Une courte guerre nucléaire en Europe, en 2023, mettra fin à la guerre en Ukraine et marquera le début d’une nouvelle ère pour l’humanité
Que se passe-t-il aujourd’hui en Russie avec l’ordre de mobilisation partielle annoncé par le président Vladimir Poutine, le
- Les rapports Occident-Russie et le danger que la guerre en Ukraine déborde
En Europe et aux États-Unis, la fébrilité est de mise ; les réactions sont mitigées et expriment réellement l’inquiétude ce qui peut résulter de la guerre en Ukraine. A peine quelques heures après l'annonce d'un référendum dans les régions séparatistes et pro-russes et le début de la 77ème Assemblée des Nations unies, où la Guerre en Ukraine occupe une place importante, que le président Vladimir Poutine annonce à la télévision russe une mobilisation partielle des Russes en âge de combattre, ouvrant la voie à une escalade majeure dans le conflit en Ukraine.
Et ces 300 000 réservistes russes ne constituent que 1% de la ressource générale, selon le ministre de la défense Sergueï Choïgou ; ce qui signifie que la Russie peut aligner jusqu’à 30 millions de réservistes, soit deux-tiers de la population ukrainienne et en âge de combattre. C’est dire le formidable écart du potentiel de la deuxième puissance nucléaire du monde, la Russie, avec l’Ukraine, absolument incomparable.
Et le président russe s’est exprimé quelques heures après que les séparatistes aient annoncé la tenue d'un référendum les 23 et 27 septembre prochains pour intégrer les régions du Donbass, de Kherson et de Zaporijjia à la Russie. « Le but de cet Occident est d'affaiblir, de diviser et finalement de détruire la Russie », a lancé le président russe dans son allocution. Selon lui « Ils disent déjà directement qu'en 1991, ils ont pu diviser l'Union soviétique, et maintenant le moment est venu pour la Russie elle-même, qu'elle devrait se désintégrer en de nombreuses régions et régions mortellement hostiles. »
Face à la contre-offensive ukrainienne et aux défaites répétées de la Russie sur le terrain militaire depuis plusieurs semaines, Vladimir Poutine a annoncé une « mobilisation partielle ». Il déclare : « J'estime nécessaire de soutenir la proposition du ministère de la Défense de mobilisation partielle des citoyens en réserve, ceux qui ont déjà servi (...) et qui ont une expérience pertinente. » « Le décret sur la mobilisation partielle est signé et entrera en vigueur « aujourd'hui » », a ajouté le président russe.
Et le plus important est le nouveau tempo donné à la guerre en Ukraine, de l’annonce des référendums, la mobilisation partielle et la mise en garde nucléaire du chef de l’État russe à l’Occident, dans son allocution télévisée enregistrée. En effet, après les résultats des référendums et l’adhésion des quatre régions pro-russes ukrainiennes à la Russie, toute attaque contre ces quatre régions sera considérée comme une attaque contre le territoire russe. Et la mobilisation partielle et la mise en garde que le président russe lance à l’Occident dans son allocution sont suffisantes pour montrer que la guerre en Ukraine est à un tournant majeur en Europe et dans le monde. Il déclare que « Tous les moyens de défense, y compris nucléaires, pourraient être utilisés », ce qui éclaire sur ce que pourrait être la riposte russe à l’Ukraine et à l’Occident, son soutien, si un seuil est dépassé. « Je voudrais rappeler que notre pays dispose également de divers moyens de destruction, et pour certaines composantes plus modernes que ceux des pays de l'OTAN. Et si l'intégrité territoriale de notre pays est menacée, nous utiliserons certainement tous les moyens à notre disposition pour protéger la Russie et notre peuple. Ce n'est pas du bluff. », a affirmé le président Poutine.
Que peut-on dire de la situation d’aujourd’hui en Ukraine et des rapports Occident-Russie ? Qu’il y a réellement danger que la guerre en Ukraine déborde et s’étende à d’autres régions d’Europe, principalement dans un premier temps à l’Europe de l’Est, par où transitent les armements américains, français, anglais, allemands à destination de l’Ukraine, et dans un deuxième temps une menace que le conflit nucléaire touche aussi l’Europe de l’Ouest. Et les pays d’OTAN restent campés sur leurs positions dans le soutien qu’ils octroient à l’Ukraine.
Son secrétaire général Jens Stoltenberg a déclaré, lors d’une interview, en décembre 2021 : « Je viens moi-même d'un petit pays frontalier de la Russie, et je suis très heureux que nos alliés de l'OTAN n'aient jamais respecté le fait que la Russie a le genre de droit d'établir une sphère d'influence dans le nord, en essayant de décider ce que la Norvège en tant que petit pays indépendant pays peut faire ou ne pas faire. Et c'est exactement la même chose pour l'Ukraine. »
Donc, cette idée que le soutien de l'OTAN à une nation souveraine est une provocation est tout simplement fausse. C'est pour respecter la souveraineté de la volonté du peuple ukrainien. Je pense donc que cela en dit plus sur la Russie que sur l'OTAN.
