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Accueil du site > Tribune Libre > Réforme des retraites : Point de situation

Réforme des retraites : Point de situation

La réforme des retraites en 2023.

Macron l'a confirmé lors des vœux du nouvel an : “cette année sera celle d’une réforme des retraites”. Après l'échec d'une réforme structurelle en 2019, avec la “retraite par points", Macron tente une réforme paramétrique qui allonge l'âge du départ à la retraite.

Depuis trente ans chaque gouvernement propose une nouvelle attaque contre notre système de retraite. Chronologie.

Le retraite par répartition existe depuis 1945, la retraite à 60 ans depuis 1983. Chacune des “réformes” successives a sévèrement dégradé nos retraites. La réforme Macron serait le coup de grâce.

Le journal Le Monde - Décodeurs propose un dossier factuel intéressant à propos de la réforme Macron. Le Monde

Et le Collectif Nos retraites une argumentation solide contre la réforme 2023. Argumentaire

Bien que ce ne soit pas le sujet de ce billet, on peut se faire une idée des conséquences de la future réforme : Harribey Libé

Le contexte politique.

La plupart des partis de gauche se mobilisent, avec plus ou moins d'ardeur, contre la réforme des retraites afin de répondre aux attentes de leurs électorats respectifs, dans un climat de division politique.

La plupart des partis de droite approuvent la réforme, mais la droite est divisée. Les députés Renaissance, Modem, Horizons et quelques indépendants voteront la réforme.

Les députés RN devront s'abstenir ou se prononcer contre la réforme car leur électorat est majoritairement contre.

Les députés LR sont tous en faveur d'un allongement de l'âge de la retraite qui figurait dans leur programme en 2022. Ils ne peuvent pas soutenir Macron, il en va de leur survie politique. Mais ils ne peuvent pas s'opposer à une réforme que leur électorat soutient.

Les négociations entre le gouvernement et les responsables LR sont donc intenses. En effet il suffirait que les députés LR s'abstiennent pour que la réforme soit votée à la majorité relative, donc sans 49.3. 

Selon les informations disponibles il semble qu'un accord minimal ait été trouvé, mais rien n'est sur. Sans l'appui de LR le texte sera voté avec le 49.3 fragilisant l'arc politique bourgeois.

Le contexte syndical.

Entre septembre et décembre 2022 le gouvernement a engagé trois séries de négociations avec les syndicats. L'objectif était de rallier les syndicats “réformistes" autour du projet de réforme, ou du moins d'obtenir leur neutralité bienveillante.

Mais les adhérents des syndicats sont majoritairement contre le report de l'âge de la retraite. Donc tous les syndicats - sans exception - sont contraints de se déclarer contre la réforme, quelle que soit leur véritable opinion.

De même tous les syndicats sont obligés de participer à une “mobilisation” minimale. Puisque cette mobilisation aura lieu avec ou sans leur participation. Ils sont donc obligés de faire semblant de l'organiser afin de la contrôler.

Cependant l'unité syndicale est fragile. A la première occasion les syndicats “modérés” comme la CFDT, FO, CGC, UNSA, etc. tenteront de casser l'unité d'action en agissant séparément. Se fier à la mobilisation syndicale contre la réforme des retraites c'est comme marcher sur une planche pourrie qui peut céder à tout moment.

Concrètement, la “mobilisation” syndicale a été presque inexistante dans le dernier trimestre 2022 au motif d'attendre le texte de la réforme. Alors que la mesure de report à 64 ou 65 ans est évidemment connue depuis longtemps.

Pour la suite l'intersyndicale construira une mobilisation symbolique. Sous prétexte de respecter une “unité syndicale” factice, les actions seront toujours basées sur les propositions des syndicats les moins combatifs.

Toutefois tous les syndicats se battront avec la dernière énergie contre les tentatives de coordonner les mobilisations et les luttes afin de paralyser le pays et d'obliger le gouvernement à reculer. Car un syndicat ne fait pas de politique.

