Votre
article est très critiquable à plus d’un titre.
Pour
commencer, vous auriez dû définir,
dans le contexte de votre article, le
mot « propriétaire » :
étendue, comparaison ou comparatif, domaine d’application, etc.
En
effet, on a du mal à se positionner
dans une hypothétique discussion sur ce que revêt ce mot dans vos
différentes assertions. Je m’explique (avis personnel très
général, donc, je puis être dans
l’erreur) :
1‒ Le logiciel
est dit « propriétaire » lorsque les données
résultantes ne
sont théoriquement exploitables
que par lui seul et seulement lui (ou ses
clones et affiliés,
si je puis dire).
2‒ Le
format de fichier
qui résulte d’une exploitation logicielle est dit « propriétaire »
lorsqu’il ne peut théoriquement être
décrypté que par un unique logiciel et seulement par ledit
logiciel. Par extension, le format de fichier est dit
« propriétaire » lorsque son exploitation est soumise à
autorisation, laquelle autorisation est souvent
formalisée par une contribution.
3‒
Le logiciel dont l’exploitation n’est
possible que sous astreinte financière (la fameuse licence) est dit
« commercial » ou, plus simplement, « payant »
par opposition à « gratuit ».
4‒
Le format de fichier est
dit « ouvert » lorsque sa définition (la manière dont
sont organisées les données dans le fichier) est accessible à
tous, ce qui suppose que tous les logiciels dans la même catégorie
que le logiciel créateur dudit format puissent aussi lire ce dit
format sans restriction aucune. Le format
de fichier est « fermé » lorsque sa définition n’est
théoriquement connue
que de son propriétaire qui, d’ailleurs, dispose quasiment
exclusivement de l’unique logiciel
capable de l’exploiter.
5‒
Le logiciel est dit « Open-source »
lorsque son exploitation est totalement gratuite et que la définition
de son propre format de fichier est entièrement disponible. De plus,
son code source ‒son secret de
fabrication, si vous préférez‒ est
disponible à titre gracieux et libre de droits (enfin, tout dépend
de la définition du mot « libre », ici). Justement,
dans votre phrase « L’Open
Source, le logiciel libre nous reposent la question
du travail. »
il serait fort intéressant de développer ces aspects
méthodologiques dans l’approche du travail et leurs éventuels
impacts ou, tout au moins, leur influence sur la société tant du
point de vue anthropologique (psychologie, sociologie, pédagogie),
que scientifique (logique, technologie), que conceptuel (cognition,
modèle, théorisation), etc.
Partant
de là, un logiciel « propriétaire » n’est pas
inéluctablement payant comme votre article
semble (involontairement ?) le
suggérer : des
shareware
et certains freeware
sont les exemples les plus éloquents. Un shareware
n’est pas gratuit : il existe des restrictions temporelles
(durée, nombre d’utilisations), des
restrictions spatiales (limitation du nombre de postes, du cadre)
ou des restrictions techniques (des composants ne sont
disponibles que dans la version commerciale) en plus du prix de son
acquisition complète. Le format de fichier d’un logiciel gratuit
peut être « propriétaire » (ce logiciel ou ses affiliés
sont en principe les seuls sachant le lire) : par exemple, bien
que je n’en sois pas sûr, il m’a semblé que certains fichiers
WMV (probablement cryptés avec des DRM) ne seraient lisibles que par
Windows Media Player (qui lui est
gratuit), les fichiers spécifiques de Gimp
ne seraient lisibles que par lui, etc.
Il est même possible ‒je
ne suis pas de cet avis‒ de prétendre qu’il n’existe pas à
proprement parler de format de fichier « propriétaire »
parce que certaines techniques (le reverse-engineering,
en particulier, pour ne pas le citer) permettent d’en déceler
l’organisation : la notion de propriété revêtirait un
caractère strictement privé, donc, secret.
Bref, de l’adjectif
« propriétaire » appliqué à l’informatique, on peut
toujours ergoter...
Ensuite,
il fallait raisonner en termes de notion de brevets
qui exige qu’un éventuel utilisateur doive se soumettre à des
contraintes qu’on trouve difficilement dans le monde du logiciel
libre, c’est-à-dire, toute exploitation, en principe, est
inéluctablement soumise à autorisation qui prend la forme qu’on
veuille bien lui attribuer. Cela aurait permis de mettre en évidence
divers aspects de la politique d’incitation pratiquée par les
grandes entreprises du secteur informatique : je ne reviendrai
pas là-dessus puisque j’en avais parlé dans un de vos articles.
Ainsi, le mot « propriétaire » aurait pris plus de
substance et de consistance dans vos propos, selon moi, et
entraînerait moins de confusion dans sa formulation, sans parler du
fait que le mot « brevet » fait plus intelligent,
intellectuel, scientifique et sérieux. Sans vouloir mettre en doute
vos capacités, monsieur.
Puis,
étant donné le domaine qui me paraîtrait surtout relever de la
science, il me semble plus judicieux, pour donner à l’article une
meilleure crédibilité, de citer plus de sources, bien que cela
n’enlève en rien à la pertinence de vos propos. Votre article
suggère particulièrement une attente en matière de statistiques
factuelles qui semblent faire légèrement défaut (en parlant de
formation, quelle est la part de marché du parc informatique mondial
pour les systèmes d’exploitation Windows ? Plus de 80 % !
cela justifie que la formation soit plutôt orienté produits
Microsoft, non ? CQFD). Cela éviterait de soulever quelque
polémique.
Enfin,
malgré tout, je reste ravi de lire un article qui traite de ce sujet
et je souhaite en lire davantage, mais, en plus circonstancié.
J’en
profite en outre pour souhaiter une plus grande implication de
votre part dans la discussion des commentaires émis par les
lecteurs. Il m’arrive d’avoir l’impression que vous écrivez
juste pour le plaisir d’écrire.