• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu », quelle panouille, par (...)

« Astérix et Obélix : l’Empire du Milieu », quelle panouille, par Toutatis !

Dix ans après Au service de Sa Majesté (2012), sans oublier les trois opus précédents (1999, 2002 et 2008),les irréductibles Gaulois, Gilets jaunes d'antan ?, nous reviennent au cinéma (©photos V. De.), via Guillaume Canet à la réalisation tout en s’octroyant le rôle du petit Gaulois futé, teigneux et moustachu Astérix, dans "L'Empire du Milieu" (2023), sans oublier son gros copain Obélix, amateur de sangliers, candide sans être stupide, ici campé par un Gilles Lellouche plutôt inspiré ces derniers temps (cf. le récent Fumer fait tousser), donnant bien au personnage en costume à rayures blanches et bleues sa tendresse enfantine d'origine, avec certainement en souvenir le seul (bon) conseil que lui avait donné Gérard Depardieu, qui avait décliné l'offre de rejouer au cinoche une énième fois l'amoureux naïf, ravi de la crèche et livreur de menhirs, pour l'interpréter : « Obélix, il a des pâquerettes dans les yeux ».

JPEG - 41 ko
Obélix et Astérix dans « L’Empire du Milieu », 2023

Que dire d'une telle production estimée à 65 millions d'euros (ça fait combien en sesterces ?), via Pathé Distribution, Seydoux et compagnie, comme étant là pour sauver le cinéma français ? Eh bien, disons que malgré son succès... relatif (plus de 3 millions d'entrées à ce jour) et à la vue d'un tout qui ne fait jamais vraiment mouche (l'ensemble est, avouons-le, globalement médiocre, du 1,5 sur 5 pour moi), c'est peu rassurant pour la bonne santé du cinéma hexagonal ! Qui, à mon humble avis, est loin d'être sorti de l'auberge si l'on doit uniquement s'appuyer sur cette production pharaonique de qualité moindre pour s'en sortir et faire revenir massivement, comme espéré, le public au cinéma suite à la pandémie de Covid-19 qui, on le sait, a entrainé pendant plus de deux ans, et même après, une désaffection des salles obscures au profit des plateformes de streaming et des séries télé à regarder tranquillement chez soi. En outre, et sans crier au génie non plus, si les Américains ont dernièrement pu compter sur le solide, malgré un certain nombre de faiblesses, Avatar 2 du cinéaste-tycoon ambitieux James Cameron pour sortir - le blockbuster doit aussi marcher en Chine, encore elle !, pour amortir son coup et faire des bénéfices - le cinéma US du pétrin en donnant envie aux gens de revenir en salles voir des films, nous, ouille, et même trois fois ouille, on repose visiblement sur cet Astérix & Obélix de petit acabit, guère inspiré et inspirant, pour redonner du souffle et des couleurs au monde du cinéma français et par la même occasion provoquer chez/en nous l'envie du cinéma en salles (il y a une baisse de l’intérêt pour le cinéma et une perte peu à peu, les sociologues et les Cahiers du cinéma l’ont notamment constaté mais le simple quidam peut aussi en faire l’expérience tous les jours notamment chez les plus jeunes, de la cinéphile dans la sphère culturelle collective depuis un certain nombre d’années). Bref, si Avatar 2 : La voie de l'eau du démiurge Cameron, ex-cinéaste de l’insubmersible Titanic (1997) de nouveau en salle ces derniers temps via une version remasterisée pour un visionnage en 3D, est bel et bien un film de cinéma, donnant avec Pandora, au fond notre planète bleue avant sa longue décrépitude, de la voix pour y croire encore - le cinéma ne vit pas encore son dernier souffle ! - via quelques visions inédites hypnotiques et immersives façon boîte de Pandore aquatique, on ne peut pas dire que cet Empire du Milieu présente le moindre intérêt cinématographique, ou alors si peu. Autrement dit : aussitôt vu, aussitôt oublié, me semble-t-il.