Le contenu de la réforme

La réforme des retraites proposée par Macron se décompose en deux parties :

Le cœur de la réforme :

  • allonger l'âge de départ à 64 ou 65 ans,
  • supprimer les derniers régimes spéciaux,
  • éventuellement augmenter la durée de cotisations.

Les mesures d'accompagnement :

  • une retraite minimum
  • étudier l'emploi des seniors
  • étudier les carrières longues
  • prendre en compte la pénibilité

Les mesures complémentaires sont affichées pour tenter d'amadouer l'opinion publique et négocier la collaboration des syndicats. Mais ce sont essentiellement des promesses. Face à l'opposition du Medef elles n'ont aucunes chance d'être réellement appliquées.

Quant à la retraite minimum elle est conditionnée à une carrière complète, donc 42-43 ans, les carrières incomplètes ne toucheront pas plus que l'actuel ASPA. Enfin s'agissant d'une allocation différentielle elle pourra être réduite du montant des aides sociales. Le gain final sera faible voire nul.

Procédure législative

Sur la forme, deux solutions législatives sont possibles :

• soit un seul projet de loi pour l'ensemble de la réforme,

• soit la mesure d'âge dans un PLFSSR et les mesures complémentaires dans un projet de loi.

La deuxième solution est privilégiée mais le choix final reposera sur plusieurs critères :

  • La rapidité de la procédure, pour un PLFSS le délai maximum est de 50 jours.
  • La possibilité de voter la loi sans le 49.3 avec le soutien des députés LR
  • Faciliter le vote du projet en le scindant en deux parties

Dans tous les cas le gouvernement est assuré d'atteindre l'objectif principal : augmenter l'âge de départ. Le faire avec un minimum de casse politique et sociale est relativement secondaire.

L'analyse de la réforme

Tous le monde a bien compris que la réforme pénalisera gravement les salarié(e)s et plus particulièrement les moins riches. Et donc profitera au patronat.

Néanmoins il existe réellement un problème de financement des retraites sur le long terme. Pas seulement pour des raisons démographiques puisque l’espérance de vie stagne. Mais plutôt parce que le financement de la sécurité sociale est structurellement laminé par les baisses et les exonérations de cotisations sociales patronales.

Le débat autour du report de l'âge de départ à la retraite se résume à ce choix :

  • faire payer le patronat en rétablissant le niveau normal des cotisations sociales
  • réduire les retraites en diminuant leur volume et la durée de versement

Quelqu'un doit payer, ce sera le patronat ou les salariés. La réforme Macron se propose de faire payer les salariés. Evidemment la décision finale dépendra du rapport de forces entre salarié(e)s et gouvernement/patronat.

La mobilisation intersyndicale

Actuellement l'intersyndicale qui regroupe la plupart des syndicats et des organisations de jeunesse dirige la mobilisation contre la réforme des retraites. Malgré des initiatives éparses comme la marche LFI ou les manifestations à Montpellier. Et la tentative de réactivation des gilets jaunes n'a guère réussi.

Le déroulement de la “mobilisation” est plus ou moins prévisible, selon ce calendrier :

  • 10 janvier :
    annonce des détails de la réforme des retraites dont les grandes lignes sont déjà connues
    réunion de l'intersyndicale pour fixer les modalités de la “mobilisation” symbolique
  • courant janvier :
    en parallèle une série de grèves catégorielles liées aux NAO et autres revendications
  • 21 janvier :
    manifestation assez importante à Paris par la jeunesse et LFI contre la réforme Marche
  • 19/23/26 janvier :
    première grande manifestation intersyndicale contre la réforme
  • 23 janvier :
    le projet de loi est présenté en conseil des ministres
  • début février :
    le texte de loi proposé est examinée au Parlement
  • courant février :
    série de trois grandes manifestation intersyndicales
    sur fond de grèves catégorielles successives
  • mi mars :
    le texte de loi allongeant l'âge de départ en retraite est voté par le Parlement
  • courant mars :
    deux ou trois grandes manifestations intersyndicales d'amplitudes décroissantes

Quelques réflexions.

