• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Avec les frontières, Régis Debray aficionado du Che et de Castro se prend (...)

Avec les frontières, Régis Debray aficionado du Che et de Castro se prend maintenant à penser à droite

JPEG

D’où lui vient une idée pareille ? Tel un croisé messianique, le philosophe guérillero révolutionnaire des tropiques engagé corps et âme en Amérique du Sud n’aurait pas parié un peso sur ce constat qui s’impose à lui un demi-siècle plus tard ; « Quand on réfléchit on bascule un peu vers la droite mais le cœur reste à gauche ». Une litote qui masque à peine un embarras contre lequel il aurait bien lutté aussi sans ce mal des intellectuels honnêtes qui les conduit à se renier plutôt que leur conscience.

Une révolution provoquée par ce nouveau siècle, pour qui rappelait encore récemment son maître Lénine et une époque « où le sans frontiérisme vivait en maître… je veux être partout chez moi, mes règles doivent être celles du monde entier ». Un axiome dont il percevra les conséquences inacceptables, même avant qu’il soit instrumentalisé par des islamistes dans son pays et partout.

Un basculement consécutif au cheminement d’une vie de réflexions et d’expériences qui l’amènera à considérer aujourd’hui le bienfait des frontières. « Sans frontière c’est la loi du plus fort. Là où il n’y a pas de limites il y a de la barbarie. Les peuples nomades sont rarement démocratiques »

L’idéaliste a mûri avec des réalités qu’il a découvertes et admises comme en Palestine (*) où il a rencontré des gens qui aspiraient à avoir une frontière, pour se sentir chez eux, en sécurité. « La paix c’est la frontière, la reconnaissance de l’autre, chez lui je ne suis pas chez moi. Si la Nation doit être civique et non ethnique il lui faut des frontières, il faut un attachement au sol ... La frontière évite le mur comme en Israël qui n’a pas fixé ses propres frontières ».

Les frontières de Régis Debray sont ici multiples, il n’entend pas protéger que des territoires.

Avec ces accents aux connotations droitières aujourd’hui et dans la droite ligne d’un Etat-nation dont il entend aujourd’hui les défenseurs traités de nationalistes, populistes, racistes… il a le sentiment de penser à droite.

A bien y regarder ce serait pourtant moins une palinodie de sa part qu’un mouvement d’opinion erratique, au profit d’une immigration incontrôlée pour qui le respect des frontières et des cultures n’est pas toujours une condition sine qua non, comme pour leurs défenseurs dont il rappelait les manifestations avec « Chevènement qui voulait restaurer l’apprentissage de la Marseillaise à l’école qui s’est fait injurier alors ». Une dérive de l’ancienne gauche qui la conduira au wokisme et à un extrémisme autocratique oublieux des principes républicains. Des outrages inacceptables pour un esprit éclairé.

A l’évidence il a rompu avec cette nouvelle gauche engluée dans son nouveau fonds de commerce jusqu’à promouvoir une créolisation multiculturelle, destructrice de l’Etat nation.

Concernant son penchant à droite, on rassurera Régis Debray avec la métaphore d’Edgard Faure qui convient pour l’expliquer, «  Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent  ». Des esprits chagrins verront là une pirouette du sénateur pour justifier une inconstance, et d’autres une réalité qui oblige l’honnêteté à reconnaître des événements qui s’imposent et donc de revoir ses opinions. Mieux vaut se réconcilier avec son intelligence et questionner ses convictions que de sombrer dans l’abrutissement d’un déni partisan. Ne pas laisser ses idées évoluer au gré des événements et de ses découvertes est le propre d’obtus asservis à une idéologie.

Loin de ces soldats de la pensée unique, Régis Debray argumente son cheminement avec une sorte de mea culpa qui l’honore.

Lui qui a vécu physiquement ses idées avec un engagement loin de ses souches, ne cache pas d’être perturbé par le maëlstrom politico-économique qui secoue nos sociétés. Il avoue éprouver un éloignement avec ce qui se passe si vite partout et ressent comme un égarement en regardant sa fibre politique ancienne ancrée à gauche, là où il ne se reconnaît plus. Il retrouve aujourd’hui certaines de ses convictions dites par des représentants de l’actuelle droite, en ne reconnaissant plus sa gauche de cœur.

Aurait-il changé d’idées plus que les partis ? Non. Parfois ce sont les partis qui dévient sournoisement, rester assis à gauche de l’hémicycle ne suffit pas pour en conserver le cap.

Ainsi la gauche d’aujourd’hui ne défend plus comme il y a quarante ans ses propres idées qu’elle attribuerait à l’extrême droite aujourd’hui, laquelle reprend les idées socialisantes de la gauche ancienne… Les politiciens conservent le même emballage avec un contenu qui avarié, Mélenchon l’avait pourtant prévenu quand il dénonçait en 2017 la « vieille gauche  ». L’usurpateur n’entendait en conserver que l’emballage pour son marketing électoral.