Alors, d'aucuns nous rétorqueront que ça plaît aux enfants, ce serait donc l’essentiel (on rigole bien), et que c'est à voir en famille. Certes et pourquoi pas. Mais l'idéal n'est-il pas de séduire à la fois petits ET grands en jouant habilement sur tous les tableaux, en misant de ce fait non seulement sur la nostalgie des plus âgés pour revivre leur madeleine proustienne (façon plongeon dans un vieil album BD culte aux pages racornies et jaunies de la saga Astérix), mais également sur les clins d'œil à la culture pop contemporaine afin de séduire au passage les plus jeunes comme savent le faire si bien les productions Pixar, revoir la saga Toy Story pour s'en convaincre, ou encore Alain Chabat avec son mémorable (c'est encore le meilleur à ce jour) Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre avec ses 14,5 millions d’entrées ?

Sérieusement, que dire de cet Empire du milieu qui, décidément, porte bien son nom ? Il est très moyen, si ce n’est au bord du carrément mauvais. Pour en rester à une version avec des acteurs en chair et en os, le Canet est moins pire que celui des Jeux olympiques, de triste mémoire (2008, signé Thomas Langmann et Frédéric Forestier, la palme du pire !), mais il est en dessous du pourtant pas top Astérix et Obélix contre César (1999) du vétéran Claude Zidi, puis nettement moins bien que la formule plutôt agréable parce que malicieuse, ironique et élégante de l’honnête artisan Laurent Tirard Au Service de Sa Majesté en Bretagne avec la reine Deneuve (2012), et last but not least franchement à des années-lumière de celui signé Chabat (2002), qui avait su concocter un alliage des plus réussis entre l’humour potache des Nuls à l’esprit Canal Plus des années 1980/90 et la tournure d’esprit espiègle, déjà bourrée de références en tous genres, d’Uderzo & Goscinny, comme s’il avait réussi à devenir en quelque sorte leur enfant spirituel. Au passage, en ce qui concerne non pas un tournage en prises de vue réelle mais un film d’animation, on n’oubliera pas les enlevés, aux images plutôt jolies car soignées, longs métrages, on en compte deux jusqu’à présent, d’Alexandre Astier co-réalisés avec Louis Clichy, Astérix : le Domaine des dieux (2014) et Astérix : Le Secret de la potion magique (2018), parvenant à fusionner son humour décalé anachronique à l’œuvre dans sa série télé historiciste Kaamelott (2005-2009), ou encore dans son trop méconnu Les Aventures de Philibert, capitaine puceau (2011), parodiant joyeusement les films de cape et d’épées via tout un sous-texte homosexuel amusant, avec l’esprit gaguesque ô combien désopilant estampillé Uderzo et Goscinny. Entre nous, au vu de la médiocrité du dernier album BD de la saga Astérix, Le Griffon (par Conrad et Ferri) sorti à l’automne 2021, certes le graphisme rond d’Uderzo aux pleins et déliés séducteurs s’y trouve toujours, du genre Canada Dry, mais l’histoire est d’un plan-plan et les gags des plus poussifs, ne serait-il pas bon, une bonne fois pour toutes, de tourner la page, à savoir de laisser quelque peu ou définitivement reposer sans sacrifier au sacro-saint dieu Argent, tant en termes de cinéma que de bande dessinée, le filon Astérix pour en revenir, et s’en contenter (après tout, on fait cela avec Tintin depuis belle lurette en ne s’en portant pas plus mal), aux fondamentaux ? À savoir focaliser exclusivement sur ce que cette saga patrimoniale (c’est un fleuron de la BD franco-belge) a de meilleur : les 24 albums signés conjointement par Uderzo (dessin) et Goscinny (scénario), entre 1961 (Astérix, le Gaulois) et 1979 (Astérix chez les Belges). Avec parfois, mais si peu, quelques sursauts par la suite sans le chef d’orchestre de génie qu’était René Goscinny (1926-1977) aux grandes manœuvres, on peut à la rigueur, à mes yeux, et si l'on est gentils, sauver Le Grand Fossé (1980), Astérix chez Rahàzade (1987) ou encore Astérix et le Transitalique (2017) : c’est maigre tout de même comme bilan sur les 37 albums de cette série BD culte publiés à ce jour, aux airs de franchise calibrée pour le cinéma.