Tel est schéma idéal de la “réforme” des retraites 2023, tel qu'il est rêvé par la droite, une partie de la gauche et quelques directions syndicales que je nommerais pas, chacun reconnaîtra les siens :)

Pour ceux qui ont gardé la mémoire des mobilisations précédentes ce processus rappellera fortement la mobilisation de 2010 contre la réforme Sarkozy qui a porté la retraite à 62 ans.

Du point de vue des salarié(e)s le problème à résoudre sera de ne pas rejouer 2010. Quand des dizaines de manifestations massives, dépassant souvent le million de manifestants selon les chiffres de la police, le triple selon les syndicats, n'ont pas suffi à faire reculer le gouvernement.

Pour faire avancer le débat on peut faire plusieurs remarques.

1 - Il faut accentuer le travail de communication pour diffuser les conséquences de la réforme sur les salarié(e)s. C'est une erreur de penser que tout le monde est complètement informé. Surtout avec l'appareil médiatique aux mains des capitalistes qui diffuse en continu enfumage et fausses informations. Cf Acrimed

2 - Il est vital de réussir des manifestations massives. Les grandes manifestations intersyndicales sont indispensables. Elles permettent déjà de se compter. Et elles permettent de réunir des gens qui pourront s'organiser pour aller plus loin. Il faut lutter contre le découragement après des années de défaites sociales et réhabiliter la manifestation même symbolique.

3 - Pour gagner il faut réussir à paralyser le pays. Proposer la grève générale n'est pas opérationnel. D'une part parce que tout le monde ne veut pas ou ne peut pas faire grève. D'autre part parce depuis plus d'un an toute la France est déjà en grève, mais par roulement !

Il est bien plus efficace d'essayer de regrouper les luttes, par exemple en utilisant les secteurs clés (transport, énergie, distribution ...) pour mobiliser d'autres entreprises. Ou encore en coordonnant différents secteurs en lutte localement ou nationalement. A noter que l'existence d'une coordination nationale (démocratique !) des salarié(e)s déstabiliserait complètement le gouvernement.

Ajoutons pour être complet, que depuis 2016 les provocations et les violences policières ont rendu les mobilisations sociales bien plus difficiles. Le problème de l'autodéfense des manifestations va se poser à nouveau. Les blackblock devraient être incités très fermement à quitter nos manifestations. Eventuellement en leur fournissant de bonnes adresses de banques ou de locaux fachos, restons humains :)

Tels sont les défis qui nous attendent si l'on décide de sauver notre système de retraite. Et ne pas rééditer le fiasco de 2010 !


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16 réactions à cet article    


  • zygzornifle zygzornifle 10 janvier 2023 09:03
    Ce sont ceux qui sont bien au chaud en costard cravate et qui n’ont jamais travaillés qui prennent des discisions pour ceux qui se ruinent la santé dans les conditions de travail médique, et ce sont les mêmes qui sont payés plusieurs smic par mois qui prennent la discision de racler les salaires les plus bas et les petites retraites ....

    • zygzornifle zygzornifle 10 janvier 2023 09:06

      La plupart des partis de droite approuvent la réforme

      Normal, ils suivent Macron comme un chien une saucisse espérant se faire remarquer par le monarque et pouvoir ainsi entrer sans son harem .....


      • lecoindubonsens lecoindubonsens 10 janvier 2023 10:32

        Dommage de débattre sur un age légal et une durée de cotisation, chacun devrait pouvoir choisir librement pour son cas perso.

        Dommage de toujours raisonner en termes de conflit et rapport de forces, une solution équitable devrait être un objectif commun.

        Dommage de considérer que le maintien du budget retraite vers 14% du PIB est un bon objectif. Avec l’allongement de la durée de vie, ce % devrait logiquement augmenter.