 

Sage, Régis Debray, garde des distances avec le produit « gauche » et accuse l’immédiateté, une façon d’accuser l’incompétence de ceux qui ne mesurent pas le long terme de leurs opinions. « On a dit adieu à l’avenir puisque maintenant tout est maintenant, à la République en vivant dans une sorte de démocratie à l’américaine, à la politique puisque tout n’est qu’économie, à l’histoire qui faisait qu’on vivait un moment avec une perspective entre le passé et l’avenir qui se préparait par l’action du présent… ».

Issu d’une gauche sociale, avec son appréciation du capitalisme « les salariés ne sont plus un espoir de croissance mais un manque à gagner pour les actionnaires », qui pourrait l’accepter à droite ? Peut-être l’extrême droite devenue socialisante. Un paradoxe qu’il n’envisage pas encore, « Politiquement je ne sais plus très bien ou on en est, le cœur est à gauche la cervelle est à droite et le ventre est au centre, c’est l’ennui le confort et l’endormissement » il n’est pas seul à le constater. L’ancien trotskiste, membre de la Ligue communiste révolutionnaire Dray pense comme Debray. Lors des dernières élections il déclarait ne pas reconnaître la gauche, ne plus savoir pour qui voter et se demander même s’il voterait.

Si Régis Debray explique qu’« une génération obsédée par la nature à remplacer une génération obsédée par l’histoire », il manque à son panorama un revirement inattendu à gauche sur le débat politique frontières - immigration illustré ici avec ces questions - réponses ;

 Qui a dit : « nous posons les problèmes de l’immigration… nous choisissons pour notre jeunesse l’étude, le sport, la lutte et non la drogue… alors nos opposants crient … pétainistes ! … Il faut stopper l’immigration officielle et clandestine… » Marchais le 20/02/81.

Qui s’opposait à la création d’une école coranique et sa mosquée à Rennes ? Le PCF. 

On pourrait entendre Zemmour. Qui a changé d’opinion, les citoyens ou les idéologues ?

Voilà qui devrait rassurer Régis Debray, il ne doit pas s’étonner de confier récemment à Taddéï d’avoir aujourd’hui « la cervelle à droite » quand une gauche apostase s’impose. Lui voudrait parler d’identité et de République, d’autres éructent un opprobre simpliste ; identitaire  !

Qui sont-ils ?

On en trouve chez ceux qui ont conservé un traumatisme et-ou, une frustration conséquences de leur origine mouvementée, cause d’une assimilation lacunaire encore. Un passage de frontières difficile qui déterminent parfois des penchants.

Arnaud Montebourg d’une parenté ancienne avec l’Algérie, a démontré lui, un attachement sans concession pour la France républicaine. Mélenchon, avec des origines espagnoles puis né au Maroc, immigré comme Benjamin Stora et d’autres n’ont pas la même exclusivité avec la France. Ayant vécu un multiculturalisme ailleurs avec leurs familles, ils voudraient le reproduire ici comme Mélenchon avec sa créolisation révélatrice qui n’est pas qu’un argument racoleur.

Dans un débat au Musée de l’immigration avec Régis Debray, Benjamin Stora voit la frontière mer méditerranée comme un cimetière, une confusion qu’il utilise comme pour rendre coupable ceux que les victimes voulaient rejoindre. Des sentiments et une guerre d’Algérie qui macèrent encore chez ceux qui refusent d’admettre que les français d’aujourd’hui ne sont plus responsables des maghrébins d’aujourd’hui. Un cordon qu’ils traînent encore.

Benjamin Stora réussira moins bien son passage de la frontière méditerranée que ses coreligionnaires Julien Dray, Zemmour, Jean Daniel immigrés juifs algériens eux aussi. Leur assimilation ne les portera jamais à vouloir transposer ici ce qu’ils ont connu là-bas. 

Pour Benjamin Stora cette frontière qui a marqué sa jeunesse était un obstacle aux mouvements de liberté et d’émancipation avec « la libre circulation d’un univers à l’autre, le désir de transgresser... ». Malgré son penchant marqué pour ses origines, l’observateur bienveillant du nationalisme algérien a été refroidi par les attentats et les comportements des islamistes qui l’avaient pourtant déjà inquiété. Il découvre une nécessité aux frontières, ses vieux sentiments vacillent, et cherche maintenant « la frontière entre nation et nationalisme ». Des questions qui honorent l’intellectuel et montrent les errances de ses certitudes.

Au motif de la liberté des idées, comme les hommes, elles n’ont aucun droit à s’imposer ailleurs.