On le sait bien, pour cette création toute française, en termes de créativité et d’authenticité, sa disneylandisation, ou exploitation à l’américaine (et encore sans parler du parc d’attraction portant son nom !), n’est pas forcément une bonne chose ; la magie n’opère plus depuis un moment, la source de la potion s’est comme tarie - c’est le moins qu’on puisse dire. Je dis ça un peu à la décharge de Guillaume Canet car, d’une part, je ne souhaite pas ici faire du « Canet Bashing  » largement présent ailleurs (si le réalisateur qu'il est ne m’a jamais vraiment convaincu sauf lorsqu’il se risque à se moquer ouvertement du jeunisme qui travaille le milieu du cinéma et sa propre personne, ex-jeune premier, dans son foutraque Rock’n’roll (2017) où il joue son propre rôle façon mise en abyme, l’acteur a pu parfois me séduire dans des fictions prenantes comme Jappeloup, 2013, où transparaît son amour bien connu des chevaux, le polar poisseux sur un psychopathe glaçant La prochaine fois je viserai le cœur, 2014, et Doubles Vies, 2019) et, d’autre part, ce réalisateur-acteur est, dans les faits, loin d’être le seul à avoir bien du mal à se dépatouiller, afin d’en tirer la substantifique moelle accompagnée de sa bonne vieille cervoise du temps de Lutèce, avec la saga Astérix qui, au fond, avec son débrouillard Astérix secondé par son fidèle acolyte, le débonnaire Obélix fou amoureux de Falbala, affublé de son petit animal de compagnie épris des arbres, Idéfix, n’est pas, et ce contrairement à ce qu’on pourrait penser de prime abord, si cinématographique que cela. Eh oui, comme le disait, René Goscinny en 1967 : « Il n’y a pas vraiment de suspense dans mes histoires. La trame n’est qu’un prétexte pour faire des gags. » Aussi, il ne suffit pas d’enchaîner les gags en multipliant les décors pour créer du rythme et faire cinéma, l’art de la BD est bien plus subtil que ça, avec son autonomie propre et son langage (case, planche et onomatopée) à lui ! D’où d’ailleurs sa difficulté à être transposé de manière réussie au cinéma, ce qui est rarement le cas, sauf si c’est un bédéiste qui s’en charge directement comme Riad Sattouf avec ses réjouissants Beaux gosses en 2009.

JPEG - 31.5 ko
L’amitié, entre conflits et retrouvailles, dans « L’Empire du Milieu »

Et pour les acteurs, ce n’est pas facile de jouer BD sans tomber rapidement dans le grotesque, ou la caricature ambulante embarrassante. Question casting, le petit chien (un terrier blanc aux oreilles et queue maquillées de noir), superbement dressé dans le Canet, est celui qui joue le mieux, assurément ! Il fait en quelque sorte, avec sa silhouette racée, très BD. Alors que l’acteur-star, lui, dans le rôle d’Astérix, orné d’une coiffure improbable comme s’il sortait tout droit d’un match de foot vintage voire du nanar Vercingétorix : la légende du druide roi (2001) de Jacques Dorfmann, au comique involontaire (au douzième degré, ce film-pudding est savoureux !) et avec l’inénarrable Christophe Lambert en jeune chef de tribu aux postiches des plus variés là-dedans, peine vraiment à convaincre : il joue constamment en mode crispé, affichant en permanence un rictus figé au coin des lèvres, comme relevant d’une constipation chronique (en même temps, avoir sur le dos une production si lourde peut tendre en effet !). Même si, toujours question coiffe, c'est très bon les petites ailes du casque d'Astérix qui frémissent lorsqu'il en pince pour une jolie fille.