Seuls l’Ukraine et les 30 alliés décident quand l’Ukraine est prête à rejoindre l’Otan, la Russie n’a pas de veto, la Russie n’a pas son mot à dire, et la Russie n’a pas le droit d’établir une sphère d’influence pour essayer de contrôler ses voisins. » (1)
Devant deux positions contradictoires, il faut comprendre ce qui en ressort exactement du problème de l’Ukraine pour la Russie comme pour l’Occident. D’emblée, on doit dire qu’elles relèvent d’ordre existentiel. En effet, pour la Russie, les demandes qu’elle adresse à l’Occident ne sont pas simplement des exigences ou des lignes rouges, elles relèvent d’un ordre existentiel comme d’ailleurs pour les États-Unis et l’Europe qui cherchent à maintenir leur hégémonie sur l’Europe. On comprend pourquoi secrétaire général Jens Stoltenberg de l’OTAN met en avant le choix légitime du peuple ukrainien sauf qu’il tait les aspirations des communautés russophones à l’Est et au Sud de l’Ukraine. De même pour Vladimir Poutine qui parle de « guerre existentielle », comme on le lit dans une chronique, du journal Le Devoir :
« L’idée d’une guerre « existentielle » entre l’Est et l’Ouest, menée par Moscou sur la ligne de crête qu’est l’Ukraine en 2022, est fondamentale pour comprendre ce qui motive Vladimir Poutine et ceux qui l’appuient.
Pour Poutine, l’Ukraine, ce n’est pas seulement une histoire d’alliances militaires, d’expansion occidentale, de menace américaine et d’OTAN diabolisée. Ça, c’est la stratégie, la géopolitique : important… mais il y a autre chose.
L’Ukraine, c’est aussi la ligne rouge, une ligne de défense capitale de la tradition russe, d’une certaine conception de la civilisation, contre l’envahissement par la « décadence » capitaliste et occidentale. […]
Cet affrontement « existentiel »… l’est-il aussi aux yeux des Occidentaux, ou de ceux et celles qui représentent l’Occident ? » (2)
- L’« erreur » de l’Occident est d’avoir cru, après le repli des forces russes du centre vers le sud, que c’est le début de la défaite de la Russie
Oui, l’Occident doit aussi se poser la question sur le côté existentiel de l’affrontement en cours en Ukraine. Le problème est que, lorsqu’on entend les déclarations du président Joe Biden, à Varsovie, le 26 mars 2022, il y a une non perception des dangers qui guettent l’Occident et le monde. Comme on le lit dans le NouvelObs lorsque « Biden a réaffirmé le 26 mars 2022, à Varsovie, que l’article 5 du traité de l’Otan, stipulant que l’attaque contre un pays membre est une attaque contre tous, constitue un « devoir sacré » pour les Etats-Unis.
Le président américain a donné cette assurance lors de son entretien avec le président polonais Andrzej Duda, dont le pays craint l’agressivité de Moscou après le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine. Il a ajouté : « vous pouvez compter là-dessus », avant de citer une ancienne maxime polonaise « pour notre liberté et la vôtre ».
Ce mot d’ordre remonte à une insurrection polonaise contre l’occupation par la Russie tsariste, lorsqu’il avait pour but de montrer aux Russes que le soulèvement devait aussi les libérer du despotisme des tsars.
Joe Biden a déclaré aussi que le président russe Vladimir Poutine « comptait sur une Otan divisée », mais que cette division ne s’est pas produite. De son côté, Andrzej Duda a affirmé que les relations polono-américaines étaient « florissantes » et seraient « immensément renforcées » par la visite de son invité, et enfin que son pays était un allié « sérieux » des Etats-Unis.
Il a évoqué la coopération à venir avec les entreprises américaines dans les projets de centrales nucléaires en Pologne et souhaité que les entreprises aéronautiques polonaises puissent participer à la fabrication des hélicoptères américains Black Hawk. » (3)
Mais, au point où en sont les choses entre l’Occident et la Russie sur la guerre en Ukraine, peut-on dire que l’Europe n’est pas divisée malgré les sanctions prises en commun ? On parle déjà en Europe d’Europe de puissance, d’augmentation des budgets d’armements notamment pour l’Allemagne. D’autre part, la Russie pour précisément cette question existentielle et comme l’a déclaré le président russe qu’avec des preuves avérées sur la cobelligérance d’un pays européen, membre de l’Otan, ce pays serait considéré comme « participant au conflit armé », et donc susceptible d’être l’objet d’une attaque russe.
Dès lors, si une telle situation arrive, qu’un pays de l’Otan, qui a des frontières avec l’Ukraine, soit touché par des missiles russes, quelle sera la réaction de l’Otan ? Appliquera-t-il l’article 5 du traité de l’Otan, comme l’a déclaré le président américain, à Varsovie, « que toute attaque contre un pays membre est une attaque contre tous, et donc constitue un « devoir sacré » pour les Etats-Unis » ? Tout d’abord, au-delà de la déclaration de Joe Biden, devant la réalité, il est certain que l’Otan ne pourra pas s’attaquer à la Russie à moins de déclencher une Troisième Guerre mondiale. D’autant plus que l’attaque russe contre un pays de l’OTAN, frontalier avec l’Ukraine, ne pourrait s’opérer que s’il y a preuve de cobelligérance affirmée par Moscou.
Des condamnations en cascades vont fuser partout en Occident, mais les États-Unis et l’Europe seront obligés de reculer malgré l’article 5 du traité de défense collective des pays membres de l’OTAN. Pourquoi ? Parce qu’une riposte de l’OTAN ne serait pas une défense collective mais un suicide collectif. Et pourquoi alors a été acté le « principe de dissuasion nucléaire » ? Ce ne sont pas les puissances nucléaires qui l’ont acté mais l’arme nucléaire elle-même par ses destructions apocalyptiques qu’elle peut produire qui l’a acté. La Russie n’est pas la Corée du Nord, ni l’Inde ni le Pakistan ni la France ; en nombre d’ogives et de missiles porteurs, elle est la première puissance nucléaire du monde. Et même si elle était deuxième après les États-Unis, le nombre d’armes nucléaires est pratiquement équivalent.