Une interrogation qui pourtant ne se pose plus dès lors qu’on rend au nationalisme son sens premier qui défend la nation en tant qu’institution et territoire d’un peuple possédant une culture propre, un droit qu’il admet pour les indépendantistes algériens. La diversion totalitaire de nationalistes extrémistes ne doit pas en faire oublier le sens originel respectable. Qui traiterait de nazis totalitaires les nationalistes indépendantistes algériens ? 

Une frontière légitime les nations et les peuples et s’oppose au sansfrontiérisme ancien, substrat d’un internationalisme soixante huitard révolu sauf pour des groupuscules et ONG retardataires.

Avec Chevènement, Montebourg, Marchais et tant d’autres, Régis Debray ce gauchiste nationaliste défend les frontières naturelles et l’héritage culturel des Etats nation (**). Une exigence ni de droite ni de gauche.

 

 

(*) Voir son excellent livre Un candide en Terre sainte, il raconte le problème israélo-palestinien avec des rencontres éloquentes.

(**) L’Etat nation, un fruit rare cultivé pendant des siècles par des populations devenues des peuples au gré de leurs souffrances guerrières. L’Espagne a attendu la Reconquista de 1492 pour le devenir, l’Angleterre a tissé sa nation pendant mille ans depuis Guillaume-le-Conquérant, la France de Jeanne d’Arc se ressaisissait face aux invasions anglaises et l’esprit d’appartenance se diffusait alors sous Charles VII et son armée de métier. L’Italie récente attendra son Risorgimento à la fin du XIX e s. pour devenir Etat nation en même temps que l’Allemagne. Devenus Etats nation ils cimenteront des populations anciennement antagonistes dans leurs nouvelles frontières, les peuples prendront conscience de leurs singularités culturelles. Ces frontières leur imposeront la paix et un sentiment national.


Moyenne des avis sur cet article :  2.25/5   (24 votes)




Réagissez à l'article

34 réactions à cet article    


  • Clocel Clocel 26 janvier 2023 17:21

    Le gôchisme, c’est comme l’acné, une maladie de jeunesse, LFI, c’est le syndrome de Peter Pan.

    L’éloge des frontières m’a réconcilié avec le personnage.


    • L'apostilleur L’apostilleur 26 janvier 2023 18:09

      @Clocel
      « ...L’éloge des frontières m’a réconcilié avec le personnage. »

      Bonne nouvelle, l’homme mérite d’être écouté.


    • Clocel Clocel 26 janvier 2023 18:37

      @L’apostilleur

      Sa période cubaine a été diversement apprécié, voir les vidéos de Jean-Pierre Garnier (le sociologue) qui l’a croisé à ses heures de « gloire ».


    • L'apostilleur L’apostilleur 26 janvier 2023 18:47

      @Clocel
      Debray personnage ambivalent pour les uns, adulé par d’autres, écouté par des oreilles dirigeantes ... chacun jugera pour ce qu’il en sait. 
      Serait-il le dernier des conseilleurs, on pourra lui reconnaître ici une honnêteté peu courante. 


    • Basile 28 janvier 2023 00:46

      @L’apostilleur
      Debray personnage ambivalent 

      L’intelligence est éblouissante, mais la personnalité interroge.

      Lui-même raconte sa rencontre avec De Gaulle à la Boisserie. S’approchant du bureau derrière lequel se tenait le Général, il s’est évanoui, évacué par l’huissier.

      Sa période « conseiller de Mitterrand » qui le fascinait pose également question.

      Il faut lire ses bouquins, merveilleux, quant à le suivre, c’est à chacun de voir, selon son expérience de la vie. Mais cela est vrai pour tout grand intellectuel.


    • Brutus paparazzo 26 janvier 2023 17:31

      La gauche a toujours été maladroite.


      • L'apostilleur L’apostilleur 26 janvier 2023 18:10

        @paparazzo
        « La gauche a toujours été maladroite. »
         smiley


      • Octave Lebel Octave Lebel 26 janvier 2023 18:08

        Un homme averti en vaut deux. Au moins.

        Comme d’habitude, si comme beaucoup qui ont bien d’autres choses à penser et à faire, nous ne connaissons au fond que les ouï-dire médiatiques dont nous sommes tous imprégnés sur ce sujet et bien d’autres, alors quand un bienfaiteur vient nous dire quoi penser, commençons par le réflexe de la fiche wikipédia afin de débroussailler et trouver des pistes peut-être pour  aiguiser notre curiosité et notre réflexion personnelle.

        https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9gis_Debray

        De mon côté, en toute subjectivité, je vous recommande

        Debray-Morin : un vrai débat par Gérard Leclerc (20/10/2015)

        Sur le sujet des frontières, pour sortir des caricatures partisanes.