Bon, reposant sur un script original, créé pour l’occasion (ce qui est louable dans le genre petite prise de risque, ce n’est pas l’adaptation d’un album existant, quoi), que raconte donc L’Empire du Milieu ? Calé comme il se doit entre la fameuse phrase introductive plantant le décor (« Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste à l'envahisseur. Et la vie n'est pas facile pour les garnisons de légionnaires romains des camps retranchés de Babaorum, Aquarium, Laudanum et Petibonum... », dixit Gérard Darmon, transfuge du Chabat, en voix off) et son banquet final de sangliers accompagné par le désespérant barde Assurancetourix chantant faux comme… Philippe Katerine, le récit, plutôt confus, narre les tribulations, se voulant rocambolesques, de l’Impératrice de Chine, emprisonnée suite à un coup d’Etat fomenté par le prince félon Deng Tsin Quin. Aidée par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, fuit en Gaule pour demander de l’aide aux valeureux Astérix et Obélix, dotés paraît-il d’une force surhumaine grâce à leur mystérieuse potion magique et dont la réputation est connue jusqu’à Shanghai. Nos deux lascars gaulois acceptent le deal afin de sauver la mère de la jolie princesse aux yeux perçants et de libérer le pays du Géant qui sommeille mais c’était sans compter, au sein de leur périple mouvementé en territoire chinois, sur l’empereur romain Jules César, toujours avide de victoires, qui, avec sa redoutable armée, convoite manifestement l’Empire du Milieu tout en n’ayant d’yeux que pour la caractérielle Cléopâtre, reine d’Égypte.

JPEG - 39.5 ko
La Gaule et la Chine réunies dans « L’Empire du Milieu »

Franchement, l’histoire n’est pas terrible, l’arc narratif est faiblard et nombre de blagues jouant sur le regard amusé sur autrui (ici, les Chinois), avec par exemple cette réplique balourde « Vous êtes cernés… et bridés » (c’est drôle ?), ressemblant à un revival Michel Leeb quelque peu gênant, style humour à là papa, tombent singulièrement à l’eau. Tout est au rendez-vous pourtant : un casting de vedettes et de guest stars (de Guillaume Canet donc à Marion Cotillard, jouant une Cléopâtre en mode hystérique au rire et au jeu difficilement supportables (campant également une certaine Bibine à la gouaille d’Arletty, imitant vainement la Zézette du Père Noël est une ordure, on l’a vue nettement meilleure ailleurs, chez James Gray ou Jacques Audiard par exemple), en passant par Vincent Cassel en César mégalo (qui fait le job, sans plus), Gilles Lellouche, Jonathan Cohen en Graindemaïs blond fouineur lassant, Pierre Richard, Orelsan, Manu Payet, José Garcia, la chanteuse belge Angèle, Jérôme Commandeur, Thomas VDB, Audrey Lamy, le footballeur charismatique suédois Zlatan Ibrahimović, ex-star du PSG, multipliant les coups de tatane en centurion admiré survolté, nommé Antivirus, Ramzy Bedia, semblant ici un peu en souffrance sans son acolyte Éric Judor pour lui donner le change, Big Flo et Oli et autres McFly & Carlito), un budget astronomique, le village haut en couleur des irréductibles Gaulois, le bateau pirate coulé, les gags en série combinés souvent aux anachronismes (comme les Louboutix vendus par Épidemaïs/Ramzy), le choc des cultures (ici la Gaule face à l’Asie, tout en lorgnant du côté de la Rome antique et de l’Égypte ancienne : trois continents arpentés), les punchlines accrocheuses (« Il est pas frais mon poisson ? » du poissonnier du village, Ordrafabétix), les soldats romains qui voltigent, en mode siège éjectable, le banquet final festif avec les sangliers rôtis en veux-tu en voilà ainsi que les personnages récurrents cultes autour du duo formé par le petit guerrier moustachu Astérix et son gros copain au cœur tendre Obélix (la belle Falbala, le chef débonnaire du village Abraracourcix, le druide foufou Panoramix, le barde à la voix de fausset urticant Assurancetourix…). Mais, pendant et à l’arrivée, la sauce ne prend pas vraiment ou si peu, c'est grosso modo morne plaine, le pire étant certainement le recours à des effets spéciaux souvent hideux, comme sortis d’un Visiteurs au rabais. C’est dommage car il y a tout de même quelques bonnes choses dedans, tels deux ou trois personnages secondaires de qualité (Philippe Katerine en barde carrément à l’Ouest assure bien et José Garcia dans son rôle de scribe homosexuel amouraché d’un César faussement tout-puissant, un certain Biopix doté d’un accent brésilien !, est très drôle. À tel point que j’aurais aimé voir ce personnage bien plus présent). Puis, il y a dedans un bel éloge de l’amitié s’accompagnant d’un humour potache qui attendrit, comme cette scène en nocturne au coin du feu lorsque nos chers Gaulois se souhaitent maintes fois « Bonne nuit » les petits façon buddy movie (film de potes n'ayant pas grandi) sans parvenir à trouver le sommeil tout en tapant sur les nerfs de leurs protégées chinoises.