Avec l’arme nucléaire, il n’y a pas de « devoir sacré » ni d’article 5 du traité de l’Otan, il y a d’abord un « problème de survie ». L’OTAN ne peut être en aucun cas offensif, le Pacte de l’Atlantique Nord a été créé en 1949 pour avant tout prémunir l’Occident d’une attaque nucléaire. Et l’URSS avait fait le premier essai d’une bombe nucléaire la même année. Donc, l’Otan, une organisation avant tout défensive, ne peut être offensive comme il l’a été au Proche et Moyen-Orient, contre l’Irak, la Syrie, l’Afghanistan… Mais contre la Russie, une puissance nucléaire à l’échelle mondiale, le rapport de force est tout autre, et surtout suicidaire si une partie rompt le consensus de dissuasion nucléaire.
Déjà avec l’Iran qui est au seuil nucléaire, seuil qui signifie que l’Iran pouvait du jour au lendemain, par des essais nucléaires, devenir une puissance nucléaire, a amené l’Occident à user de sanctions économiques et non de menaces de guerre. Israël, par exemple, a une peur « existentielle », compte tenu de l’exiguïté de son territoire, si l’Iran passe le seuil nucléaire.
Donc une riposte supposée de l’Otan contre la Russie, en réponse aux représailles russes contre un pays membre qui provoquerait une Troisième Guerre mondiale, ne sera en aucun cas une « défense sacrée collective des pays membres de l’Otan », mais plutôt un « suicide collectif de puissances à l’échelle mondiale ». Rien n’existera de puissance en Europe de l’Est, en Europe de l’Ouest, en Russie, aux États-Unis, et peut-être même en Chine, en Inde, au Pakistan…. L’Australie, le Japon seront certainement touchés en tant qu’alliés des États-Unis. Le monde entier entrera dans un hiver nucléaire, on ne saurait ce qui se passera après l’apocalypse et les radiations émises dans l’atmosphère terrestre. Que sera l’humanité ?
Donc, lorsque le président Vladimir Poutine a ordonné le quatrième jour de l’offensive russe contre l’Ukraine, le 27 février 2022, aux chefs des armées de « mettre les forces de dissuasion de l'armée russe en régime spécial d'alerte au combat », ce n’était pas pour faire peur, mais simplement pour avertir l’Occident des conséquences qui pourraient résulter de leurs actions dans le conflit armé en Ukraine. Et on a vu, en réponse, les atermoiements de l’Occident quant à une aide en moyens lourds à l’armée ukrainienne.
L’« erreur » de l’Occident est d’avoir cru lorsque la Russie a opéré, en début du mois d’avril 2022, un repli de ses forces de combat du centre de l’Ukraine vers l’Est et le Sud de l’Ukraine que c’est le début de sa défaite. En réalité, l’Occident a simplement voulu croire parce qu’il y allait de ses intérêts stratégiques en Europe orientale ; ils sont majeurs parce qu’ils assurent la prédominance des puissances occidentales, essentiellement des États-Unis et des puissances européennes (Grande-Bretagne, France, Allemagne) sur le monde.
- Les deux plus grandes puissances du monde, les États-Unis et la Russie, jouent leurs destins dans la guerre en Ukraine
Aussi la question : « Que sortira-t-il de cette guerre en Ukraine dont le peuple, pris en otage, se trouve à payer un lourd tribu, en souffrances, en nombre de morts, de blessés et d’handicapés à vie ? Un nouvel ordre géostratégique est en train de se profiler ? On peut comprendre pourquoi le président américain est allé à Varsovie, et tant de hautes personnalités occidentales, de ministres, de la Commissaire de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, à l’ex-Premier ministre Britannique, Boris Johnson, qui ont défilé et défilent encore dans la capitale ukrainienne, pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky ? Le but certes est pour aider le président ukrainien et aider l’Ukraine face à la Russie, mais le pourront-ils ?
Ne serait-il pas plus juste que l’Occident regarde pragmatiquement la guerre qui se joue en Ukraine ? N’est-ce pas que l’Ukraine dépend aujourd’hui de tout de l’Occident ? Sur tout, tant sur le plan économique, le soutien financier, militaire en armements, médiatique à l’échelle mondiale que sur les sanctions économiques occidentales contre la Russie qui fusent par vagues jusqu’à la condamnation de l’invasion russe par l’Assemblée générale de l’ONU, la suspension de la Russie du Conseil des droits humains de l’ONU et son exclusion du Conseil de l’Europe. Mais de plus en plus d’États du monde comme en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud se ravisent et ne donnent pas un chèque blanc à l’Occident dans la guerre en Ukraine.
La situation devient réellement dangereuse aujourd’hui avec l’ordre de « mobilisation partielle » en Russie. Les référendums dans les quatre régions russophones qu’ils ne soient pas reconnus par l’Occident importent peu pour la Russie qui se déclare en conflit avec l’Occident. Dans son discours du 21 septembre 2022, « Le but de cet Occident est d'affaiblir, de diviser et finalement de détruire la Russie », une affirmation du président russe que la Russie est en guerre contre l’Occident même si la guerre n’est pas déclarée. D’autre part, la Russie ne pourrait abandonner les populations russophones de l’Est et du Sud de l’Ukraine qui demandent à faire partie de a Fédération de Russie.
Dans la guerre en Ukraine, réside un dilemme, la Russie a opté pour l’intégration du Donbass, de Kherson et de Zaporijjia, l’Ukraine soutenu par l’Occident est déterminée pour libérer ses territoires.
Il est clair que les États-Unis n’ont pas d’autres options, donc pas de choix que d’aider par tous les moyens possibles l’Ukraine. Une victoire pour la Russie serait une déflagration pour l’Occident, remettant en cause l’OTAN et suscitant même le doute sur la cohésion des pays membres de la défense collective. Avec toutes ces aides massives en matériel de guerre et des milliards de dollars déversés sur l’Ukraine pour qu’au final c’est la Russie qui obtient la victoire et dictera ses conditions de paix, c’est impossible pour l’Occident, en particulier les États-Unis, d’accepter cette issue. Donc la guerre se poursuivra coûte que coûte jusqu’à épuisement des ressources de la Russie sur les fronts ukrainiens et le retrait de ses forces de l’Ukraine.