         

        « De mon point de vue, ce fut un véritable régal, une leçon d’intelligence en direct. C’était, en tout cas, la preuve qu’on peut discuter courtoisement, échanger des idées, sans se croire obligé de s’envoyer des noms d’oiseaux à la figure. Il se trouve que je connais bien les deux interlocuteurs, et depuis longtemps. Je les apprécie l’un et l’autre dans des genres assez différents, car ce sont des esprits libres et en même temps inventifs. »

        « Encore une fois, un modèle de débat, dont on aimerait qu’il serve d’exemple aux joutes intellectuelles dans le climat un peu pénible qui est le nôtre aujourd’hui. »

         

        https://www.france-catholique.fr/Debray-Morin-un-vrai-debat.html

        https://www.youtube.com/watch?v=6pW6-AqGUPQ

        → Bien entendu il n’y a pas que les frontières physiques surtout à notre époque où nous sommes surexposés à un monde d’images et de paroles choisies par d’autres qui s’imposent à nous.

        La lecture de « Comment nous sommes devenus américains » paru en 2017 nous dévoile l’imprégnation culturelle de notre quotidien avec beaucoup de finesse et légèreté. Très agréable à lire. Comme un déniaisement.

         

         

         

         


        • L'apostilleur L’apostilleur 26 janvier 2023 18:40

          @Octave Lebel
          « ...alors quand un bienfaiteur vient nous dire quoi penser. » ou plutôt matière à penser. Qui a jamais toujours pensé juste ?

          Régis Debray est devenu très respectueux, même avec Morin qui n’est pas un libre-penseur, il lui faudrait soutenir avec la raison ses thèses qui en manquent souvent. 
          Dans votre deuxième lien, Morin montre sa lucidité en se reconnaissant « ...très particulier, très déviant, très marginal. »


        • Octave Lebel Octave Lebel 26 janvier 2023 19:15

          @L’apostilleur

          ● Morin qui n’est pas un libre penseur ?

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Morin

          ● Il me semble que Debray a toujours été un débatteur respectueux même si c’est un débatteur exigeant ce qui est une qualité.

          Il est difficile de mettre en défaut son honnêteté intellectuelle ce qui ne veut pas dire qu’il sait tout ou qu’il a toujours raison.

          Je pense que sur les frontères Morin est plus rigoureux.Debray a le goût des formules ce qui quelquefois l’entraîne dans des simplifications et des généralisations. Il faut dire qu’il a offert un sujet en or à Morin.

           


        • L'apostilleur L’apostilleur 26 janvier 2023 20:27

          @Octave Lebel
          « ...Morin qui n’est pas un libre penseur ? »
          ...de son propre aveux, comme cité plus hautant.
          Il a bien conscience d’être un doux rêveur un peu marginal, un philosophe un peu poète aussi. Raison qui amène Debray à son aménité vis à vis de Morin.


        • Octave Lebel Octave Lebel 26 janvier 2023 22:54

          @L’apostilleur

          Libre-penseur est le terme utilisé par Victor Hugo pour dépasser le terme d’athée qui est un mot privatif (sans dieu) pour évoquer un courant de pensée qui apporte sa pierre à l’humanité comme les religions le font dans leur diversité.

          « ...Morin qui n’est pas un libre penseur ? »
          ...de son propre aveux, comme cité plus hautant.

          Vous pourriez être très précis. J’ai bien du lire une dizaine de livres de Morin. Je n’ai vu aucun changement de paradigme, si ce n’est un approfondissement du sillon tracé dans les 6 volumes de « La méthode ».Je pense que nos lecteurs ne vont pas se contenter d’impressions ou d’évocations.

           


        • L'apostilleur L’apostilleur 27 janvier 2023 00:02

          @Octave Lebel
          Si le libre-penseur s’affranchit de celles des autres pour appuyer nécessairement ses convictions sur la raison, Morin s’en affranchit allègrement dans la méthode avec son idéal des cultures devenues symbiotiques qui conduiraient au rapprochement de l’humanité.
          Magnifique utopie, une feuille route dont la raison d’être n’est pas de convaincre. 
          On l’a vu confronté à la raison avec son multiculturalisme possible au motif que la France a bien réussi à intégrer les bretons.. Une raison insufisante pour ceux qu’il méprisait de ne pas le comprendre.
          Un Morin moyen. 


        • velosolex velosolex 27 janvier 2023 12:36

          @L’apostilleur
          Morin a fait partie d’un collectif de sociologues et de scientifiques qui prirent pour exemple une commune Bretonne, Plovezet, pour faire une étude des moeurs, sur plusieurs années, mesurant l’évolution du progrés, et des usages, pour en faire un film qui sera diffusé en première dans le village..En 1967, après avoir étudié Plozévet pendant deux ans, le sociologue Edgar Morin publie « La métamorphose de Plodemet », pseudonyme de Plovezet. Un film documentaire sera fait aussi sur l’étude, faisant participer les habitants. 