JPEG - 31.6 ko
Zlatan Ibrahimović est Antivirus dans « Astérix & Obélix : L’Empire du Milieu »

Au fond, le tout manque de panache et de folie, c'est regrettable car il semble que c'est seulement à la fin que Canet se lâche, avec par exemple un Philippe Katerine en roue libre auprès du chanteur multi-instrumentiste M, alias Remix, en joignant à son générique final avec feu d’artifice un bêtisier bienvenu, certes attendu (c'est monnaie courante pour les comédies), plutôt marrant. C'est plus aéré, moins cadenassé, davantage marabout d’ficelle, du coup l'on s'y marre un peu plus, juste un peu hein, c'est pas l'éclate non plus ! Avant, on a l'impression que Guillaume Canet a voulu à tout prix répondre à la commande ainsi qu'au cahier des charges (les supposées attentes avec une telle franchise labellisée Uderzo & Goscinny et estampillées les éditons Albert René et Hachette), sans se permettre le moindre grain de folie ou sortie de route : tout ce petit monde réuni, parce que manque de surprises patent, semble s’y ennuyer ferme, à deux ou trois exceptions près, traçant la route en pilote automatique.

JPEG - 36 ko
Il était une fois Jules César (Vincent Cassel), « L’Empire du Milieu »

Dernière chose, et non des moindres, et j’avoue que c’est là que j’ai complètement décroché : passe encore que Guillaume Canet, en passionné du septième art, fasse un film gigogne se jouant de la réunion de genres hétéroclites, du dessin animé au péplum en passant par le western et le film d’arts martiaux à la Tigre et Dragon façon Ang Lee ou Tsui Hark - après tout, ce champ référentiel varié est très proche de l’esprit d’escalier de Goscinny et Uderzo aimant souvent puiser dans l’histoire du cinéma pour alimenter leurs planches très vivantes (leur album irrésistible Astérix et Cléopâtre sorti en 1965, est lancé, y compris ironiquement en termes de budget sur sa couve mythique, comme une grosse production historique à l'instar du légendaire Cléopâtre (1963) de Mankiewicz avec Liz Taylor et Richard Burton resté dans les annales pour son coût exorbitant, sa production chaotique et sa pléthore de figurants). Mais, lorsque par deux fois, certainement pour donner du souffle à un récit se voulant picaresque, néanmoins in fine ne décollant jamais, il reprend les compositions puissamment lyriques d’Ennio Morricone accompagnant les chefs-d’œuvre cinématographiques de son complice, le maestro Sergio Leone, un coup c’est Il était une fois en Amérique (1984) explicitement cité rejouant ici, avec César en quête de paradis artificiel aux côtés de son félon chinois, la fumerie d’opium de la fin avec le sourire énigmatique de Noodles /De Niro cadré en plongée, un autre coup c’est le morceau génial The Ecstasy of Gold, souvent samplé, portant l’inoubliable séquence du cimetière avec un Tuco déchaîné du Bon, la Brute et le Truand (1966), pour illustrer platement, à l’écran, les champs de bataille alambiqués déployés opposant Romains et Chinois, on n’a alors, lassé, qu’une envie : en dehors du clin d’œil par trop appuyé, retourner fissa, et pour une énième fois, sur la planète Leone, cinéaste majeur (1929-1989) trop tôt disparu, ou chez un épigone digne de lui (un certain Tarantino…), afin de retrouver à l’œuvre sa trivialité majestueuse, mille coudées au-dessus, question mythologie, de ce faiblard, cinématographiquement parlant, Empire du milieu, davantage... en pire que milieu, malheureusement, si l’on s’exerce ainsi, et l’on y est naturellement conduit par le biais de la citation musicale, au jeu de la comparaison.