Comme pour les États-Unis, une défaite en Ukraine serait aussi une déflagration pour la Russie, remettant en cause jusqu’à son rang de deuxième voire première puissance nucléaire du monde en nombre d’ogives nucléaires et de lanceurs. Avec une défaite en Ukraine qui serait historique, la Russie perdrait toute crédibilité vis-à-vis des autres puissances, tant en Occident qu’avec la Chine et les pays du reste du monde.
Donc nous avons les deux plus grandes puissances du monde, les États-Unis et la Russie, qui jouent leurs destins dans la guerre en Ukraine. Ce qui signifie que ni les États-Unis ni la Russie ne vont reculer quelles que soient les conséquences qui surviendraient du moins jusqu’à une certaine limite qui est propre qu’à eux seuls, et non à leurs alliés.
Et si la guerre en Ukraine arrive à un point de non-retour, l’Occident va enliser la Russie dans la guerre en Ukraine et, affaiblie, la sortir perdante de ce conflit. Or, les États-Unis savent très bien, en particulier le Pentagone et les états-majors de l’armée américaine, que la Russie ne reculerait pas, que les menaces d’utiliser les armes nucléaires tactiques ne sont pas des avertissements en l’air, que ces armes nucléaires seront utilisées lorsque viendra leur nécessité dans le combat en Ukraine.
Précisément, la Russie patiente encore, « arrivé à ce seuil », va commencer à émettre des mises en garde à l’Europe, aux États-Unis ; elle ne cessera de répéter les avertissements. Les plans de guerre dans des conflits limités avec emploi d’armes nucléaires dits « d’escalade-désescalade » existent bien tant en Russie qu’aux États-Unis ; le recul du seuil nucléaire a été abaissé depuis longtemps ; en 2005, les États-Unis étaient presque sur le point d’utiliser des armes tactiques nucléaires sur les sites d’enrichissement nucléaire enfouis profondément dans les montagnes, en Iran. Ces armes tactiques nucléaires de faible puissance, de l’ordre de 0,3 tonnes de TNT à quelques kilotonnes de TNT, étaient censés mettre fin à l’enrichissement nucléaire. La bombe sur Hiroshima, il faut le rappeler, avait une puissance équivalente à 15 kilotonnes.
On comprend dès lors que l’emploi stratégique d’armes nucléaires tactiques de faible puissance pour les grandes puissances est permis, et accepté par les grandes puissances dans les théâtres de guerre.
- Le processus d’escalade-désescalade dans le recours à l’arme nucléaire et les étapes nécessaires pour son exécution
La théorisation de cette doctrine qui préconise l’emploi des armes nucléaires tactiques dite aussi « escalade-désescalade » consiste lorsqu’une puissance a perdu l’avantage de la guerre ou n’arrive plus à inverser à son bénéfice les combats, en clair elle s’enlise ou se trouve bloquée par des ressources toujours plus fortes de l’adversaire bien plus faible mais résilient, fait alors le choix de recourir aux armes nucléaires tactiques. C’est ainsi qu’elle fait usage en premier d’une arme nucléaire tactique. L’adversaire qui était sûr de l’issue des combats, les armes conventionnelles suffisantes pour arracher à terme la victoire, se trouve, par cette frappe nucléaire, déstabilisé.
Dès lors, avec l’emploi d’armes nucléaires, les armes conventionnelles ne seront plus opérantes ; la guerre change de nature ; l’avantage est inversé et le recours à d’autres armes nucléaires tactiques dans les théâtres de guerre ne fera que reculer l’adversaire et amener à la désescalade de la guerre. Il faut dire que l’emploi d’armes tactiques instaure une dissuasion par le fait que l’arme nucléaire n’est plus défensive mais offensive avec des dimensions de destruction de milliers de fois plus que les armes conventionnelles. Les conséquences seraient telles qu’elles remettraient en cause le motif de la guerre lui-même. Non seulement l’escalade nucléaire empêche l’adversaire de résister et ses alliés de lui venir en aide, mais les buts de guerre poursuivis perdraient leur sens du fait que si une guerre nucléaire s’étendrait, tout risquerait d’être anéanti.
Pour que le processus d’escalade-désescalade soit enclenché, Il faut nécessairement une étape d’avertissements suffisamment prolongée et les moyens nucléaires de plus en plus mis en avant jusqu’aux ultimes avertissements qui annoncent l’usage de l’arme nucléaire. Si l’adversaire n’est pas doté d’armes nucléaires, après une (ou des) frappe (s) ou nucléaire (s), la désescalade de la guerre va s’ensuivre. Si l’adversaire n’est pas doté mais ses alliés sont dotés de l’arme nucléaire, une riposte peut s’ensuivre enclenchant une spirale de frappe nucléaire de part et d’autre.
Et c’est le cas de l’Ukraine qui est aidée par tous les pays occidentaux et l’OTAN. Aussi allons-nous nous représenter le plus objectivement possible comment la guerre en Ukraine va se terminer.
Le premier élément qui est avancé par les pays occidentaux, et celui-ci n’est laissé qu’aux médias pour ne pas provoquer une peur du nucléaire et donc la panique, est que la Russie n’osera pas utiliser l’arme nucléaire tactique dans les théâtres de combat en Ukraine. C’est un raisonnement juste et logique puisque la guerre est déjà plus que destructrice en édifices, immeubles, matériels de guerre et en vies humaines sans distinction civiles et militaires.
