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Accueil du site > Tribune Libre > Pour assurer nos retraites, soyons réalistes assurons l’existence (...)

Pour assurer nos retraites, soyons réalistes assurons l’existence !

« La retraite ne peut être l’antichambre de la mort, mais une nouvelle étape de la vie » Ambroise Croizat

 

Si la première tentative en 2019 de réformer le système des retraite avait pour objectif principal de tendre vers un régime unifié de retraite dont la pension devait être calculée sur la base de l’accumulation de points tout au long de la carrière professionnelle, en 2023 l’objectif se réduit à une réforme paramétrique avec comme mesure principale le recul progressif du départ à taux plein à 64 ou 65 ans ce qui inévitablement conduira à une nouvelle dégradation des droits individuels des nouveaux retraités. Reforme budgétaire qui aura aussi pour conséquence d’accroitre l’inégalité d’accès à une retraite digne et sereine, d’accroitre les maladies professionnelles et les dépenses de l’assurance maladie, et d’accroitre le recours à l’assurance chômage et aux aides sociales après 60 ans. Une partie des économies faites sur le dos des retraités sera absorbée par ces nouvelles dépenses sociales inéluctables.

En 2020 selon la DRESS "A la naissance, les femmes peuvent espérer vivre 65,9 ans sans incapacité et 77,9 ans sans incapacité sévère ; les hommes, 64,4 ans sans incapacité et 73,8 ans sans incapacité sévère." Ainsi si la réforme du gouvernement est adoptée la retraite ne sera pour la majorité que l’antichambre de la mort et renforcera encore l’inégalité dans l’espérance de vie entre les ouvriers et les cadres qui est actuellement de 13 années. Déjà aujourd’hui il y a selon l’INSEE plus de 1 million de personnes de plus de 65 ans qui vivent sous le seuil de pauvreté à 50 % du revenu médian. Le caractère rétributif de notre système de retraite, véritable salaire différé, accentué avec le système à points du régime des retraites complémentaires fait que de nombreuses personnes à la carrière professionnelle hachée, les femmes en particulier, perçoivent déjà une pension qui ne permet pas de vivre décemment :

"La baisse en cours du niveau des pensions par rapport aux salaires, conséquence des réformes précédentes, atteint bien sûr de manière plus grave les plus faibles pensions des femmes : le taux de pauvreté des femmes retraitées est ainsi sensiblement plus élevé que celui des hommes (10,4 % contre 8,5 %), et cet écart a tendance à se creuser depuis 2012, comme le relève le rapport 2022 du Conseil d’orientation des retraites (COR). " (1)

La réforme ne fera qu’accentuer la précarité de nombreux retraités, sachant que la retraite minimum de 1200 € ne s’appliquera que pour les carrières complètes de 169 trimestres à la fin 2023 ( réforme Touraine ).

Les reformes successives des régimes de retraites révèle une dégradation continue de la distribution de la richesse par le travail ( salaires et cotisations ). Pour de plus en plus de personnes le travail ne réussit plus à assurer l’existence à toutes les étapes de la vie. L’État en dernier recours est contraint de redistribuer de manière non contributive des aides aux personnes financées par l’impôt. Ainsi pour les personnes âgées sans ressources il existe l’Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées ( ASPA) : 961 € pour une personne seule mais celle-ci est conjugalisée aux revenus du foyer ; une personne qui n’a pas exercé un travail rémunéré, souvent une femme, et qui vit avec un conjoint qui a des revenus supérieurs à 1492€ n’a aucun droit.

VERS UNE RETRAITE UNIVERSELLE

À l’heure où notre modèle de société est secoué par une succession de crises, il est temps de changer de paradigme et de faire du droit à l’existence un droit universel imprescriptible de la naissance à la fin de vie. Dans cette perspective on peut envisager de compléter la logique contributive actuelle sur les salaires des régimes de retraite par un nouveau droit universel, indépendant de la durée de cotisation. Tout être humain devrait pouvoir disposer d’une pension minimale au niveau du seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian ( 1200 € ) à partir d’un certain âge, par exemple 60 ans. Ainsi indépendamment de son parcours de vie, de sa vie professionnelle, on est assuré de disposer de quoi vivre décemment pour jouir pleinement de cette nouvelle étape de la vie.