          «  Les Bigoudens ne se reconnaissent pas dans le portrait dressé par le sociologue et certains vont même jusqu’à parler de »trahison« , de »dédain« , voire pire, à »l’inexactitude« . Edgar Morin se retrouve plongé au cœur d’une polémique imprévue. Les habitants dénoncent son manque de rigueur et déplore l’image dévoyée proposée dans le livre
          .Du côté de Plozévet, on dénonce aussi plusieurs inexactitudes, et une  »méconnaissance de leur culture« . Cette fois, le malentendu semble reposer sur l’utilisation de la langue bretonne par certains habitants au cours de l’étude. Ce qui l’a sans doute empêché de saisir les finesses de l’humour bigouden, c’est ce que suggère l’autre intervenant présent en plateau, Pierre-Jakez Hélias, le futur auteur de »Cheval d’Orgueil« . Il regrette que le sociologue n’ait pas assez tenu compte de la complexité de la langue bretonne, pleine de subtilités et sujette à contre-sens, »un humour très particulier qu’il est très difficile de faire comprendre à n’importe quel enquêteur«  »

          Aussi le film fut comme l’ouverture d’un vase de Pandorre, libérant la parole refoulé. Le ton professoral et entendu est sans doute dans celui de ces années là, mais avec le recul, il apparait quasiment d’obédience coloniale. ( document INA https://bit.ly/3HecE98)
          Il y a quelques années, un autre film a été fait sur le sujet ( retour à Plovezet) qui interroge les gens qui furent interviewés, ou filmés dans leur espade de vie. Je me souviens de ces Bigoudennes, à qui on avait demandé de porter ce jour là leur coiffe pour être filmées, afin d’être conformes avec l’idée qu’on voulait véhiculés. Mais j’ignore si Morin fut acteur de tous ces choix. N’empéche, autant que la vie des Bretons, cette études évoque involontairement le regard jacobiste, et celui de son temps. https://bit.ly/3kOLgat


        • Octave Lebel Octave Lebel 27 janvier 2023 12:43

          @L’apostilleur

          Morin est un chercheur en sciences sociales qui a vu les impasses et les dégâts qu’apportent les mythologies, les religions, les idéologies quand elles s’enferment dans des  réponses à priori et des dogmes d’où l’entreprise de « La méthode » afin de mettre en relation les différentes sciences humaines et expérimentales. Travail jamais achevé qui relève de l’intelligence collective qui nous porte vers l’avenir et sa part d’inconnu et d’imprévisible. Ce n’est pas votre petite pirouette idéologique qui va y changer grand-chose.

          Vous ne pouvez vous empêcher de le ventriloquer comme ce pauvre Régis Debray à qui vous devriez envoyer votre article en vous priant bien sûr d’éviter de dire que c’est de ma part. Après tout, c’est vous qui l’avez écrit cet article smiley


        • velosolex velosolex 27 janvier 2023 12:46

          @velosolex
          Au delà d’ailleurs de cette polémique, la réaction épidermique des Finistériens tient sans doute à un sentiment de trahison, celui d’être passé à coté du scandale. La société Bretonne, plus que d’autres régions eut à faire front à cette époque à de multiples agressions qui furent présentées comme des « progrés », face à des archaïsmes. 
          Perte de la langue, d’abord...Qui n’est toujours pas encouragé d’ailleurs par l’éducation nationale, le prix de journée des enfants dans les écoles n’étant pas pas pays par l’état.....Perte des usages, des techniques ancestrales d’agriculture, avec l’arrivée du tracteur et des pesticides.. 
          Mais le comble est celui de la perte précisément des frontières. Je parle de ces pays de bocages, dont les chemins de pierres, et les enclosures n’ont pas bougé depuis des siècles.
          En quelques années, les bullozers vont arraser bien des communes, casser les liens entre nature et culture, les rapports entre les gens, pour seul bénéfice un bilan soit disant pratique, et économique. 
          Des amis et des familles vont se facher, ajoutant à la souffrance de voir son pays démembré, dans cette aberration qu’on appellera par retournement sémantique : Le remembrement.....


        • L'apostilleur L’apostilleur 27 janvier 2023 13:14

          @velosolex
          Très intéressant témoignage à propos de ces bretons restés trop longtemps isolés, avec l’eau arrivée au XXe s. parfois après le téléphone dans leur maison. 


        • Basile 28 janvier 2023 00:53

          @L’apostilleur
          Morin et Debray, deux types honnêtes, assez rare dans le métier.

          Pour Debray, c’est évident. J’ai entendu Morin dans une vidéo dire qu’il avait complètement déconné (intellectuellement) dans sa jeunesse.