Cependant, ce que ne dit pas le commandement américain et donc le Pentagone et l’état-major de l’armée américaine aux médias est que le recours aux armes nucléaires tactiques par la Russie non seulement est pris très au sérieux mais son usage est potentiel dans le sens que la Russie sera amenée à procéder à des frappes nucléaires de faibles puissances, dans le contexte de la guerre en Ukraine. Et ce dans l’espoir que la Russie vienne à négocier la fin de la guerre sans mettre à exécution ses menaces de recourir à ces « armes » qu’elle répète sans cesse.
La question qui va se poser porte essentiellement sur quelles cibles, et toute la guerre en Ukraine dépendra de ces cibles. Comme on l’a énoncé, la Russie n’a pas d’intérêt à procéder à des frappes en Ukraine pour la simple raison que non seulement elle a envahi l’Ukraine, et elle est taxée d’agresseur mais qu’une frappe nucléaire se rajoute ne fera qu’horrifier l’opinion mondiale. Le monde entier condamnera la Russie. D’autre part une frappe nucléaire en Ukraine n’apportera aucun gain réel sur le plan des opérations militaires. Bien plus, l’armée ukrainienne pourrait même être soutenue par ce type d’armes par les États-Unis et l’OTAN. Ce qui amènera l’Ukraine à disposer d’armes nucléaires tactiques.
Ce cas de figure sur les cibles visées en Ukraine est déjà dans les plans d’état-major de guerre russe donc à proscrire sauf si un danger réel menace la Russie. Ce qui n’est pas le cas puisque la guerre se déroule essentiellement en Ukraine. Le sol russe n’est pas touché par la guerre hormis quelques incendies à la frontière russo-ukrainienne qui ne constituent aucune menace.
Aussi, si la situation de guerre va évoluer, et les avertissements de la Russie sont de plus en plus répétés, cela signifie que la Russie est en difficulté et qu’elle risque de ne pas remporter la guerre du fait que l’armée ukrainienne est renforcée par la population et constamment soutenue par l’occident. Des moyens militaires et surtout des missiles vont se déverser sur l’Ukraine rendant aléatoire l’issue de la guerre, provoquant un enlisement de fait pour l’armée russe.
La Russie, dans la guerre en Ukraine, n’affronte pas seulement l’armée ukrainienne mas tout l’Occident, et ce en rapport des enjeux mondiaux tant pour la Russie que pour les États-Unis. Ne perdons pas de vue que la puissance américaine est le socle de l’Occident et de l’OTAN. Sans les États-Unis, on ne peut considérer que l’Occident constitue la première puissance mondiale, tant sur le plan économique et financier et sur le plan militaire. Ce qui nous fait dire que toute partie qui perd la guerre en Ukraine, que ce soit la Russie ou les États-Unis aura des répercutions extrêmement graves pour le « futur de sa puissance », avec des retombées négatives considérables sur le plan mondial.
Puisque c’est la Russie qui a procédé à l’invasion de l’Ukraine, et prit des risques des retombées de sa stratégie de guerre et de puissance sur le plan international, notamment les sanctions économiques occidentales massives prises à son encontre, l’aide massive en armements et en besoins les plus nécessaires à l’Ukraine, il est clair qu’elle ne voudra en aucun cas perdre la guerre. C’est un problème « existentiel », hors de question qu’elle perde de sa crédibilité mondiale, le coût qui est compréhensif, « quel que soit le prix à payer, y compris une guerre nucléaire. »
- Des frappes nucléaires de faible puissance sur la France, le Royaume-Uni… les États-Unis resteront-ils solidaires au risque de provoquer une Troisième Guerre mondiale ?
Et les plans d’état-major russe dans ce cas de figure de guerre ont certainement arrêté les mesures à prendre pour répondre à cette situation. Donc, la Russie, arrivée après des mois de combat, et toujours pas d’avancées, sera amenée à passer à l’étape 3 de son opération militaire spéciale en Ukraine, l’étape 2 étant les référendums sur les régions occupés de l’Ukraine et la mobilisation partielle. L’étape 3 consiste à passer à l’emploi d’armes nucléaires tactiques sur le théâtre de guerre. Les cibles visées, il est clair qu’elle cherchera à couper le cordon ombilical qui relie l’Ukraine aux pays par où transitent le convoiement d’armements vers son armée. Les cibles seront la Pologne, la Roumanie, les pays baltes, bref tout pays frontalier qui participe au soutien en armements à l’Ukraine.
Et, comme la Russie dispose d’un réseau satellitaire performant pour la reconnaissance d’installations civiles et militaires, de jour comme de nuit, et à travers les nuages, elle peut de l’espace suivre tous les mouvements de concentrations de forces et d’armements en vue d’être livrés à l’Ukraine. En procédant à une frappe nucléaire de faible puissance sur ces concentrations militaires, par exemple, en Pologne qui est membre de l’OTAN, la Russie change totalement le déroulement de la guerre. Il est clair que l’émoi au sein des populations que ces frappes nucléaires auront à créer, aux gouvernements en appelant à l’OTAN et au Conseil de sécurité qui sera impuissant, sera sans commune mesure. Passeront probablement deux ou trois jours pour permettre d’urgence aux pays d’OTAN sous la direction des États-Unis de se réunir pour arrêter la réponse à la Russie.
Et comme les États-Unis jouent aussi leur crédibilité à l’échelle mondiale, la réponse de l’OTAN qui sera arrêtée sera une riposte équilibrée à celle de la frappe nucléaire russe. Par conséquent, une concentration de forces russes dans un des fronts des zones libérées en Ukraine sera touchée par une frappe nucléaire occidentale. La Russie probablement ne ripostera pas et attendra quelques jours qui peuvent être deux, trois, quatre jours. Pourquoi ? Pour donner le temps au pays de l’OTAN de réfléchir sur ce que sera la prochaine riposte nucléaire russe.
