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Commentaire de Morgane Lafée

sur Féministes et hommes engagés, sortir de l'androcentrisme et développer l'empathie


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Morgane Lafée 12 août 2011 12:49

@ Daravel :

Le féminisme est un enjeu complexe. Il est simple de trancher sur des questions telles que le droit de vote, le droit à avoir un compte en banque, le droit à travailler, etc., même si c’est pas gagné dans tous les pays à l’heure actuelle (d’autres part, ces questions paraissaient peut-être plus complexes à nos grands-parents). En tout cas en France, on a atteint une certaine égalité de droits. Mais pas une égalité de chances parce qu’il y a encore de nombreuses résistances au niveau des mentalités. Et c’est là où ça se complique : on touche aux modes de vie des femmes, des hommes, des couples, etc. Hommes et femmes sont interdépendants et la moindre idée qu’on avance a un impact en chaîne sur la vie des autres. D’autant plus en ce qui concerne le féminisme puisque ses enjeux touchent à l’intimité des relations hommes-femmes. D’où le malaise de certains, y compris de femmes qui, même si elles profitent des acquis féministes, ne se disent pas féministes de peur d’entâcher leurs rapports avec les hommes.

De plus, les femmes ont cela de particulier qu’elles constituent une catégorie transversale de la société : toutes les cultures, classes sociales, orientations religieuses, etc. sont concernées. Or en fonction de tous ces paramètres, on n’a pas toutes les mêmes aspirations, les mêmes idéaux. C’est pourquoi il y a nécessité que plusieurs groupes féministes co-existent, pour faire avancer le débat. D’ailleurs, si nous sommes toutes sujettes à la discrimination (au travail, dans la famille, etc.) et si nous avons toutes expérimenté dans notre vie une forme, si minime soit-elle, de violence sexuelle, nous n’avons pas toutes été victimes de viol. Idem pour les violences conjugales, même si nous avons toutes été menacées par un homme au moins une fois dans notre vie.
Bref, ce décalage entre les expériences de la vie explique que les féministes n’aient pas toutes le même discours. Par exemple, le mouvement « ni putes ni soumises », qui quoiqu’on en dise demeure un mouvement féministe, est né dans les quartiers défavorisés, à l’inverse d’une philosophe comme Elisabeth Badinther qui évolue clairement dans un milieu bourgeois. Il y a donc un décalage car toutes ne sont pas confrontées aux mêmes réalités et ne sont donc pas excitées par les mêmes questions.

Tout ça pour dire qu’il est logique que certaines vous semblent « extrêmistes » : elles n’ont peut-être pas été confrontées au même vécu que ce que vous avez vu autour de vous. Malgré tout, la présence de groupe extrêmiste est saine dans le sens où elle amène les autres à prendre position et à nuancer le débat.
En tout cas, ceux qu’on appelle les masculinistes ont un mode de pensée extrêmiste dans leur résistance au féminisme.


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