        • L'apostilleur L’apostilleur 28 janvier 2023 10:51

          @Basile
          Après eux on attend les confessions de BHL, même si c’est devenu une acception plutôt pour sa soeur (convertie)


        • Basile 7 février 2023 21:08

          @L’apostilleur
          Après eux on attend les confessions de BHL

          Je soupçonne BHL d’avoir un grave problème psycho-biographique, rapport à son père qui fut un combattant héroïque de la dernière guerre. BHL n’arrive à faire la guerre que sur les plateaux télé. Et cette comparaison avec son père le mine. Alors il prend un avion (privé) pour se rendre sur les champs de bataille et là, il est franchement ridicule. 


        • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 26 janvier 2023 20:35

          Intéressant Debray , a écouter sur des anciens « Réplique » sur le site de France Culture.


          • velosolex velosolex 27 janvier 2023 10:28

            Le mur interdit le passage, la frontière le régule. Dire d’une frontière qu’elle est une passoire c’est lui rendre son dû : elle est là pour filtrer (…) les pores font respirer la peau comme les ports, les îles et les ponts, les fleuves".

            J’ai lu le bouquin de Debray à sa sortie en 2010 je crois. C’est un de ceux que j’ai gardé quand j’ai déménagé. Il faut faire l’éloge du déménagement, comme celui de la frontière. Des événements nous amènent à faire le tri, entre l’important, et l’anecdotique, entre la pensée profonde, et l’esprit des temps. On apprend à se moquer du positionnement politque, si cela veut dire quelque chose, au fil des années. Chaque étape de la vie nous fait instinctivement, et peut être de façon hormonale , tirer des bords d’un coté ou de l’autre.

            On né de droite : « C’est mon jouet ! »On passe à la gauche extrème souvent à l’adolescence, en crachant sur la propriété, sûr d’avoir raison, pour finir de plus en plus réac. Victor Hugo eu un parcours inverse. Il commença royaliste pour finir républicain, et son cercueil fut suivi par le peuple. A moins d’être aveugle et sectaire, on s’aperçoit à l’age adulte, que la valeur des gens n’est pas lié à leur étiquette, mais à bien d’autres qualités, l’indépendance d’esprit et le courage n’étant pas la moindre. Ainsi que le non dogmatisme, l’esprit de doute, la capacité de se remettre en question selon les événements. 

             La frontière construit bien des malentendus. De s’en être moqué est à l’origine de nos problèmes actuels. Car beaucoup de frontières naturelles sont là pour assurer une protection et une étanchéité en rapport aux prédateurs. Au delà de l’homme, et de la rencontre tragique de peuples dont les uns purent anéantir les autres, en quelques décénnies, à partir du seizième siècle, ce fut encore plus tragique pour les espèces animales, et la biologie. Il y a bien sûr un mouvement d’interprétation, une dynamique de luttes, qui est en rapport avec le mouvement naturel de la vie ; mais la vitesse de la prédation qui se potentialise est parvenu à supprimer la moitié des espèces en quelques décénnies. Les pauvres frontières tampons d’hier ont été ridiculisé par la mondialisation, les échanges décomplexés, la soif de profits mulitpliés. Il se fait tard à l’horloge de l’apocalypse. Et ce ne sont pas à coups de canons ou de massacres en série qu’on va résoudre cette équation impossible : Comment vivre de plus en plus nombreux, dans un espace qui se rétrécie ? Mais peut être est ce là justement l’idée de Poutine, semblable en tout point à celle d’Hitler, dont la volonté d’agrandir l’espace vital pour son peuple, le fameux « lebensraum », est au coeur de l’action. 


            • L'apostilleur L’apostilleur 27 janvier 2023 13:21

              @velosolex
              Ce n’est pas la première fois qu’on peut partager vos opinions


            • Hervé Hum Hervé Hum 30 janvier 2023 13:59

              @velosolex

              Selon vous, la prédation humaine sur son environnement et particulièrement envers elle même est il en rapport avec la notion de frontière humaine ?

              Même question portant sur la soif de profits multipliés ?

              Et de là, réfléchissez bien à votre réponse et son argumentation....


            • Hervé Hum Hervé Hum 31 janvier 2023 09:56

              @l’auteur

              Une dernière « couche » pour illustrer la faiblesse de raisonnement de Debray à partir de l’extrait rapporté par velosolex

              Le mur interdit le passage, la frontière le régule. Dire d’une frontière qu’elle est une passoire c’est lui rendre son dû : elle est là pour filtrer (…) les pores font respirer la peau comme les ports, les îles et les ponts, les fleuves".

              Sauf que je ne connais pas de mur sans porte d’entrée et de sortie ! 

