Je vous ai transmis tout le Discours de Sékou Touré á De Gaule.
Si De Gaule âgé de 68 ans avait compris Sékou Touré âgé de 36 ans et sans expérience politique par rapport á De Gaule, ce débat sur l´immigration africaine aujourd´hui en France n´aurait pas lieu.
Sékou Touré dit dans son Discours que chaque peuple veut être libre et coopérer librement avec les autres. Ces autres comme la France compte tenues des Relations nouées, appuyant l´Afrique sur ses choix librement développés. Saurait été le cas, il y aurait du travail pour les africains en Afrique pour construire leurs pays, pour la France les entreprises francaises tournant á pleins pendant des siècles pour le développement de l´Afrique, c´est chacun des partenaires qui en profiterait, hélas, De Gaule en bon colon qu´il fut, ne le compris pas, il voyait á court terme, voilá que ce court terme qui rattrappe la France aujourd´hui á savoir, une immigration africaine á flot en France et la France en recession économique interminable et un chômage insupportable.
Je rappelle souvent que la vie de l’homme va de zéro à cent alors que çelle de nos peuples est éternelle.
Nous sommes quant à nous Africains de Guinée, sûrs que notre courage et notre loyauté, notre communion d’action créatrice de biens, et notre amour de la Justice et du Progrès sauront conduire, à travers le temps, notre future Communauté avec toujours plus de Puissance, et dans la Prospérité et la Liberté.
Pour résumer la position guinéenne vis-à-vis du projet de Constitution qui fera l’objet du Référendum du 28 septembre, nous affirmons qu’elle ne sera favorable qu’à condition que la Constitution proclame :
Le Droit à l’indépendance et à l’égalité juridique des peuples associés, droit qui équivaut à la liberté pour ces peuples de se doter d’institutions de leur choix et d’exercer dans l’étendue de leurs Etats et au niveau de leur ensemble, leur pouvoir d’autodétermination et d’autogestion ;
Le Droit de divorce sans lequel le mariage franco-africain pourra être considéré, dans le temps comme une construction arbitraire imposée aux générations montantes ;
La Solidarité agissante des peuples et des Etats associés afin d’accélérer et d’harmoniser leur évolution.
Dans l’intérêt bien compris des peuples d’Outre-Mer et de la France, nous osons penser, Monsieur le Président, que votre Gouvernement saura proposer au Référendum un projet de Constitution tenant compte, non pas des conceptions juridiques basées sur un régime impopulaire, mais seulement des exigences exprimées par des peuples mûrs, tous solidairement et fermement décidés de se construire un Destin de liberté, de Dignité et de Solidarité fraternelle pour la Communauté Multinationale que sera l’Association de nos Etats, pour l’Unité et l’Emancipation de l’Afrique :
Le projet de Constitution ne doit pas s’enfermer dans la logique du
régime colonial qui a fait juridiquement de nous des citoyens français,
et de nos Territoires, une partie intégrante de la République Française
Une et Indivisible. Nous sommes Africains et nos Territoires ne
sauraient être une partie de la France.
Nous serons citoyens de
nos Etats africains, membres de la Communauté Franco-Africaine. En
effet, la République Française, dans l’Association Franco-Africaine,
sera un élément tout comme les Etats Africains seront également des
éléments constitutifs de cette grande Communauté Multinationale composée
d’ Etats Libres et Egaux.
Dans cette Association avec la France,
nous viendrons en peuples libres et fiers de leur Personnalité et de
leur Originalité, en peuples conscients de leur apport au patrimoine
commun, enfin en Peuples Souverains participant par conséquent à la
discussion et à la détermination de tout ce qui, directement ou
indirectement, doit conditionner leur existence.
La qualité ou
plutôt la nouvelle nature des rapports entre la France et ses anciennes
colonies devra être déterminée sans paternalisme et sans duperie.
En
disant NON de manière catégorique à tout aménagement du régime coloniaI
et à tout esprit paternaliste, nous entendons ainsi sauver dans le
temps et dans l’espace les engagements qui seront conclus par la
nouvelle Communauté Franco-Africaine.
En dehors de tout sentiment
de révolte, nous sommes des participants résolus et conscients à une
évolution politique en Afrique Noire, condition essentielle à la
reconversion de tout l’acquis colonial vers et pour les populations
africaines. Le nom de notre Association nous importe peu, ce qui importe
sera le contenu de notre Association, la somme des possibilités
nouvelles d’évolution qu’elle offrira aux Territoires Africains
actuellement engagés dans le grand mouvement d’émancipation qui exige la
disparition totale du phénomène colonial et l’établissement d’une ère
de liberté vraie, d’égalité et de fraternité agissante.
Monsieur le Président, nous savons que vous vous êtes donné pour mission de sauver l’Unité de la Nation Française.
Cette
noble ambition, l’effort qu’elle suppose seront à la mesure de votre
pouvoir si elle comprend et sait respecter également les points de
sensibilisation de l’action des peuples associés à la Nation Française.
En
effet, les Territoires actuels d’AOF et d’AEF ne doivent pas être des
entités définitives. L’immense majorité des populations intéressées veut
substituer aux actuelles entités AOF-Togo et AEF deux Etats puissants
fraternellement unis à la France.
Des considérations humaines et
sociales autant qu’économiques et politiques plaident en faveur de la
constitution de ces Etats qui seront dotés de Parlements et de
Gouvernements démocratiques.
Ces grandes perspectives qui vont
pouvoir accélérer l’histoire de nos pays, en leur permettant de
transcender les particularismes et les égoïsmes ou plutôt leurs
contradictions internes, demeurent pour notre génération la voie la plus
s&ucir;re, la plus directe qui aboutit à la Paix et au Bonheur.
Ces
mêmes perspectives, positives pour les Territoires d’Outre-Mer et pour
la Grandeur de la France dans le monde, exigeront de nous, Africains,
Malgaches et Français, des efforts pIus grands, à la fois plus nobles et
plus exaltants que ne l’aurait exigé la solution destructive d’une
séparation.
Qui ne sait aujourd’hui que les drames douloureux enregistrés dans
l’histoire coloniale française en Indochine et en Afrique du Nord sont
interprétés aussi différemment selon que l’on donne la suprématie à
l’économie, ou que le Droit à l’indépendance, le respect de la Dignité
des peuples sont considérés comme les bases les plus solides de toute
association de peuples différents ! Aujourd’hui, en raison de
l’évolution de la situation internationale et surtout du giganteque
progrès du mouvement de décolonisation dans les pays dépendants, nous
pouvons affirmer que la Force Militaire dirigée contre la Liberté d’un
pays ne peut plus garantir ni le prestige, ni les intérêts d’une
Métropole. Le rayonnement de la France, la garantie et le développement
de ses intérêts en Afrique ne sauraient désormais résulter que de
l’association libre des pays d’Outre-Mer.
L’action économique et
culturelle de la France demeure encore indispensable à l’évolution
harmonieuse et rapide des Territoires d’Outre-Mer. C’est en fonction de
ces leçons du passé et des impératifs de cette évolution nécessaire, de
ce progès général irréversible déjà accompli, de la ferme Volonté des
peuples d’Outre-Mer à accéder à la totale Dignité Nationale excluant
définitivement toutes les séquelles de l’ancien régime colonial, que
nous ne cessons, dans le cadre d’une Communauté Franco-Africaine
égalitaire et juste, de proclamer la reconnaissance mutuelle et
l’exercice effectif du Droit à l’indépendance des peuples d’Outre-Mer.
Certains attributs de Souveraineté qui seront exercés au niveau de cette Communauté devront se résumer en quatre domaines :
Défense
Relations diplomatiques
Monnaie
Enseignement supérieur
Un pays qui exclut toute interdépendance dispose de quatre Pouvoirs essentiels :
La Défense
La Monnaie
Les Relations extérieures et la Diplomatie
La Justice et la Législation
Nous
acceptons volontairement certains abandons de Souveraineté au profit
d’un ensemble plus vaste parce que nous espérons que la confiance placée
dans le Peuple Français et notre participation effective au double
échelon législatif et exécutif de cet Ensemble sont autant de garantie
et de sécurité pour nos intérêts moraux et matériels.
Nous ne
renonçons pas et ne renoncerons jamais à notre droit légitime et naturel
à l’indépendance car, à l’échelon franco-africain nous entendons
exercer souverainement ce droit. Nous ne confondons pas non plus la
jouissance de ce droit à l’indépendance avec la sécession d’avec la
France, à laquelle nous entendons rester liés et collaborer à
l’épanouissement de nos richesses communes.