Quand j’habitais dans le 04, tous les soirs, à travers le mur mitoyen pourtant épais qui séparait nos deux habitations, on pouvait entendre nos voisins (les amis de Marcel Scipion) parler entre eux pendant une bonne vingtaine de minutes sans pouvoir comprendre ce qu’ils disaient… Un beau jour, ma compagne a fini par demander à notre voisine de quoi il s’agissait… À tour de rôle, une fois couchés, le père, la mère et leur fils (qui devait avoir dans les 55 ans à l’époque, jamais marié…) lisaient à voix haute quelques pages d’un livre de Giono…
Alors voyez-vous, c’est auprès de ces gens d’apparence très fruste que j’ai commencé à percevoir à la fois la teneur et la densité de leur connaissance et de leur culture (ces lectures du soir sont à mettre en relation avec la tradition des oralies et du Félibrige) et la profondeur insondable de mon ignorance…
Du coup, devant Marcel Scipion, je ne m’autorisais guère qu’à poser des questions …
Dans le même genre, je me rappelle avoir lu, au sujet des guépards, que leur rareté actuelle, associée au développement de l’Afrique et au morcellement de leur territoire ainsi qu’à l’impossibilité de franchir certaines zones urbanisées pour trouver des partenaires avec qui s’accoupler, ne leur permettait plus de ce reproduire, sinon entre individus consanguins prisonniers d’un même territoire. Les guépards, isolés eux aussi d’une large population panmictique, souffrent donc aussi d’une forme d’appauvrissement génétique que l’on essaye de combattre par l’introduction de jeunes guépards nés dans les zoos de part le monde.