              Partant de là, une frontière est aussi un mur muni de portes d’entrée et de sorties dans le but non pas de réguler, mais de contrôler les entrées et sorties. Ce contrôle peut être plus ou moins rigoureux, mais sa fonction reste strictement, fondamentalement la même que le mur d’une maison ou une clôture pour son jardin, seule la forme change selon l’échelle ou le domaine, mais fondamentalement le but reste toujours identique, contrôler l’accès.

              De fait, la régulation n’implique pas nécessairement le contrôle, par contre, le contrôle implique toujours la régulation.

              Bref, le niveau de réflexion intellectuelle de Debray est, sur la base de cet extrait, médiocre...


            • velosolex velosolex 27 janvier 2023 10:33

              A ce propos, en même temps que le livre précieux de Régis Debray, « un honnête homme » j’ai gardé aussi le livre de Timothy Snyder, « Terre noire », qui évoque avec quelques années d’avance ce qui nous arrive. Car la notion de remise en cause des frontières, c’est à dire des limites, et du respect des accords, des conventions, et des lois humaines, est au coeur de l’agression Russe

              Extrait

              « A partir de 2013, les dirigeants et propagandistes Russes, tenant d’un nouveau colonialisme, ont imaginé d’anéantir les Ukrainiens voisins, ou les ont présentés comme des »sous-Russes« . Dans des tableaux qui rappellent ce que Hitler disait des mêmes Ukrainiens (et Russes), les dirigeants Russes ont décrit l’Ukraine comme une entité artificielle, sans histoire, sans culture ni langue, soutenue par un conglémérat de Juifs, de gays, d’Européens et d’Américains.

              Dans la guerre contre l’Ukraine que cette rhétorique était sensée justifier, les premiers gains furent les gisements de gaz de la mer Noire, près de la péninsule de Crimée, que la Russie envahit et anexa, en 2014. Les terres fertiles d’Ukraine continentale, sa terre noire, en font un pays exportateur de nourriture très important, ce que n’est pas la Russie. En matière de politque étrangère, le président Poutine a élaboré une doctrine de guerre ethnique.

              Ce raisonnement, qui mène du language à l’invasion, celle de la Tchéchoslovaquie par Hitler, ou de l’Ukraine par Poutine, réduit à néant la logique de souveraineté des états, et prépare le terrain à leur destruction. Il transforme des régimes politques reconnus en cibles d’agression délibérées, et les individus en objets ethniques dont les intérets présumés sont déterminés de l’étranger. Poutine s’est placé aussi en tête des forces populistes, fachistes et neo nazis en europe.

              Tandis que les migrants du sud continuent d’arriver sur le continent européen, poussés par le changement climatique et l’effondrement des états qui va de pair, l’extrème droite européenne gagne en popularité et en voix. .... Tout en soutenant des politiciens qui imputent à la communauté juive mondiale les problèmes planétaires et en appliquant des techniques de destruction des états,Moscou a engendré un nouveau bouc émissaire : Les homosexuels. La nouvelle idée Russe d’un »lobby gay« responsable de la décadence du monde n’a pas plus de sens que la vieille idée nazies d’un »lobby juif« responsable de la même chose, mais cette idéologie se répand largement aujourdh’ui dans le monde ». « Terre noire » ( la terre d’ukraine) reprend la génèse de l’extermination des juifs, avec pour fond d’écran le « lebensraum », cet espace vital à conquérir, en particulier sur les terres très riches d’Ukraine, qu’Hitler jugeait indispensable au développement de « la race Allemande »


              • alinea alinea 27 janvier 2023 11:04

                Excellent ! Il faut dire que Régis Debray brasse plus profond que les politicards, aussi érudits soient-ils. Quand on ne cherche pas le pouvoir on prend le temps de regarder et ce qu’il voit, il faut fermer les yeux pour ne pas le voir.

                Aussi ne plus savoir quoi voter est le lot de tous ces citoyens honnêtes, qui réussissent à penser contre eux-mêmes quand le vent tourne et que les étiquettes se mélangent et ne veulent plus rien dire. Il faut dire que les candidats s’alignent sur l’estrade et que le choix ressemble à l’élection de la plus belle femme ! à chacun selon ses goûts formés par des arguments de surface.


                • Hervé Hum Hervé Hum 30 janvier 2023 13:27

                  @alinea

                  la confusion est la base de toute manipulation et à ce jeu là, ma foi, Régis Debray y ajoute sa propre couche de crétinisme.


                • alinea alinea 2 février 2023 19:43

                  @Hervé Hum
                  Évoluer en fonction du monde n’est pas de la confusion ! il est où le problème ?


                • Hervé Hum Hervé Hum 7 février 2023 17:38

                  @alinea

                  Je ne sais pas si tu lira ma réponse, mais je l’écris quand même

                  le problème, c’est que Debray n’évolue pas, il régresse et la confusion consiste alors à confondre évolution avec régression.

                  Ainsi, le communisme est fondamentalement mondialiste et anti nationaliste et la régression consiste alors à faire croire le contraire.