Dès lors que la phase de la guerre conventionnelle sera dépassée par l’emploi d’armes tactiques nucléaires de faible puissance de l’ordre 0,3 kilotonne à quelques kilotonnes de TNT avec tous les effets de souffle, la forte température en millions de degré et les radiations. Le délai de réflexion accordée à l’Occident terminé, la Russie aura probablement à doubler voire tripler ses frappes nucléaires sur deux ou trois pays de l’Europe de l’Est, membres de l’OTAN, tous concernés par le transit d’armements vers l’Ukraine.
De nouveau, une riposte nucléaire, probablement équilibrée aux frappes russes par les États-Unis et l’OTAN, est menée contre plusieurs concentrations de forces russes sur la ligne des fronts en Ukraine. Aussi peut-on dire qu’« une guerre nucléaire de faible intensité » a commencé entre les grandes puissances militaires du monde, les États-Unis et la Russie, et le théâtre de la guerre nucléaire se joue en Europe de l’Est. Théâtre qui pourrait être étendu même à l’Allemagne. En effet, l’Allemagne, par ses ressources, sa logistique et son complexe militaro-industriel parmi les plus grands du monde, et le soutien massif à l’Ukraine, pourrait aussi être visée. Le complexe militaro-industriel allemand est susceptible d’être l’objet de frappes nucléaires tactiques. D’autant plus que la Russie, mettant un poids massif sur ces frappes, cherche à inverser les donnes et terminer au plus vite cette guerre. Ce qui passe par une « rapide escalade-désescalade de la guerre en Ukraine », et donc terminer la guerre par une victoire.
Mais il faut encore prendre en compte la riposte américaine et de l’OTAN et la spirale de frappes nucléaires enclenchées par les deux parties. Qu’en ressortira-t-il ? Avant de répondre à cette question, il faut souligner que, durant le mois d’avril 2022, la télévision publique russe a procédé, à plusieurs reprises, à des simulations d’attaques, par des missiles balistiques nucléaires, des villes tels Paris, Londres et Berlin. Peut-on dire que ces simulations de missiles balistiques contre la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ne sont qu’un jeu faisant partie de la guerre psychologique contre l’Occident ? Non, le message est bien plus grave que ce qui est simulé par la télévision russe.
En effet, ce qui est rapporté sur Paris, Londres, Berlin, on peut supposer que la Russie ne viserait pas les capitales européennes mais plutôt des bases militaires françaises, anglaises…, près de localités où vivent des civils, qui risqueraient être touchées par des missiles tactiques de faible puissance. Mais, après les frappes en Europe de l’Est et la riposte de l’OTAN, la spirale nucléaire s’étant enclenchée, la Russie décide de lancer un ultimatum à la France, au Royaume-Uni et à l’Allemagne de « s’extirper du conflit ukrainien, et donc de mettre fin à tout soutien en armements à l’armée » et Moscou leur accorde un délai, deux à trois jours par exemple, pour donner une réponse.
Que seront alors les réponses de la France, du Royaume-Uni et de l’OTAN contre la Russie ? Chercheront-ils à ignorer l’ultimatum et menacer la Russie par une riposte équilibrée à celle de son attaque ? Le pourront-ils face à la Russie ? Du côté français, le président Emmanuel Macron, son ministre de la Défense et son chef d’état-major, du côté britannique, la nouvelle Première ministre Liz Truss, son ministre de la Défense et son chef d’état-major ? Il est évident que toute riposte de la France, du Royaume-Uni passe par l’aval de l’OTAN, ce qui passe par l’aval du président américain et son staff, à savoir son secrétaire d’État à la Défense et le chef d’état-major de l’armée américaine. Des décisions prises par la France et le Royaume-Uni dépendront d’abord de ce que les États-Unis entreprendront sur la riposte à mener, après que l’ultimatum s’est écoulé.
Si les États-Unis refusent de se solidariser avec les puissances européennes de peur qu’une riposte sur le territoire de la Russie provoque une escalade qui mènerait droit vers une Troisième Guerre mondiale, il est clair que la situation va changer totalement pour l’Europe. Les Américains savent que s’ils sont entraînés dans une guerre nucléaire avec la Russie, tant leurs villes New-York, Washington, Chicago, Houston, Boston, Détroit… que les villes russes Moscou, St Petersburg, Kazan, Novossibirsk… seront sous le feu nucléaire, et en un temps très court, de quelques heures à quelques jours. Tout sera fini pour les deux grandes puissances, avec des villes rasées, entièrement détruites, et des pertes en vies humaines qui se compteront en dizaines de millions.
- Tout laisse penser que la guerre en Ukraine prendra fin, au plus tard, en 2023
Dès lors que le principal pays de l’OTAN, les États-Unis, n’interviendra pas pour éviter une « guerre nucléaire qui deviendra mondiale », la France et le Royaume-Uni, en tant que puissances nucléaires, seront confrontés à l’ultimatum russe ; vont-ils l’ignorer et mener une riposte contre la Russie ? La question est toujours : « Le pourront-ils ? A voir les superficies de leurs territoires et le nombre d’ogives nucléaires sans commune mesure avec ceux de la Russie. La superficie de la France sans outre-mer est d’environ 550 000 km2, du Royaume-Uni environ 240 000 km2 et la Russie environ 17 millions de km2.
