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Commentaire de Onecinikiou

sur Le Front de gauche : l'extrême gauche ?


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Onecinikiou 5 juin 2012 21:19

Maintenant sur l’immigration qui serait un facteur de croissance et/ou de résorption du chômage structurel qui nous frappe, voilà ce qu’en pensait Maurice Allais, seul prix Nobel d’économie français :

« Le chômage est un phénomène très complexe, qui trouve son origine dans différentes causes et dont l’analyse peut se ramener, pour l’essentiel, à celle de cinq facteurs fondamentaux :

1. le chômage chronique induit dans le cadre national, indépendamment du commerce extérieur, par des modalités de protection sociale ;

2. le chômage induit par le libre-échange mondialiste et un système monétaire international générateur de déséquilibres ;

3. le chômage induit par l’immigration extra communautaire ;

4. le chômage technologique ;

5. le chômage conjoncturel.

A partir des chiffres français officiels, (j’)estime ainsi la distribution quantitative de ces cinq composantes du chômage et sous-emploi global pour la France en 1999 : (1)=25%, (2)=50%, (3)=17%, (4)=5%, (5)=3%. »

« La Mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance : l’évidence empirique »

L’immigration joue objectivement contre une revalorisation des salaires, et renforce de surcroît un chômage devenu endémique. La fameuse « armée de réserve » du capitalisme cher à Marx :

http://www.marianne2.fr/Immigration-pou ... 92252.html

Je rajouterai à ces propos le résultat d’une étude de Juillet 2007 sur l’impact de l’immigration sur le chômage dans les pays de l’OCDE. Chômage endémique qui participe d’évidence à la reconfiguration des termes du rapport de force entre le capital et le prolétariat en maîtrisant la pression aux revendications et prétentions salariales. Et pousse donc à une spirale déflationniste de l’ensemble des salaires, exceptés, et c’est notable, les revenus financiers.

Dans cette étude y est exprimé « qu’aucun impact permanent significatif de la part des immigrés dans la population active sur le niveau de chômage parmi les autochtones n’est trouvé, mais une augmentation de cette part accroît temporairement le chômage des autochtones ». Autrement dit et si je comprends bien, puisque cette « part » ne cesse de croître et s’accélère même depuis le tout début des années 2000 (http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.a ... &souspop=4), j’en conclu fort logiquement qu’elle induit de facto une croissance du chômage des autochtones non plus temporaire, mais bien durable !

Autre fait, selon le lien ci-dessus vous vous apercevrez que moins de 10% des titres de séjours sont délivrés au titre de l’immigration économique. Ainsi la majorité se fait au motif du regroupement familial ou assimilé. Ce qui représente, chacun peut le comprendre, une charge net pour les dépenses publiques. D’autre part il y est à noter que le chômage frappe en priorité les immigrés dont le taux est systématiquement supérieur du double de celui des autochtones :

http://www.senat.fr/questions/base/2009 ... 08013.html

Et pour cause ! L’immigration telle que nous la connaissons depuis les années 60 se résume en un afflux massif de travailleurs présentant de très faibles qualifications professionnelles. Tout le contraire des compétences pointues recherchées par notre économie post-industrielle, et cela en parfaite contradiction avec votre propre référentiel idéologique. Ces immigrés peuvent bien servir de « chair à canon » dans le bâtiment, mais depuis que l’effort de reconstruction d’après-guerre s’est achevée, ce secteur ne peut plus absorber autant d’immigrés qu’auparavant. Résultat : pas assez compétitifs pour répondre aux nouvelles exigences d’une nouvelle économie tirée par les hautes technologies, ces immigrés majoritairement sous-qualifiés se sont massivement retrouvés au chômage, et à leur exclusion sociale s’est ajoutée une incompréhension culturelle qui aboutit à l’inquiétant phénomène des banlieues.

Et ce n’est pas tout : comme ces immigrés bénéficient également d’un système de protection sociale que doit financer le pays, la persistance d’un chômage élevé plombe dangereusement les finances publiques, et par conséquent limite le pouvoir d’investissement productif de l’Etat. Immigration inadaptée, chômage massif, exclusion sociale, délinquance urbaine, tentation du communautarisme, autant de phénomènes parfaitement prévisibles qu’une bonne conscience moralisatrice empêche pourtant de reconnaître avec discernement. Par conséquent oui, il existe bien un lien entre immigration et chômage, et entre chômage et compression des salaires des travailleurs les plus faiblement qualifiés, notamment parce que cette immigration concernait surtout des prolétaires peu qualifiés dans les années 70. C’est pour cela d’ailleurs que la politique d’immigration choisie (que voulait instaurer Sarkozy) achève de démontrer que :

1/ son gouvernement, et plus largement la droite financière et libérale qu’il incarne, est doctrinalement et par intérêt croisés avec le grand capital, pro-immigrationiste (mais cela nous le savions déjà),

2/ dans une forme d’aveu remarquable ils promettent de ne plus renouveler les erreurs du passé : seuls les immigrés hautement qualifiés bénéficieront de l’ouverture de nos frontières. Entre parenthèses, cela signifie la spoliation du Tiers-monde de ses richesses humaines, preuve que la générosité n’est pas toujours du côté qu’on croit.

Cette politique aboutira à leur plus grand bénéfice à l’augmentation de la concurrence sur le marché du travail, et l’horizon du plein-emploi s’éloignera en conséquence. Car pour les pro-immigrationistes – dont vous êtes - il semble que l’horizon du plein-emploi soit la hantise absolue à éviter par tous les moyens, puisqu’elle induit une hausse généralisée des salaires. Ce que le patronat redoute plus que tout. Ainsi une immigration régulière permet dès lors de contenir cette sinistre échéance, en maintenant un taux incompressible de nouveaux postulants sur le marché de l’offre d’emploi. Cqfd.

Ce positionnement idéologique se révèle être en réalité le parfait allié des esclavagistes soft post-moderne, et à la source même des dérèglements qui ont précipité une insuffisance structurelle de la demande par un capitalisme à basse pression salariale (mais ces concepts sont pour vous du chinois...). Vous êtes donc, indirectement puisque votre conscience n’en fut même pas effleurée, le héraut des « subprimes » et de la crise de crédit et de solvabilité qui a balayé les classes moyennes en Europe et aux Etats-unis. Chapeau l’artiste ! 


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