        Dommage de raisonner en petit comptable en réduisant le nombre de retraités pour équilibrer les budgets retraites. Il faudrait une vision plus globale, un choix entre payer des retraités ou payer des chômeurs.

        Dommage de ne pas admettre le principe de répartition qui est pourtant le seul viable car, quel que soit le principe comptable, nous consommons ce qui est produit par les actifs du moment

        Dommage de raisonner en petit comptable en réduisant le nombre de retraités pour équilibrer les budgets retraites. Alors qu’il suffit d’équilibrer en répartissant le budget retraite en fonction de total cotisé et de l’espérance de vie à l’age librement choisi pour le départ.

        Dommage de mettre plus de cerveaux et bras sur le marché du travail (retard retraite et remise en cause 35h) alors qu’il y en a déjà des millions que nous ne savons pas utiliser correctement (gérer plutôt les problèmes de formation et conditions de travail / rémunérations)

        Dommage de ne pas admettre les principes de l’universalité (un euro cotisé = mêmes droits pour tous) qui est le seul équitable.

        Dommage de traiter la pénibilité dans le dossier retraite alors qu’il faut le traiter via les conditions de travail / rémunérations (plus de cotisation permet de partir en retraite plus jeune)

        Dommage de traiter « les enfants » dans le dossier retraite alors qu’il faut le traiter via des « revenus » par enfant, donnant lieu à cotisations (plus de cotisation permet de partir en retraite plus jeune)

        Bref réfléchir ensemble, au lieu de s’affronter, pour construire un système équitable.


        • lecoindubonsens lecoindubonsens 10 janvier 2023 10:52

          @lecoindubonsens
          Dommage de reprendre bêtement sans réfléchir de fausses évidences comme
          « nous vivons plus vieux, donc il faut travailler plus vieux »
          « les autres travaillent jusqu’à xx ans, donc nous devons le faire »
          « en 19xx, 4 travailleurs pour un retraité et en 20xx seulement 2 travailleurs pour un retraité »
          « le budget retraite rester stable en %PIB »

          Alors que le bon raisonnement devrait être

          • quels sont les biens et services que nous voulons consommer
          • quelle est la masse de travail nécessaire pour cela (en recherchant la meilleure productivité / automatisation qui ne sont pas des nuisances mais des aides)
          • adapter les formations, conditions de travail, rémunérations pour utiliser tous les citoyens voulant travailler et produire
          • assurer l’équilibre global entre ces moyens de production (bras et cerveaux) nécessaires tout en laissant un grand choix, grande liberté au niveau individuel. Certains veulent travailler beaucoup pour consommer cher, d’autres préfèrent consommer moins pour travailler moins, pourquoi s’en offusquer si l’équilibre global reste possible.

        • zygzornifle zygzornifle 10 janvier 2023 12:15

          L’âge légal de départ a la retraite va être remplacé par l’âge létal celui ou on crève ......


          • véronique 10 janvier 2023 18:01

            J’écoute la présentation du projet de réforme. Tiens. Lemaire n’a pas mis son col roulé. 

            Alors ils ne veulent pas baisser le montant des retraites (directement). Et iils ne veulent pas augmenter les cotisations salariales. Donc selon eux, la seule solution c’est de travailler plus longtemps....

            Mais devoir travailler plus longtemps, c’est en pratique et globalement réduire le montant des retraites (ça révolte Lemaire que le taux d’emploi des séniors soit faible, quelle blague).

            Une solution non envisagée c’est l’augmentation des cotisations patronales (qui ont été anormalement réduites notamment ces dernières années), en particulier dans les grandes entreprises.


            • touriste 10 janvier 2023 22:22

              @véronique
              Le rétablissement des cotisations sociales patronales résoudrait le problème du financement. Je n’ai pas fait de calcul précis mais la Cour des comptes parlait de 90 milliards d’exonérations chaque année. Et il ne manque qu’un douzaine de milliards pour équilibrer les retraites. A mon avis le compte serait bon.


            • véronique 11 janvier 2023 08:47

              @touriste

              A mon avis le compte serait bon

              ___________

              À mon avis aussi. 
              Et à côté de la question fondamentale des cotisations patronales, surtout pour les grandes entreprises, il y a d’autres questions qui sont peu ou pas abordées.
              Déjà le fait que le projet de réforme touche des personnes qui sont à moins de 5 ans de la retraite, drôle de surprise. Et ça crée une source d’insécurité.
              Sur la retraite elle-même, quid des années d’études qui retardent l’entrée dans la vie active sans donner aucun droit à la retraite ?
              Il y a aussi la question du plafonnement des cotisations. On paie proportionnellement moins de cotisations retraite quand on perçoit 6000 euros mensuels plutôt que 3000.
              Et puis quid des régimes complémentaires ? À cotisations égales, quels montants sont versés par le régime de base d’une part, et par les régimes complémentaires d’autre part ? L’argent étant dur à gagner pour la plupart, autant ne conserver que le système le plus efficace.


            • lecoindubonsens lecoindubonsens 11 janvier 2023 09:28

              N’opposons pas entreprises (qui paient un superbrut) et salariés (qui reçoivent un net payé) avec un débat prélévement sur part patronale ou sur part salariale. Dans tous les cas, c’est la même différence entre superbrut et netpayé.

              Mais augmenter cette différence pour régler le problème des retraites est effectivement la bonne solution. Et facilement réalisable.

              Le problème décrit est un déficit de 15 à 25 milliards par an d’ici 2040.

              Ramené aux 24 millions de travailleurs actuels, cela fait au maximum 1000 euros par an, 80 euros par mois à comparer au salaire moyen de 2400 euros (donc seulement 40 euros pour ceux au smic à 1200).

              Supposons que les salaires mensuels superbrut soient augmentés de 80 euros en moyenne (40 pour smic) sans toucher le netpayé, plus de problème de retraite !

              Certes, cela conduirait sans doute à une inflation globale de +3% vers 2040 (les +80 sur 2400). Est ce un réel problème de faire +3% en presque 30 ans alors que nous venons de faire presque 10% en un an !

              Ridicule de se fixer comme objectif le maintien du budget retraite à 13% du PIB si l’on accepte l’augmentation de la durée de vie moyenne, et si l’on souhaite raccourcir (ou ne pas augmenter) la durée de la vie active.

              Et le « un euro cotisé = même droit pour tous » qui était le point essentiel positif au début du projet, est maintenant totalement oublier !

              Et motiver le projet par « maintenir l’équilibre » alors que pour les fonctionnaires les cotisations ne pèsent qu’environ un quart des retraites« , on est bien loin de l’équilibre, et ces retraités gardent toujours les avantages »75% sur dernier salaire au lieu de 50% sur moyenne 25 ans".

              De qui se moque-t-on ?

              Mais de nous !


              • véronique 11 janvier 2023 11:16

                @lecoindubonsens

                Et le « un euro cotisé = même droit pour tous » qui était le point essentiel positif au début du projet, est maintenant totalement oublier  !

                ------------------

                Tant mieux qu’il ait été totalement oublié.
                Voilà typiquement le genre de mesure destiné à rouler les gens dans la farine.
                Ça paraît équitable, « juste », comme ils disent.... mais c’est tout le contraire.
                C’était la pire mesure, celle qui remettait vraiment en question le régime par répartition. En remplaçant le principe du salaire continué par un principe de salaire différé (actuellement on ne cotise pas pour plus tard, mais pour maintenant, en payant les pensions des retraités, donc il n’y a pas de rapport nécessaire entre ce qu’on cotise et la retraite qu’on perçoit soi-même), qui serait donc calculé sur la totalité de la carrière. Alors bien sûr, on y va progressivement, déjà par l’allongement de la période de référence, et par l’introduction de ce système dans certains régimes de base (agricole notamment depuis 1991 ou 92), les régimes complémentaires fonctionnant déjà comme ça depuis longtemps. Mais justement il serait temps que les gens comprennent la signification des réformes (bonjour black rock) et qu’ils réagissent.