Astérix et Obélix : L’Empire du milieu, comédie française de Guillaume Canet (2023, 1h51) avec G. Canet, Gilles Lellouche, Vincent Cassel, Jonathan Cohen, Marion Cotillard, José Garcia, Manu Payet. En salle depuis le 1er février.

JPEG


Moyenne des avis sur cet article :  1.85/5   (20 votes)




Réagissez à l'article

14 réactions à cet article    


  • Gégène Gégène 16 février 2023 10:06

    Justement, à propos de Cléopâtre 1963, j’ai voulu le voir hier soir, j’ai calé au bout d’une heure (sur 4 heures) . . .


    • adeline 16 février 2023 11:28

      Ils n’auront ni mes yeux ni mes oreilles ni mes sous


      • Gégène Gégène 16 février 2023 12:11

        @adeline

        pour les sous, il faut savoir que le cinéma français est grassement subventionné pour des daubes comme ça . . .
        les subventions viennent de nos impôts, et pour ceux qui s’en croient à l’abri ne payant pas d’impots directs, il y a les taxes, comme la TVA !


      • Christophe CH Christophe CH 16 février 2023 21:06

        @Gégène

        Faux, nos impôts ne subventionnent pas le cinéma français. C’est une quote part de la somme des tickets de cinéma vendus en France qui le finance en très grande partie.


      • Gégène Gégène 17 février 2023 07:28

        @Christophe CH

        ça c’est ben vrai, le crédit d’impôt n’a aucun rapport avec l’impôt smiley


      • velosolex velosolex 17 février 2023 11:52

        @Christophe CH
        L’avance sur recettes est un pari que l’état fait, en avançant le budget parfois démentiel d’une production, gonfflée par les cachets aberrants des acteurs. Je me demande par exemple celui des principaux acteurs, dans cette production niaiseuse, qui arrose le cinema français en bande organisée. 
        Mais si le nombre d’entrées visé n’est pas atteint, c’est bien l’état qui est de sa poche....
        Le film a fait parlé de lui au niveau critique. Des milliers de commentaires sur allociné favorables au film ont été artifciellement crée pour l’occasion. Celui que j’ai laissé m’a été retourné comme non conforme à la charte......Obelix devient une vache sacrée en France. Un empire de la bétise et de la beauferie. 
        Il faudra que ce ballon de baudruche explose. Il révèle comment la médiocrité est en train de véroler totalement le cinema Français, qui n’est plus que l’ombre de lui même. Nous sommes depuis des lustres dans des scénarios nuls, complaisant avec le pouvoir en place qui nourrit ses acteurs, grotestques egos infatués d’eux mêmes, et se reproduisant entre eux, pour se donner des prix de façon incestueuse. 
        J’ai vu deux films français cette année. « C’est formidablle » de clovis Cornillac, une horreur, et si je ne suis pas sorti avant la fin, c’est que j’ai réussi à m’endormie. Celui de Dupieu « incroyable mais vrai » valait par contre le détour. Sinon, que de chefs d’oeuvre chez les anglais « vivre », ou « les banshees », les coréens ou les américains...


      • spiritwalker spiritwalker 18 février 2023 15:35

        @velosolex , d’accord avec vous , comme quoi , tout dépend du recul sur un sujet donné finalement .


