout dans certaines zones sensibles où filles et garçons vivent dans des mondes séparés mais là comme par hasard, on fera l’impasse (on n’arrive même pas à les faire asseoir les uns à côté des autres), on n’a pas envie de se faire casser la tronche par un grand frère à la sortie. La jupette pour les garçons, c’est à Nantes et pas n’importe où !! 

Fille ou garçon, On peut dire aux enfants qu’ils ont le droit de faire n’importe quel métier plus tard (découvriront bien assez tôt qu’ils auront surtout le droit de pointer au chômage) mais n’en déplaise aux uns et autres, on n’est pas non plus au supermarché. On n’a pas plus le choix de son genre (au sens d’avant la novlangue) que de son orientation sexuelle parfois différente. La transformer en point de vue orienté, ne rend service à personne. 


Quand les homos, trans ou lesbiennes d’aujourd’hui, diront aux abrutis : »je suis comme ça, je n’y peux rien et je vous emmerde" (comme il y a 20 ans), ce sera l’équivalent d’un pas sur la lune pour eux. En attendant, ils sont instrumentalisés... et se perdent dans des justifications ridicules.

Quand le SNUipp-FSU (principal syndicat) écrit : ‘les « gender studies » nous enseignent que l’hétérosexualité, loin de découler du sexe biologique ou de l’identité sexuée, n’est pas la forme « naturelle » de la sexualité mais sa forme dominante, au sens où le système social la produit (..)’, c’est vrai qu’on ne sent pas le parti pris !

http://www.snuipp.fr/IMG/pdf/document_telechargeable-2013-30-05.pdf


Fi de toutes les inégalités, c’est la grande lutte nationale contre « la domination », screugneugneu ! 

(dans le système social des escargots, ceux qui ne se transforment pas luttent contre la domination hermaphrodite). 


D’autant qu’ils sont bien renseignés dans la boutique :

non seulement, le système social la produit, il faut en plus qu’il « stigmatise et infériorise celles et ceux qui s’en écartent ». Le SNUipp-FSU n’étant pas le syndicat des enseignants saoudiens, on aura du mal à adhérer à cette idée en Occident. Faut-il désormais catégoriser les gens selon leur orientation sexuelle dans la lutte contre l’exclusion ? La question en elle-même, est terrible pour tout le monde. Mais si oui, le résultat ne va plaire à certains au vu justement de l’appui affiché des grandes banques et entreprises -toutes très humanistes- à ceux et celles qui « s’écartent » (sic) de l’hétérosexualité : Goldman Sach, Mosanto, Morgan…

http://www.goldmansachs.com/who-we-are/diversity-and-inclusion/employee-affinity-networks.html

http://www.monsanto.com/careers/pages/diversity.aspx

Et la Gestapo s’installe :

http://www.equalityvirginia.org/Simon,%20Marcus.pdf

 Attention à cocher les bonnes réponses !


Nonobstant cette « inégalité inversée » ( jeu de mots quenellique involontaire), les paroles blessantes, l’ostracisme, voire des actes violents à l’encontre des personnes LGBT, c’est une réalité impossible à nier mais les femmes, les handicapés, les malades, les arabes, les juifs, les colorés à divers degrés, les blancs aussi désormais, les chrétiens, les pas chrétiens, les gros, les moches, les petits, subissent-ils moins ou plus ? Faut-il une hiérarchie ? Il n’y a crime que si en « phobe » ? 

(Comme c’est mal compris, on n’évoquera pas ici le harcèlement par les armées de beaufs lorsque le physique est avantageux, pire le malheur d’être vif ou au contraire en difficulté à l’école, le malheur de crever la dalle, hétéro ou LGBT peu importe et d’autres que j’oublie)

Quand quelque chose se produit aujourd’hui, ce n’est « célébré » par les médias uniquement si cela sert un lobby. On oublie que celui-ci, et quel qu’il soit, ne parle qu’au nom de ses adhérents. On nous dresse les uns contre les autres. Après la guerre des sexes, la guerre de la sexualité et pas de drapeau blanc en vue ! 


L’éducation au respect de la différence, de toutes les différences (pas seulement l’orientation sexuelle) se suffit déjà en tant que vaste chantier, chacune ne pouvant être abordée à n’importe quel âge car l’enfant n’est pas un adulte miniature. 

