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Commentaire de Sam

sur Alain Soral, nouvelle tête pensante du FN et persona non grata à Sciences Po


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Sam (---.---.180.135) 4 décembre 2006 12:37

Article intéressant, ne serait-ce que parce qu’il ne nous matraque pas Brother and Sister Penséeunique, et met sous le projo un type qui pourfend les clichés, mais sait, mine de rien, jouer de l’image dans ses interviews. Image auquel l’auteur n’est pas resté insensible. Celle d’un intello qui semble avoir des burnes, prêt pour Kierkegaard et le baroud aussi bien, avec sa coupe entre deux avions et son oeil à la Willis. Mais mimesis tout de même.

Beaucoup se demandent, et moi le premier, si Dieudo est perdu pour nous qui admirons, le meilleur humoriste de sa génération, comme le souligne l’auteur, et l’homme du franc-parler comme des combats importants contre le racisme et...Le Pen, il n’y a pas longtemps.

Quant à Soral qui écrit :

l’engagement à la fois raisonnable et révolutionnaire pour agir contre les dégâts de l’ultralibéralisme mondialisé et du communautarisme - communautarisme qui conduit à ce clash des civilisations dont a besoin l’ultralibéralisme américain pour achever sa domination - c’est de s’engager aux côtés de Jean-Marie Le Pen

Je lui dirais que « raisonnable et révolutionnaire » et un oxymore qui est digne de la pensée unique de Sister and Brother.

La révolution n’a jamais été tendre, sauf dans les mains des poètes. Elle n’est pas concertée non plus, ni calculée par les spin-doctors. Et elle n’est ps le fruit d’une machine électorale, comme le souhaiterait Bouddha Huchon, le bien pensant bien nourri.

Elle est le fruit amer de gens qui en ont ras-le-bol d’en prendre plein la gueule pendant que les hauts-parleurs leur chantent des berceuses pour qu’ils continuent à tirer la charrue.

Si elle revient, Dame Révolution, elle aura un sacré retard à rattraper, ça sera violent et légitime.

Faut également rappeler à Soral qu’on peut pas faire le grand écart jusqu’au point de se couper en deux.

Etre marxiste, c’est comprendre le monde en termes de lutte de classes entre les possédés et les possédants. Une dialectique que ne peut pas penser le FN. Je ne vois que les idéologues du GRECE qui aient tenté une synthèse de la droite extrême et du marxisme.

Qui les conduit, comme Soral, à reprendre l’indignation marxiste sans en accepter le socle : la dépossession de la maîtrise des affaires du monde par le prolétariat repose sur l’exploitation. L’exploitation est concrétisée dans la plus-value, le sur-travail qu’on prend sans le payer à l’employé, au salarié qui n’a rien que ses forces et son expérience.

Les profits faramineux se créent, dans ce vol permanent. Une injustice inscrite dans la mécanique du travail capitaliste. Je te paye mais je te paye qu’un quart, un dixième, un centième suivant les pays de ce que tu fais. C’est pas difficile à comprendre et à accepter, surtout quand on est du mauvais côté de la tartine.

La suite c’est le développement inouï des firmes et les capitalisations boursières corrélatives et toutes ces petites mains qui ne visent, de leurs plumes habiles, qu’à déformer, déligitimer en permanence, de Jaurès à Chavez.

Autre point, essentiel, qui indique clairement que Soral a dépassé les bornes. Et vous savez ce qui arrive quand on passe les bornes...Sinon vous appelez en PCV l’oracle Jacques Vabre, je crois qu’il siège en Poitou, toujours en charentaises. Décidément, une pépinière de talents cette région !...

Je disais, un autre point central qui rend la position de Soral impossible, et pour tout dire vraiment suspecte est le suivant.

L’homme, le vrai, dans Marx, le prolétaire est tout à fait l’opposé de celui que fit siffler le Borgne et qu’il rend toujours, aujourd’hui, responsable de la misère en France.

Le prolétaire - ça fait drôle d’employer cette terminologie, tellement on nous à matraqué, via télé, journaux et autres diffuseurs que c’était fini, dépassé, obsolète, ringard et autres qualificatifs bien méprisants, haineux, à la mesure de la fortune spoliée chaque jour par toutes nos « élites » - n’a pas d’ethnie, ni de race, ni de couleur.

Le prolétaire ne va pas dire que son copain, d’outre-Rhin ou Atlantique vient lui piquer le boulot et les allocs. Le prolétaire se dit que la minorité non prolo qui possèdent les entreprises et les pouvoirs institués - je précise pour ceux qui penseraient que les institutions et les textes législatifs représentent les aspirations et la volonté du peuple - sont responsables et coupables des finances sans cesse précaires, comme du reste de cette condition « moderne » que les animaux ne nous envirront plus bientôt, tant les lignes de forces, de plus en plus affirmées, en sont le malheur pour tous et l’opulence pour quelques-uns.

Le Pen institue le combat entre ceux qui sont, de facto, des compagnons, car ils subissent les même patrons,la même infortune, les mêmes petits chefs.

Ce genre de discours et de posture repose chez le chef, si on a observé son parcours et écouté ses propos, sur un racisme latent et une admiration contenue mais permanente pour les thèses élitistes et leurs avatars.

De plus, ce qui est terrible pour Soral et tous ces types égarés, en mal de croyance et de dévouement, c’est qu’ adhérer à ces idées différentialiste, soutient totalement la pensée capitaliste, les valeurs qu’elles veut inculquer à tous prix.

La différence - valable, nécessaire individuellement - est un lieu commun, aujourd’hui, chez bcp de penseurs et d’idéologues. La différence, cette différence que devrait revendiquer et construire l’être social, celui qui d’abord et avant tout citoyen, membre d’une multitude d’hommes égaux en droits et devoirs, membre d’une communauté d’êtres dont le commun est la vivante et quotidienne construction de notre société.

Société qui, en dernière instance, demeure une construction que nous jugeons pertinente pour dépasser la jungle et qui repose sur les liens comme les efforts collectifs.

La différence, elle est ludique, ironique, lègére, moderne, subsersive donc. Il nous la servent réchauffée à toutes les températures, les Boltanski, Bruckner et autres.

Mais dans la réalité que ne fréquentent qu’avec des pinces sur le nez les penseurs de Sciences-Po, le bel Attali magnifie sa différence en clâmant chez ces copains d’échine souple « Je veux faire de ma vie une oeuvre d’art ».

Tandis que M.Lambda refuse de prendre sa carte à la CGT, syndicat « stalinien et ringard », lui a affirmé la télé. Qu’il a crue, parce qu’à force d’écouter on finit par adhérer, d’une part. Et il va en reprendre une dose dans les dents, avec salaire stagnant, minable, quoiqu’en dise l’INSEE, harassement, harcèlement, depression et suicide. Une des premières causes de mort, dont on nous cache évidemment l’ampleur.

Et, faut-il le souligner, parce que « ringard », comme « stalinien » c’est aussi sotto voce, instiller que « collectif », « commun », « ensemble », tout ça, c’est ringard et stalinien.

Mais les sans-voix, sans pognon et sans illusions ne s’y trompent guère. Je crois qu’il y avait bien quelques millions de bouches qui ont repris « Tous ensembles ! », non ?..

Tous ces mots du collectif, oui, c’est bien tous ces mots-là qui sont « staliniens et ringards » dans la pensée pouvoir, dans la pensée du Pouvoir, comme dans celle du FN.

Etrange que le martyr (médiatique..)de Sces-Po ne l’ait pas compris. A moins que. smiley


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