                  Pourquoi cette confusion ? Parce que Debray a cessé d’être un progressiste pour devenir un réactionnaire, c’est à dire, si l’adversaire pour ne pas dire l’ennemi se prétend mondialiste, alors par opposition il se dit nationaliste.

                  Jaurès en son temps voulait préserver l’idéal nationaliste fondamentalement capitaliste et anti communiste, résultat, les communistes qui la veille de la guerre fraternisaient, s’entretuaient le lendemain sur le champ de bataille pour le plus grand bonheur des capitalistes qu’ils voulaient juste avant déboulonner.

                  la réalité obéit à la causalité et non à l’imaginaire quel qu’il soit. Et la causalité dit qu’il ne peut pas y avoir de fraternité universelle dans un monde où la compétition domine et la coopération est mise au service des plus vindicatifs (tu peux le vérifier, à l’intérieur de toute armée et en toute époque, c’est le principe de coopération qui domine, dans le cas contraire, c’est la débandade assurée ! La fraternité universelle exige que ce soit la coopération qui domine la compétition, sauf que là, le capitaliste se retrouve limité dans sa soif de domination de la vie d’autrui. 

                  Etc...

                  Bref, avec de tels adversaires idéologiques, pas la peine de s’en faire, ils ne menacent que ceux qui les écoutent.


                • alinea alinea 7 février 2023 18:33

                  @Hervé Hum
                  Je devais sûrement trouver ton commentaire puisqu’il était en page quand j’ai ouvert avox ! je ne comprends rien à ce que tu dis.
                  Debray est allé se battre aux côtés des révolutionnaires sud américains ; je n’en sais pas plus sur sa vie à ce moment là ; moi je l’ai découvert avec « Dieu, un itinéraire », et ce livre m’a comblée, j’ai lu les autres et je suis en phase avec lui.
                  Debray n’est pas un doctrinaire et c’est ce qui fait sa puissance et sa singularité ; et c’est ce qui fait que j’aime beaucoup le lire !


                • Hervé Hum Hervé Hum 9 février 2023 09:43

                  @alinea

                  je ne connais pas la pensée de Debray, comme je l’écris, je me réfère seulement à ce que l’auteur en rapporte comme de dire qu’un mur interdit le passage alors que cela n’est vrai qu’à la condition qu’il n’y ait pas de porte, ce qui n’a aucun sens !

                  De plus, changer d’idéologie ne signifie pas ne avoir de doctrine, seulement de pouvoir en changer.

                  Pour ma part, la seule doctrine qui s’impose à moi c’est la causalité à laquelle obéit la réalité, au delà, c’est l’imaginaire qui permet toutes les manipulations.

                  Mais si tu ne comprends pas, peu importe, le hic étant que tu te retrouve à défendre tes ennemis, car par définition un monde solidaire ne peut se faire dans un monde où le nationalisme, c’est à dire, où c’est la guerre de tous contre tous qui domine. Ici, la causalité ne laisse aucun doute et ton imaginaire n’y pourra jamais rien. Et tu peux le vérifier, les dirigeants ou ploutocrates qui affirment vouloir la mondialisation sont ceux qui poussent le plus à la guerre. On appelle cela « jouer » au pompier pyromane.


                • troletbuse troletbuse 27 janvier 2023 23:11

                  Rien d’anormal à cela. La gauche étant passée à l’extrême extrême droite, ceux qui sont restés à gauche se retrouve à droite.

                  Simple à comprendre


                  • Hervé Hum Hervé Hum 30 janvier 2023 13:25

                    Un basculement consécutif au cheminement d’une vie de réflexions et d’expériences qui l’amènera à considérer aujourd’hui le bienfait des frontières. « Sans frontière c’est la loi du plus fort. Là où il n’y a pas de limites il y a de la barbarie. Les peuples nomades sont rarement démocratiques »

                    Sur la base de ce que nous en dit l’auteur ici présent, Régis Debray est surtout victime de son grand âge, la sénilité.

                    En effet, la loi est toujours celle du plus fort, à l’intérieur ou à l’extérieur des frontières peu importe, cela n’a rien à voir car c’est un principe qui s’applique partout à toutes les échelles et quelque soit le domaine, donc, rien n’y fait, la loi est toujours celle du plus fort. Et de lui rappeler que les faits sont têtus, les plus grands massacres ou génocides ont pratiquement tous été perpétrés au nom de la civilisation. Les « sauvages » n’ayant pas cette prétention à décimer des populations au nom de la sauvagerie.

                    Bref, si je m’en tiens à ce que rapporte l’auteur, toute « une vie de réflexion et d’expériences » pour arriver à autant de bêtise humaine force le mépris et non le respect. Il n’a pas le cerveau à droite, mais grillé.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité