L’OTAN, l’influence américaine et la guerre en Ukraine
La déclaration du Premier ministre finlandais Sanna Marin selon laquelle l’Europe n’était pas assez forte pour résister à une invasion russe en Ukraine sans le soutien des États-Unis semble surprendre certains observateurs, alors qu’il s’agit en fait d’une confirmation de la réalité existante.
La première ministre finlandaise, dont le pays attend une décision sur son adhésion à l’OTAN, a commencé sa déclaration en disant qu’elle devait être très franche et que l’Europe pourrait être en difficulté sans les États-Unis. Ce n’est pas la fin du problème et cela n’a rien à voir avec les estimations statistiques ou les comparaisons quantitatives.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les États-Unis ont soutenu Kiev avec environ 18,5 milliards de dollars, en plus du renseignement, de l’information et du soutien politique. Cette aide dépasse le soutien total apporté à l’Ukraine par l’ensemble des pays européens.
D’ici la fin de l’année, l’UE devrait avoir fourni environ 7,2 milliards d’euros d’aide en espèces depuis le début de la guerre en février. L’Union européenne envisage toujours un nouveau programme d’aide financière à l’Ukraine après que les promesses européennes annoncées plus tôt dans l’année semblent être au point mort.
Le dilemme ne concerne pas seulement le passé, mais aussi l’avenir, car l’Ukraine aura besoin d’environ 38 milliards de dollars l’année prochaine. Il s’agit d’un montant énorme, dont l’administration Biden est disposée à fournir la moitié, alors que l’UE n’a pas encore accepté les 3 milliards d’euros restants du paquet d’aide de 9 milliards d’euros que l’Ukraine a promis en mai dernier.
L’Europe débat également encore de la manière de formuler un plan d’aide à l’Ukraine et de répartir les fonds. Les membres de l’UE ne sont pas d’accord sur la question de savoir si l’aide doit prendre la forme de subventions ou de prêts à faible taux d’intérêt, et quelles garanties doivent être données pour ces prêts.
Le dilemme européen ne se limite pas à la mise à disposition de fonds, que ce soit sous forme de dons ou de prêts, mais implique également de limiter la capacité à fournir une assistance militaire à l’Ukraine. Des rapports confirment une réduction des stocks d’armes en raison du retrait d’un grand nombre d’armes qui devaient être livrées au pays.
En Europe, il est urgent de reconstruire les capacités de défense et de développer les industries liées au secteur pour répondre à la demande alors que les pays du continent souffrent d’une crise énergétique causée par la guerre en Ukraine et l’interruption de l’approvisionnement en gaz russe. Cependant, un tel dilemme n’est pas le résultat de la guerre en Ukraine.
Tout le monde se souvient des discussions animées entre l’ancien président américain Donald Trump et les dirigeants européens au sujet de l’allocation de fonds pour la défense européenne. En 2020, les États-Unis ont consacré environ 3,7 % de leur PIB au budget de la défense. Pour les autres membres de l’OTAN, ce n’était que 1,77 %.
Il est vrai qu’après la guerre en Ukraine, il y a eu une sorte de réveil européen de l’attention aux dépenses de défense. L’Allemagne a annoncé une enveloppe supplémentaire de 113 milliards de dollars pour le budget de la défense. Il prévoit de porter sa contribution au budget de l’OTAN à 2 % du revenu national.
Le Royaume-Uni portera ses dépenses de défense à 2,5 % du PIB d’ici la fin de la décennie. Toutefois, il faudra un certain temps pour que ces chiffres entrent en vigueur, et encore moins pour qu’ils soient réalisés dans la pratique.
Le dilemme de l’OTAN réside principalement dans la faiblesse des contributions des États membres au budget de l’Alliance, qui dépend fortement du soutien des États-Unis. L’Alliance compte sur le fait que tous les États membres contribuent au budget à hauteur d’au moins 2 % de leur PIB pour augmenter les capacités militaires de l’Alliance.
Cette exigence ne peut être satisfaite car certains membres ne sont pas en mesure d’apporter de telles contributions et d’autres ne sont pas convaincus qu’une telle exigence soit réellement nécessaire. Le résultat de tous ces débats se reflète dans les positions et les politiques de l’Alliance sur diverses crises et questions, notamment sur la question de l’Ukraine.
Lors de l’incident des deux missiles russes qui ont atterri dans un village polonais le mois dernier, tout le monde a pu constater à quel point l’OTAN est dépendante de la décision des États-Unis.
Dès que Washington a annoncé que les deux missiles n’avaient pas été lancés par la Russie et a essayé de contenir la situation, les membres de l’OTAN ont abandonné leurs positions de forte escalade contre la Russie dans le contexte de cet incident et ont commencé à s’accorder sur une chose : le missile était ukrainien. C’est la dure réalité.
Mais ce fait a été annoncé en Europe seulement après qu’il ait été accepté à Washington et que les membres de l’OTAN aient compris que les États-Unis n’avaient pas l’intention d’adopter une position d’escalade contre la Russie à cause de cet incident.
Toutes ces indications confirment que la position finlandaise, caractérisée par un haut degré de sincérité, ne fait que refléter la réalité de l’influence et du rôle des États-Unis au sein de l’OTAN, ce qui signifie que le lien intégral entre Washington et ses alliés atlantiques demeurera, du moins dans un avenir prévisible, et que ces alliés auront du mal à se débarrasser de l’influence américaine sur la prise de décision dans l’Atlantique, voire à la freiner.
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