Selon la DRESS, en 2022, la pension moyenne de droit direct (y compris l’éventuelle majoration pour trois enfants ou plus) tous régimes confondus s’établit à 1 509 euros bruts mensuels parmi les retraités résidant en France. Cela correspond à 1 400 euros nets par mois. Avec cette retraite universelle de base assurée de 1200 €, une seule pension de retraite du régime général, calculée en fonction des trimestres travaillés et financée par les cotisations des actifs suffirait à compléter le dispositif. La diminution de la charge des retraites sur les salaires par la suppression des régimes complémentaires permettrait de réorienter une part des cotisations de ces régimes complémentaires vers l’assurance maladie, renforçant ainsi significativement son budget pour aller vers une couverture à 100 % des risques ce qui permettrait d’en finir aussi avec les assurances maladie complémentaires.

Cette retraite universelle de base pourrait être financée d’une part par les retraités eux-mêmes par une cotisation progressive sur leurs revenus ( pension de retraite d’activité, revenus du patrimoine ) qui se substituerait par exemple à la fois à la CSG et à la cotisation pour les assurances complémentaires particulièrement injuste et d’autre part par une taxe sur les actifs nets tout au long de la vie . En France aujourd’hui le montant du patrimoine net privé s’élève à 13 500 milliards d’euros. Une cotisation moyenne de 2 % par an suffirait à assurer complétement cette retraite universelle de base pour les 18 millions de personnes de plus de 60 ans. Ce principe rejoindrait celui de la Sécurité sociale où chacun contribue en fonction de ses moyens à la satisfaction d’une même prestation.

La dégradation des droits sociaux ne doit pas être une fatalité. Nous avons les moyens grâce à la solidarité universelle de faire en sorte que la situation s’améliore pour l’ensemble des retraités qui dès 60 ans seraient libérés de toute obligation de travailler. 1 million d’emplois seraient ainsi mis à la disposition des plus jeunes ; ce qui ne manquera pas de faire diminuer le chômage allégeant ainsi la charge de l’assurance chômage.

La mise en place de cette retraite universelle doit être une première étape pour aller vers l’instauration d’un revenu d’existence universel de la naissance à la fin de vie, pour assurer à tous les membres de la communauté ce droit imprescriptible à vivre dignement en toute circonstance, pour en finir avec la charité publique faite d’aides sociales qui coûte un pognon de dingue et qui assujettisent et divisent la société entre le monde des assistés et ceux qui réussissent.

Après les crises successives de 2020-2022 qui ont révélé aux yeux de tous les dégâts de quarante années d’abandon du bien commun, l’ensemble des forces sociales ne peuvent continuer à être spectatrices de leur propre anéantissement. Il faut être force de proposition pour se réapproprier ce qui doit nous être le plus cher : l’exercice d’un droit à une vie digne en toute circonstance.

Assurer des conditions de vie décentes par des droits sociaux universels n’est-ce pas la garantie de cesser de manger du malheur , de pouvoir jouir de toutes ses capacités, de trouver sa place dans la société des humains et ainsi de contribuer pleinement au bien commun, ceci à tous les âges de la vie.

Guy Valette, MFRB - LA SCIENCE DU PARTAGE

____________

(1) Christiane Marty : « Présenter la réforme des retraites comme juste pour les femmes relève du boniment  » Le Monde – 6 janvier 2023


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10 réactions à cet article    


  • zygzornifle zygzornifle 10 janvier 2023 18:16

    Les mots retraité, chômeur, social donne des remontée gastrique aux membres de ce gouvernement ..... 


    • sylvain sylvain 10 janvier 2023 18:51

      l’instauration d’un revenu d’existence universel de la naissance à la fin de vie, pour assurer à tous les membres de la communauté ce droit imprescriptible à vivre dignement en toute circonstance

      La retraite universelle, ça me parait tout a fait évident. Ne pas reproduire les inégalités de carrière au niveau de la retraite me paraitrait aussi une bonne chose.

      Par contre, sur le revenu universel je suis mitigé. Ca a de bons cotés, principalement permettre aux pauvres de se libérer de l’emprise de ceux qui ont les capitaux. Bon ça implique de changer fondamentalement la société, vu qu’à l’évidence, la plupart de ceux qui font les choses indispensables les font sous la contrainte... il faudra les motiver autrement.

      Pour les mauvais coté :

       Ca donne l’impression (que donne déja le RSA) a beaucoup de gens qu’« on » leur doit quelque chose du simple fait qu’ils existent. Le « on » étant mal défini, or « on » ne nous doit rien. Nous sommes responsables de nos vies.

       Ca a aussi tendance a créer une course au désengagement. Ceux qui bossent et qui voient les autres glandouiller l’ont mauvaise, même si leur travail leur plait par certains cotés. Ils auront envie d’arrêter de participer juste pour se venger de ceux qui ne foutent rien. Je dirais, pour avoir participé a beaucoup de groupes autogérés, sans contraintes... que c’est une tendance forte

      J’arrête là, mais c’est une question épineuse je pense. Je préfèrerais largement une société ou tout le monde peut travailler, et ou on partage ce travail si il y en a peu


      • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 10 janvier 2023 19:11

        @sylvain
         
         le revenu universel est un dispositif de destruction de la valeur travail,
        et par voie de conséquence potentiellement destructeur des sociétés bâties sur cette valeur.


      • sylvain sylvain 10 janvier 2023 20:49

        @Francis, agnotologue
        la destruction de la valeur travail ne me dérange pas forcément, ça dépend de ce qu’on appelle travail. En tout cas il y a une valeur participation a l’effort commun qui ne doit surtout pas disparaitre


      • saint louis 10 janvier 2023 21:48

        @sylvain
        Ça me rappelle une anecdote qui circulait après la mise en place du RMI.
        L’histoire ce passe dans les DOM TOM Français où les producteurs de canne à sucre embauchent pour des moissons tout un tas de gens locaux qui en sont habitués depuis des années.
        Juste après l’attribution du RMI plus de candidats pour la moisson.
        Les producteurs ont dû faire appel à de la main d’œuvre étrangère pour effectuer le travail.


      • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 12 janvier 2023 08:03

        @sylvain
         
        bis repetita :
         
         le revenu universel est un dispositif de destruction de la valeur participation a l’effort commun,
        et par voie de conséquence potentiellement destructeur des sociétés bâties sur cette valeur.


      • alinea alinea 10 janvier 2023 21:42

        Karol.....entre le plaisir, on va dire de vous savoir vivant, et la distance qu’il y a entre moi et votre texte, je suis déchirée !

        mais je crois me souvenir que je m’éloignais déjà de vos bons sentiments, que non seulement je respecte mais approuve, tandis que politiquement je sais que nous n’en sommes plus là.

        ma colère m’interdit de rêver demander ; mon idéalisme m’empêche de rêver à la solidarité universelle ; j’ai tellement en cœur que nous sommes tous capables d’avoir quoi donner et quoi recevoir, que ces mots de solidarité, revenus, retraite égalité, universel, me semblent agresser notre essence : nous ne sommes pas égaux, mais nous sommes tous vivants, aucun d’entre nous n’a demandé à venir au monde, chacun fait comme il peut à partir de là d’où il vient,etc.

        Aussi : virons les malfaisants, les nuisibles, ce pouvoir usurpé n’est pas une fatalité et, pour recommencer le monde, oublions ces concepts, ces mots démodés, cette soumission aux puissants, cette acceptation du pouvoir.

        dans un monde vertueux aucun de ces problèmes ne se pose ; mais dans un monde vertueux aucune incompétence, aucune arrogance, aucune paresse, aucune exploitation, aucun sadisme ; aujourd’hui nous sommes au bout : sadisme. ce n’est même plus la quête de richesse, c’est faire trimer les vieux, mais avant : la jouissance de leur soumission.

        ma colère n’est pas près de s’éteindre.

        Bien à vous, Karol


        • saint louis 10 janvier 2023 21:58

          @alinea
          La cause de nos dérivent sociales vient d’un seul facteur qui démolit tout sur son passage.
          C’est le monde du fric.
          Tout le monde en veut le maximum sans faire de gros effort.
          Et tout le monde régresse.
          Reste ceux qui croient encore aux vertus essentielles des vraies valeurs disparues pour beaucoup.


        • Karol Karol 11 janvier 2023 07:08

          @alinea
          Bonjour Alinea,
          Merci pour votre message. Je suis heureux de vous lire et sachez que je fais mienne votre colère. Bien à vous.


        • christophe nicolas christophe nicolas 11 janvier 2023 09:25

          L’obsession de Macron voulant réformer les retraites pour rendre les caisses bénéficiaires au lieu de les gérer à l’équilibre comme le demandent les syndicats est étrange. Après réflexion, la manoeuvre de Macron est très simple, elle consiste à diminuer l’épargne des Français en banque donc votre pouvoir de créer de l’activité pour la transférer en capital au profit des fonds financiers qui capitalisent la manne. Ainsi, il transfère votre puissance d’investissement au profit de ses amis mondialistes des fonds d’investissement. N’oubliez pas qu’un établissement financier agit par effet de levier, pouvant créer 10 à 20€ de crédit pour 1€ déposé.

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