Si la France et le Royaume-Uni décidaient de riposter et donc frapper des concentrations militaires en Russie, près de localités civiles, par des missiles nucléaires tactiques de faible puissance, et vu les grandes différences de leurs superficies et du nombre d’ogives nucléaires et lanceurs avec ceux de la Russie, ils mettront en danger l’ensemble de leurs territoires. Les superficies respectives des deux parties étant ce qu’elles sont, ignorer l’ultimatum et répondre à une attaque nucléaire russe équivaudrait à un suicide pour la France et le Royaume-Uni. Alors que les États-Unis, leur soutien principal, le pilier de l’OTAN, seraient aux abonnés absents.
On comprend alors les mises en garde répétées du président Vladimir Poutine tout au long de ces sept mois de guerre jusqu’à aujourd’hui. La Russie n’hésitera pas à utiliser les armes nucléaires si elle se retrouve dans ses derniers retranchements, et qui n’a plus d’option que l’arme nucléaire. Aussi peut-on dire qu’un véritable péril pèse sur l’Europe. Une guerre nucléaire peut toucher les pays frontaliers à l’Ukraine et s’étendre à l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni qui ne pourront pas riposter pour les raisons explicitées supra.
Si cette situation surgit, tous les gouvernements européens seront sur les dents, l’Europe sera frappée de stupeur et d’angoisse. Ce qui était impossible à se représenter comme le furent Hiroshima et Nagasaki en 1945 risque de se reproduire en Europe. L’Ukraine et l’Occident cesseront de parler de victoire face à la Russie ; les États-Unis cesseront d’être les meneurs de jeu de la guerre ; tous les peuples d’Europe vont se réveiller et obligeront leurs gouvernements d’arrêter la guerre d’urgence. Dès lors que la prise de conscience des pays d’Europe va l’emporter dans un climat de terreur nucléaire, les négociations vont s’opérer très rapidement avec la Russie.
Les frappes nucléaires vont aussitôt s’arrêter. Avec une Europe bouleversée, on doit comprendre que toutes les négociations vont viser la paix et uniquement la paix en Europe. Non seulement les revendications de la Russie pour la neutralité de l’Ukraine mais les quatre régions en litige sortiront définitivement de l’autorité politique de Kiev. Elles seront libres d’intégrer la Russie. Évidemment cette situation aujourd’hui est confuse mais s’éclairera au fur et à mesure des événements-clé qui ne manqueront pas à venir.
On peut considérer que la Russie aura gain de cause pour ses revendications stratégiques, les dirigeants occidentaux, sous la pression populaire atteignant probablement son paroxysme, et devant la crainte d’une guerre nucléaire généralisée, ne peuvent qu’acquiescer aux demandes russes pour éviter l’irréparable.
Ainsi se comprend pourquoi Dieu a permis à l’homme de découvrir l’arme absolue. Et surtout, malgré quelques frappes nucléaires de faible intensité, elle a dissuadé les êtres humains occidentaux, russes de dépasser une ligne rouge qui est en fait « divine », elle a interdit un suicide collectif.
Dans cette guerre, Dieu veut simplement dire à leurs pensées, et les êtres humains ne sont humains que parce qu’ils sont pensants, et leurs pensées ne leur appartiennent en propre, qu’un choix est donné, « la paix ou la mort collective ». Et donc personne n’échappera, et c’est cela que l’on doit comprendre dans cette guerre en Ukraine qui, en réalité, oppose deux puissances mondiales, la Russie et les États-Unis. D’autant plus que la guerre nucléaire commencée ne s’opérait pas sur leurs sols ; c’est l’Europe, intermédiaire entre eux, et particulièrement l’Ukraine, qui en paya le prix.
Et tout laisse penser que cette guerre prendra fin, au plus tard, en 2023. Dans cette guerre à venir qui pourrait être progressivement « apocalyptique », les États-Unis, pour se protéger, n’hésiteront pas à ramener le « tapis de la sécurité » sur eux. Et c’est naturel pour toute nation qui cherche à se préserver d’une extinction, d’un suicide délibéré. Ainsi va toute nature humaine pour se conserver, ne pas périr, rester simplement vivante.
Les pays occidentaux qui se targuent d’être des démocraties, qui croient qu’elles sont dans leurs droits, qu’elles sont meilleures que les autres, alors qu’elles ne cherchent qu’à dominer, qu’à avoir raison, comprendront à la fin qu’elles sont tout autant des dictatures combien même elles se définissent démocratiques contre des dictatures En fait un pays démocratique peut s’ériger en dictature dès lors qu’il cherche à dominer, à s’imposer par la force à son peuple et aux autres peuples. Et l’OTAN qui était initialement une force défensive est devenue, sous la houlette des États-Unis, une force offensive. Cette guerre, l’Europe l’a apprise à ses dépens.
Pour terminer cette analyse, il faut que les puissances sachent qu’elles ne sont pas maîtresses de leur destin. L’OTAN aurait pu ne pas s’intéresser à l’Ukraine mais se serait allié à la Russie pour concrétiser le crédo gaullien de « l’Atlantique à l’Oural » ou que la Russie ne se serait pas intéressée à l’Ukraine, du fait que malgré le régime autoritaire de Moscou et les oligarques russes, classe dominante liée au gouvernement, elle se sentait plus « occidental ». Pour simplement cette qualité propre aux Russes, les oligarques ne placent-ils le gros de leur argent en Occident ; les banques occidentales comptabilisent leurs avoirs à près de 35% de la richesse privée de la Russie.
- L’humanité comme la guerre en Ukraine évolue entre deux sommets de la « ligne de crête », héritée de l’histoire
Mais cette situation n’a pas joué parce qu’elle n’était pas retenue « dans les plans de la marche du monde ». La marche du monde est ainsi, et, dans l’histoire de ces trente dernières années, la guerre en Ukraine se trouve précisément sur une « ligne de crête », entre deux points en opposition, qui sont en apparence inconciliables, mais « réconciliables » par la guerre.