      • Gilbert Gosseyn Gilbert Gosseyn 16 février 2023 14:45

        3259 mots pour un film que vous notez 1,5 sur 5, je m’attends à un roman pour ceux que vous aimez.

        Mon intérêt pour cette industrie du divertissement étant par ailleurs limité par ma narcolepsie (surtout à partir de 22H) liée à mon dégoût à me faire « propagander » (surtout si c’est moi qui paye), je n’ai su dépasser les 2 premiers chapitres.


        • Vincent Delaury Vincent Delaury 16 février 2023 18:46

          @Gilbert Gosseyn « 3259 mots pour un film que vous notez 1,5 sur 5, je m’attends à un roman pour ceux que vous aimez. »

          Pas faux ! smiley


        • velosolex velosolex 17 février 2023 12:11

          @Vincent Delaury
          Vous êtez généreux.
          0,5 me parait plus logique, pour ne pas dire 0. Malgré la potion magique de la pub, cette beauferie nous replonge dans les pires production exagonales en série.
          La France fait des cartons dans l’industrie du luxe, et de la culture beauf. Il faut tout de même une bonne dose de mépris du vulgaire, pour promotionner de telles beauferies.
          Tous les copains sont autour du festin, à millions de dollars, question people. Ne manque de Depardieu, retenu en Russie,et qui est surement apparu comme commercialement dangereux, du fait de son entregent avec le camarade Poutine,, son pôte. Gérard a t’il pensé un moment le promotionner comme un Astérix acceptable ? Imaginez l’effet Vladimir avec un casque ailé sur la tête. !..Pas mal de Falbala possibles chez les Russes et les ukrainiennes
          On a eu la série des « charlots » dans les années 70, du même niveau. Celle des « gendarmes de saint tropez » apparait à coté un véritable chez d’oeuvre de cinephile. Comme quoi il faut vraiment être parfois au fond du trou, pour relativiser les expériences extérieures. Mais pour que l’empire du milieu nous fasse penser au caviar, il faudra que nous soyons tombé bien bas dans l’infortune. 

          Encore un peu de patience. Tolstoï, dans « Guerre et paix a bien fait faire l’apologie d’une pomme de terre rancie, dans la bouche d’un conte faisant l’expérience de la faim pour la première fois de sa vie.
          Décidemment je pense trop à la Russie en ce moment. Quand ca sera »Astérix chez les tsars ???  Pour le moment, on se contentera des stars. 


        • Vincent Delaury Vincent Delaury 17 février 2023 13:34

          @velosolex « Quand ca sera »Astérix chez les tsars ??? Pour le moment, on se contentera des stars. »

          Pas mal ! smiley


        • Buzzcocks 16 février 2023 15:45

          Pff, tous les contributeurs de ce site, vous ont pourtant dit qu’il fallait aller voir la production De Villiers ! Et vous, vous allez voir un film gaucho bobo marxiste.

          Heureusement que Bolloré est là pour sauver le cinéma français avec ses fresques qui vont surrement mettre Kubrick, les frères Coen, et j’en passe, aux oubliettes.

          Abad, ou Jeannot de la beauce ont même eu une érection en voyant le Vaincre ou mourrir, c’est dire la puissance du film.


          • Pie 3,14 16 février 2023 20:23

            @Buzzcocks
            Vaincre ou mourir, c’est beau comme une crèche.

            En revanche, avec un peu de culture historique on connait déjà la réponse, c’est mourir sans vaincre. 


          • velosolex velosolex 17 février 2023 12:18

            @Pie 3,14
            https://bit.ly/3lF8jVw bande annonce
            « Les banshees d’inisherin »...Un film extraordinaire, se passant en 1920 sur l’le d’Aran en Irlance, et fait par le cineaste qui avait déjà fait « three billboards »...
            Une histoire à la fois triviale, et mythologique, comme un whisky pur malt
            Mais « Vivre » vaut aussi le détour. 

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité