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Commentaire de tjouffli

sur Arguments en faveur de l'historicité des évangiles


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tjouffli tjouffli 20 juillet 2007 11:25

Après la lecture de l’article de M.Mourey, auquel on peut certainement reprocher une écriture indigeste et un ensemble pour le moins « décousu » (le terme était parfaitement choisi), je me suis intéressé à la longue discussion passionnée qui s’en est suivie. N’étant malheureusement pas historien de formation, ni spécialiste de l’exégèse biblique, je ne rentrerai pas dans les querelles linguistiques. Il me semble néanmoins que deux trois petites choses n’ont pas été relevées quant à la finalité de l’article. M. Mourey semble vouloir imposer sa propre grille de lecture aux textes des évangiles : on retrouve souvent la volonté de se distinguer des historiens académiques, de trouver un code (un chiffre ? là voilà donc cette fameuse méthode, l’unique méthode même semble-t’il) là où l’on a un texte mystique et religieux. Que l’on croît ou non, il est dommage de ne restreindre le sens de ces paraboles qu’à un message codé sur d’éventuelles tractations de pouvoir de l’époque et d’ainsi évacuer leur pleine puissance métaphorique. Alors bien sûr, les quatres évangiles viennent se greffer sur un contexte historique, avec probablement une certaine véracité quant à l’existence de tel ou tel personnage, mais travailler cette historicité demande une méthode et une rigueur, un souci d’objectivité et d’ouverture aux arguments contraires que l’on ne retrouve pas dans le propos de M.Mourey. On parle d’ailleurs de quatre évangiles (pourquoi quatre voix plutôt qu’une, si c’est un code ?), mais il en existait un bon paquet d’apocryphes, tous plus ou moins mystiques. Avançons (un peu au hasard, j’avoue) le chiffre d’une vingtaine de textes différents à l’époque : ça fait beaucoup pour un codage d’évènements historiques. Beaucoup de bruit pour rien, et si le corpus du dogme ne fût restreint à quatre qu’au troisième siècle, ce fût un peu tard pour passer des messages. Ces quatre là étaient probablement ceux qui collaient le mieux à la nouvelle religion émergente pour assoir son pouvoir temporel et unifier le discours sous sa coupe (hypothèse fonctionnaliste...) Il faudrait aussi peut être dépasser ce discours : Jesus était un mystique inspiré (par les plantes, le désert, ou que sais-je ?) comme il y en eut beaucoup d’autres. Quelques bonnes idées et du charisme lui servirent de tremplin pour avoir des partisants dont la parole gênait le pouvoir en place. Il fut tué : fin de l’histoire... ou presque. En effet, comme quelques autres mystiques chanceux (le Buddah, Mahomet, etc...), il parvint à la postérité de par une certaine universalité et un humanisme de son discours. En sevremettant dans le contexte de l’époque, il est peu étonnant que leur message, transmis de bouche à oreille au départ, ait gonflé jusqu’à entrer dans le domaine du mythe. Dans une société pleine de mystères naturels, d’une existence difficile, ou le pouvoir religieux est, par essence, très fort, l’imprégnation religieuse des populations forme un terreau fertile pour qu’une nouvelle religion s’y développe... son discours est arrivé au bon moment, et au bon endroit, pour croître et se multiplier (hé hé) Je me suis toujours fait la remarque que nos mystiques ou illuminés contemporains, ceux qui nous font sourire aujourd’hui, auraient été soit brûlés vifs (ou toute autre joyeuseté locale) soit vénérés quelques 2000 ans plus tôt... Alors après, les codes secrets que l’on prétend nous tirer de la Bible, je préfère m’en méfier comme de la peste. On peut noter que ce sont souvent les mêmes qui vous parlent d’arithmétiques savantes au pied des pyramides ou entre les lignes des évangiles, voire au fond des quatrains de notre Nostradamus national. Bref, si ce ne sont les mêmes, du moins la méthode est similaire et plus que grossière. Et ce ne sont pas quelques oripeaux de docte latiniste qui nous tromperont : la rigueur ne s’invente pas, et nul ne peut se prévaloir d’en faire l’économie. De plus, se citer soit même comme référence pour plus de précision est plutôt mal venu (à ce qu’il me semble), dans un média citoyen. Y’aurait-il une volonté de s’auto-promouvoir (historien ?) derrière ceci ? Non, définitivement pas assez de rigueur ici... on est plus proche de la méthode du Da Vinci Code en effet : surimposer un sens à un texte plutôt que tenter de l’aborder suivant ses différents aspects. Heureusement que des internautes , historiens rigoureux, veillent !


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