De manière générale, est-ce que le travail sur « l’égalité filles/garçons » nécessite de toute façon, un groupe de pression à l’école qui n’a strictement rien à voir avec le thème évoqué (ah on en entendu parler de la maçonne) ? Les parents ont répondu qu’ils ne voulaient pas d’intervenants LGBT, ne voulaient pas non plus que les enseignants se servent de leur matériel en tant que support pédagogique (films, livres, pièces de théâtre).

 

Que dirions-nous si notre gouvernement décidait de faire venir des curés dans es classes pour discuter du même thème ?

Il faut apprendre à refuser tout catéchisme, tout prosélytisme !

 

Pour reprendre cette « fausse rumeur » dont on se gausse avec malhonnêteté, on joue sur les mots au motif que l’expression « théorie du genre » est inexacte voire infondée. Certes, elle est peu judicieuse mais elle est devenue populaire, et nous savons tous que celle-ci est relative en réalité à une idéologie du genre qui ne dit pas son nom. On nous assomme de bien des mots savants réservés au champ universitaire relevant uniquement des sciences humaines, ils nous désossent et une réflexion devient par la grâce magique du moment, un fait scientifique.


Les Tartuffe sont en colère en prétextant encore que les parents n’ont pas à se mêler des programmes. C’est faire des amalgames car si l’on admet parfaitement qu’il y a de plus en plus de problèmes pour certaines matières ou activités (biologie, sport…) à cause de la religion, on sait tous faire la différence entre ce qui relève d’un enseignement ou de la propagande. La « théorie » de la terre plate n’est pas enseignée à l’école par ex. C’est heureux sinon, elle rencontrerait une opposition aussi légitime.

On a inventé l’identité de genre, est-ce que ça nécessite de s’attaquer à l’identité tout court ? D’ailleurs, est-ce le rôle de l’école ? Et surtout à un âge sensible ? Les parents et de nombreux professionnels ont répondu que non… 


Et concernant le thème sous-jacent qui fait débat : la soi-disant lutte contre l’homophobie, là c’est le contraire, on entérine des stéréotypes bien lourds, c’est un comble ! (je pense ici à l’invitation en classe d’un auteur prostitué au lieu de personnalités édifiantes - et on crie à l’homophobie sur les parents indignés mais leur réaction aurait été identique en présence d’une prostituée hétéro). 


Personne ne contestera pour autant l’importance des études sur le genre. Même en Occident, le boulot n’est pas terminé. Les stéréotypes à dépoussiérer sont pléthoriques mais n’ont rien à voir avec les naïfs et ridicules exemples proposés dans le cadre des « ABCD ». Sans compter que tout est passé au miroir déformant dénoncé ici :

/blogs.mediapart.fr/blog/alexis-flanagan/030214/etudes-sur-le-genre-par-curiosite-j-ai-lu-une-fiche-abcd-de-l-egalite">http://blogs.mediapart.fr/blog/alexis-flanagan/030214/etudes-sur-le-genre-par-curiosite-j-ai-lu-une-fiche-abcd-de-l-egalite



Fi cette fois de la foire d’empoigne sur le naturel et l’acquis connue déjà à l’époque d’Aristote et qui ne se terminera jamais, l’Education nationale a choisi son camp, (celui du réductionnisme) pour tout le monde, sans frémir un instant ! 


A propos de cette pauvre Mme Belgoul, devenue l’exemple type de la médiocrité intellectuelle à citer dans ce genre d’articles, comme porte-drapeau des « milieux islamistes » etc., si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer. En effet, elle est bien utile pour servir toutes les imprécations envers les opposants au « progressisme ». 

Quant aux « valeurs chrétiennes » de l’auteur, elles semblent induire une réponse contraire très bruyante chez d’autres qui les partagent également, elles ne sont donc pas une caution dans un sens ou dans l’autre.


Et concernant cette fois, les enseignants eux-mêmes, passons aux oubliettes la contestation au sein de la baraque. Entretenons le mythe des « hussards de la république » tous unis et faisant front face à l’adversité. Il est beau le combat contre les arriérés vu depuis TFI ou Libé… 


Les opposants sont en réalité très divers mais une chose est évidente dans le discours ambiant : les pro ABCD (au sens large) ont si peur de l’anormalité en réalité, qu’il faut donc que tout soit normal. C’est le monde à l’envers où l’on finit tous par étouffer quand on oublie que la différence est respectable (n’est pas synonyme d’encenser) ! 


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