Et ainsi « arrivera ce qui doit arriver », malgré le poids de la guerre, les souffrances des peuples, parce que c’est ainsi, parce que l’histoire marque un « nouveau départ » pour l’humanité. Ainsi avance l’humanité, ainsi se développe l’humanité, et la guerre comme toute crise humaine qui fait partie de son destin participe à la marche de l’humanité.
Enfin le mot de la fin, qu’entend-on que l’Ukraine était sur une « ligne de crête » ? Là, il faut faire parler l’histoire. En effet, il y a trois siècles, on avait, à l’Ouest, des colons européens venus d’Europe coloniser l’Amérique du Nord qui était très peu peuplée, presque vide à part quelques tribus indiennes. Ces colons étaient au départ treize colonies, puis, par le combat, se sont libérés de leur tutelle, l’empire colonial britannique. Les sages au sein des colons anglais se sont jurés de ne pas reproduire les guerres et les crises qui ont déchiré pendant des siècles l’Europe. Par leur révolution, luttant contre l’empire britannique, ils se sont unis et ont fondé les États-Unis d’Amérique, le 4 janvier 1776. Le préambule de la Déclaration d’indépendance des États-Unis d’Amérique, le 4 juillet 1776, est éloquent :
« Nous regardons comme des vérités évidentes par elles-mêmes que tous les Hommes ont été créés égaux ; qu’ils ont reçu de leur Créateur certains droits inaliénables ; qu’au nombre de ces droits sont la vie, la liberté et la recherche du bonheur ; que c’est pour assurer ces droits que les Gouvernements ont été institués parmi les Hommes et qu’ils ne tirent leur juste pouvoir que du consentement de ceux qui sont gouvernés ; que toutes les fois qu’une forme de Gouvernement devient destructive de ces fins, le Peuple est en droit de l’altérer ou de l’abolir et d’instituer un nouveau gouvernement, en établissant ses fondements sur les principes et organisant ses pouvoirs en la forme qui lui paraîtra la plus propre pour effectuer sa sûreté et son bonheur. […] Mais lorsqu’une longue suite d’abus et d’usurpations, ayant invariablement le même objet pour but, prouve évidemment un dessein de soumettre le Peuple à un Despotisme absolu, il est en droit, c’est même son devoir, de secouer le joug d’un pareil Gouvernement et de se pourvoir de nouveaux Gardiens pour sa sûreté future. […] L’histoire du présent roi de la Grande-Bretagne est une histoire d’injustices et d’usurpations réitérées, toutes ayant directement pour objet l’établissement d’une tyrannie absolue sur ce pays. »
Mais le problème pour les États-Unis d’Amérique, avec toute la bonne volonté de sortir de la dépendance européenne, est que les peuples américains, à cette époque, étaient en grande partie issus des serfs appartenant aux riches seigneurs qui avaient, selon leur état, droit de vie et de mort ; et les riches relevant des monarques d’Europe. Cette lucarne qu’a été l’Amérique n’a pas empêché que ces gènes hérités de l’Europe étaient en eux, enracinés dans leur nature. Les colons anglais devenus « Américains » étaient toujours les Européens avec les mêmes violences, les guerres et les crises avec l’extérieur. Et sur le plan intérieur, les Américains se sont prémunis en votant des droits pour disposer des armes et même pour se faire la guerre. C’est là le premier sommet de la ligne de crête.
Le deuxième sommet c’est l’empire russe, et les serfs ou moujiks russes qui se sont libérés en se soulevant contre le tsar, en 1917. La révolution russe, à l’instar de la révolution américaine, a donné une union des peuples, l’Union soviétique, sauf que le système était voulu communiste, c’est-à-dire un régime socialiste, sans classes. Le contraire du régime américain qui est libéral, capitaliste. Donc l’humanité a évolué, aux deux extrêmes, dans cette ligne de crête, et force de le dire, « héritée de l’histoire ».
La guerre en Ukraine est en quelque sorte, selon l’esprit hégélien, la négation de la négation que sont les deux sommets de la ligne de crête qui sont en apparence inconciliables par seulement leurs histoires respectives alors qu’en fait ces peuples sont de même nature, et pour ne montrer qu’une similarité, les Américains boivent du whisky, les Russes soviétiques boivent de la vodka, donc ils sont identiques, et différents seulement sur la forme.
Aussi, on peut dire que par cette guerre en Ukraine, la négation de la négation que sont les deux sommets de la ligne de crête va déboucher sur une affirmation, ce qui des deux sommets ne fera plus qu’un sommet, certes divisé mais mutuellement accepté pour les peuples. Tel est le devenir qui va certainement et progressivement repartir sur un nouveau pied, les peuples y gagneront et même les grandes instances internationales y gagneront. Le Conseil de sécurité de l’ONU fera sa mue, les Nations Unis « plus unis », c’est le début en quelque sorte d’une « nouvelle ère pour l’humanité ».
Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective
Notes :
1. NATO chief : “Russia has no right to establish a sphere of influence” Par axios.com Dec 1, 2021
https://www.axios.com/nato-russia-ukraine-invasion-18619fd7-be80-4d37-86f8-fcebcb1fbe8a.html
2. « Une guerre existentielle », par Le Devoir. Le 14 mars 2022
https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/685641/une-guerre-existentielle
3. « Joe Biden réaffirme que l’article 5 de l’Otan est « un devoir sacré » pour les Etats-Unis », par le NouvelObs. Le 26 mars 2022
https://www.nouvelobs.com/guerre-en-ukraine/20220326.OBS56226/joe-biden-reaffirme-que-l-article-5-de-l-otan-est-un-devoir-sacre-pour-les-etats-unis.html
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