              • lecoindubonsens lecoindubonsens 11 janvier 2023 12:10

                @véronique
                « il n’y a pas de rapport entre ce qu’on cotise et la retraite qu’on perçoit soi-même »
                vous présentez cela comme un défaut, alors que cela me semble le seul truc équitable, chacun son opinion.

                L’équitable me semble être un système dans lequel

                1. les actifs laissent une part de ce qu’ils produisent (sous forme de prélévements sur leurs revenus) aux retraités. Et le % évolue en fonction de la démographie. L’objectif de stabilité vers 13/14% est stupide !
                2. les retraités se partage ce gateau/budget global en fonction de leur total cotisé (dit autrement en fonction de leur participation à la production quand ils étaient actifs)

                qu’en pensez vous ?

                Pour illustrer, prenons un exemple caricatural, excessif. Actuellement seulement 24 millions de producteurs pour 68 millions de consommateurs (ça, ce n’est pas excessif, c’est la réalité actuelle), et imaginons, utopie pour l’instant, qu’avec l’évolution de la technologie, on arrive à produire tout ce qui est nécessaire en travaillant seulement 10 ans au lieu de 40, 6 millions d’actifs (au lieu de 24) pour 68 millions de consommateurs (dont sans doute environ 40 millions de retraités). Serait-il raisonnable de ne laisser que 13% du PIB à 40/68 = environ 60% de la population (les retraités). Ce % ne peut que suivre l’évolution démographique, et le ratio entre actifs et retraités. Dans cet exemple « cas d’école », les actifs produiraient toujours un PIB de 2500 milliards, 4 fois moins nombreux, ils auraient donc un superbrut multiplié par 4, mais le % des prélévements (ratio actuel de 2 entre superbrut et netpayé) serait nettement plus important. Pas de mystère : si peu de producteurs pour beaucoup de consommateurs, les producteurs doivent largement partager. Mais la contrepartie est « peu de temps producteur sur une vie » et pouvoir d’achat fourni par les producteurs du moment pour nos périodes jeunes et retraités.


              • lecoindubonsens lecoindubonsens 11 janvier 2023 12:20

                @véronique
                « C’était la pire mesure, celle qui remettait vraiment en question le régime par répartition »
                Non, dans mon post précédent, vous voyez que que restons dans un système de répartition (ok avec vous, c’est le seul réaliste car quel que soit le système comptable pour les retraites, les consommateurs du moment ne font que se partager la production du moment).
                Mais ce n’est pas contradictoire avec « un euro cotisé = même droit pour tous »
                qui est le seul système équitable. Contestez vous cette équité ? Pourquoi ?


              • véronique 11 janvier 2023 16:46

                @lecoindubonsens

                En théorie on restait dans un système par répartition. En pratique on transformait totalement le système dans son principe, ce qui nous conduisait tout droit à remplacer la répartition par la capitalisation.

                Un euro cotisé qui donne le même droit pour tous, c’est de l’arnaque dans notre système actuel. Parce que ça veut dire que le montant de la retraite dépend entièrement de la carrière réalisée, qui dépend quant à elle du marché du travail, du marché tout court et des aléas de la vie. Il est plus équitable de calculer la retraite sur une période de référence, pour l’instant les 25 meilleures années. Ça veut dire aussi qu’on quitte le mode de calcul propre à la répartition, pour un mode de calcul qui est celui de la capitalisation, obtenir en fonction des montants cotisés. Donc il n’y a plus grand-chose à faire pour basculer carrément dans le système de retraite par capitalisation. Réduire la valeur du point par exemple, et confier les clés du coffre aux fonds de pension.
                Notre système actuel, c’est celui du salaire continué, et non celui du salaire différé. On ne met pas d’argent de côté pour qu’on nous le rende plus tard. On cotise pour verser maintenant aux retraités une pension qui reflète leur meilleur salaire, et non leur carrière complète. En revanche, si clairement on choisit un système par capitalisation auprès de fonds de pension, alors effectivement ce sera juste de donner la même pension pour un même montant cotisé.


              • véronique 11 janvier 2023 19:28

                @lecoindubonsens

                L’évolution démographique doit être prise en compte, c’est certain, mais ce n’est pas le premier indicateur. Ce qui compte vraiment, c’est le montant total des cotisations. Que ce montant total soit versé par 40 millions, 20 millions, ou 5 millions de personnes, ça n’a pas d’importance. En revanche, il faut que ce montant total permette de payer toutes les pensions. C’est trop simpliste de faire peur aux gens en comparant l’évolution de la proportion des retraités par rapport aux actifs (je ne dis pas ça pour vous, c’est plutôt en réaction à ce que disent les macronistes).
                S’il y a moins d’actifs, mais qu’ils gagnent davantage de revenu, ça peut compenser la hausse du nombre de pensions à payer. Il est donc plus pertinent de parler en termes monétaires plutôt qu’en termes démographiques. La question c’est de savoir combien d’euros il faut et de combien on dispose. Pour cette raison, on peut rester à 13 ou 14 % du pib, puisque ce pourcentage ne donne pas vraiment d’indication. Si le pib augmente, il y aura davantage de cotisations. À mon avis il vaut mieux d’ailleurs ne pas s’enfermer dans un pourcentage.


              • lecoindubonsens lecoindubonsens 12 janvier 2023 00:12

                @véronique
                « on peut rester à 13 ou 14 % du pib »

                Ce % de PIB indique la taille du gâteau pour les retraités (les autres parts devant normalement être pour les jeunes et pour les actifs).

                Vous aurez du mal à me convaincre que la part du gâteau doit rester la même en %, peu importe que la part des retraités représente 10%, 30%, voire 50 ou 60% de la population globale (des consommateurs)

                Mais ok sur
                « L’évolution démographique doit être prise en compte »
                "Ce qui compte vraiment, c’est le montant total des cotisations. Que ce montant total soit versé par 40 millions, 20 millions, ou 5 millions de personnes, ça n’a pas d’importance"

                et ok si vous écriviez que les cotisations peuvent n’être payées que par 13% des citoyens si ces 13% arrivent à produire suffisamment pour tous (avec alors un très gros écart entre leur superbrut et leur netpayé), mais en monétaire, la part des retraités serait alors très supérieure aux 13%


              • lecoindubonsens lecoindubonsens 12 janvier 2023 00:26

                @véronique
                nous partageons le principe de répartition, mais manifestement avec une compréhension différente du contenu.

                pour vous, c’est « Notre système actuel, c’est celui du salaire continué », c’est presque vrai pour les fonctionnaires avec 75% du dernier salaire, mais c’est déjà faux pour les autres avec 50% des 25 meilleures années.

                Ensuite quel que soit le montant donné à chacun, nous ne nous partageons que la production des actifs du moment. En caricaturant, imaginer seulement un million d’actifs (au lieu des 24 actuels) produisant chacun comme aujourd’hui, donc en gros production globale divisée par 24. Quel que soit votre retraite, vous ne pourrez pas acheter grand chose car il y aura si peu a vendre que tout sera hors de prix, donc votre salaire continué ne sera pas « pouvoir d’achat continué ».

                La retraite par répartition, c’est

                1. définir la part du gateau que les actifs laissent aux retraités (et le 13% stable n’est pas raisonnable avec l’evolution de la démographie)
                2. trouver une régle équitable pour se partager cette part de gateau entre retraités, et le total cotisé semble équitable car il traduit la participation de chacun à la production sur une vie entière d’actif.

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