Les lois supérieures aux lois de la République : « loi de Dieu » (pas encore) ; loi du marché (c’est fait)
Les lois supérieures aux lois de la République : « loi de Dieu » (pas encore) ; loi du marché (c’est fait).
L’affaire de l’imam Iquioussen a donné l’occasion (1) de s’offusquer une fois encore de ce que dans la tête de certains ( qui sont de plus en plus nombreux sans qu’ « on » ne fasse autre chose que de le constater) les lois de la République devraient / devront s’incliner devant la loi dite « de Dieu ».
A juste titre sur le fond, puisque, dans un tel système, on ne serait évidemment pas (les citoyens n’ayant pas leur mot à dire) en démocratie. Comme on ne l’est pas dans les pays qui le pratiquent.
Ce que l’on doit observer à cette occasion, c’est que ces déclarations émanent de politiciens qui admettent que ce soit la loi des marchés qui puisse être supérieure aux lois de la République. Avec comme effet mécanique que les citoyens, censés détenir la souveraineté, n’ont pareillement plus droit, ni de la discuter, ni de la modifier, ni de l’abroger (2).
Cela a été imposé dans le texte constitutionnel lui-même en 1992 (minant ce faisant de l’intérieur les institutions telles qu’elles avaient été arrêtées en 1958) !
Le contenu du corpus est arrêté (il suffit de lire ces textes) dans le traité de Maastricht, réactivé par le traité de Lisbonne (et quelques autres traités) !
Textes qui ont été rédigés par des idéologues, pour la mise en oeuvre de leur conception de la société idéale, et aussi (et surtout) … selon quelques idées soufflées (en particulier à partir des Etats-Unis) par et pour des intérêts très concrets.
Et qui sont méticuleusement mis en œuvre par des politiciens venus aussi bien des vieux partis de « droite » que ceux de « gauche ». Préalablement choisis et soutenus financièrement et médiatiquement parmi les volontaires (3) qui oseront, en définitive, faire croire aux citoyens qu’ils les représenteront et qu’ils veilleront à l’intérêt général une fois élus.
Et chaque jour, le président de la République, le gouvernement ( avec des collaborations extérieures - comme la firme Mc Kinsey, a-t-on récemment découvert- ) et les parlementaires, prennent des mesures d’exécution de cette loi « supérieure » aux lois des représentants du peuple ( représentants qu’ils ne sont plus et ne peuvent plus être). En répétant et en faisant répéter par leurs médias amis, pour essayer de le faire croire, que cette loi est - comme la Charia pour ceux que l’on sait - la seule valable et la seule possible : - retrait de l’Etat ; - déréglementations (notamment des acquis sociaux), - décisions favorisant le jeu des affaires ( sans considération pour l’intérêt national ou celui des Français) et privatisation des services publics ( y compris ceux qui avait le statut de services publics administratifs) ; - décisions permettant la mise en place de mécanismes contraires aux principes français ( par ex. sur l’accès des étrangers aux fonctions publiques nationales avec la suppression du corps des ambassadeurs et celui des préfets, et la suppression de l’ENA, en attendant les contrats privés éphémères ) ; mise en route d’une substitution d’une mystérieuse souveraineté « européenne », à la souveraineté française et à la souveraineté du peuple français ; - etc… etc…
Le tout, avec, pour les ministres du culte de la loi-de-Maastricht-supérieure-aux-lois-de-la-République, la tâche essentielle d’avoir à gérer le peuple. Spécialement cette partie de la population appelée dans les beaux quartiers, la « populace ». Qui est à la fois méprisée et redoutée par l’élite qui habite ces derniers. Et qui souffre dans les quartiers où elle vit et finit parfois par l’exprimer dans la rue.
L’observation des faits de ces dernières années permet de recenser quelques pratiques ( qui ne sont en réalité pas nouvelles) qui sont mises en œuvre à cet égard : - raconter des histoires (avec l’aimable coopération des propriétaires de certains médias) , - distribuer quelques aumônes ( prime essence, chèque inflation), - et quand ça ne suffit pas, taper et estropier les contestataires (« gilets jaunes » par ex. ). Et bien sûr, acquérir ( véhicules « Centaure » pour la Gendarmerie) et tenir en état de marche divers matériels adaptés à la répression des manifestations inquiétantes (pour le « régime »).
Les gesticulations sur le cas Iquioussen nous rappellent incidemment, comme il a été dit ci-dessus, que la démocratie ne pourrait pas exister dans un régime politique dans lequel une loi dite « de Dieu » serait supérieure aux lois de la République.
Mais les comportements politiciens dont s’agit sont impuissants à camoufler le fait que la démocratie n’existe en réalité plus (même si on n’ose pas se l’avouer et encore moins le dire) dans un système (le nôtre) puisque la « loi des marchés » y est déjà ( et non « serait ») supérieure aux mêmes lois.
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités
(1) Gestion qui fait sourire les mal pensants : le ministre de l’intérieur était tout content que le Conseil d’Etat rejette le référé liberté ( art L 521-2 CJA) de l’avocate de l’imam. Mais voilà que ce dernier quitte spontanément la France !!! Et prive M. Darmanin de son expulsion. Probablement incomplètement réfléchie si l’on se réfère à la décision du Conseil d’Etat qui relève ( point 7 de sa décision 466554) que plusieurs motifs de l’expulsion sont irréguliers. Lequel fait alors lancer un mandat d’arrêt, qui, s’il avait une suite, permettrait de récupérer l’imam en question … pour le garder en France (puisque le Maroc décide de ne plus accorder le visa consulaire nécessaire) !!!!
Les amateurs de bonnes histoires en profiteront sans doute pour évoquer l’affaire Kerrouaa de 1992 (Conseil d’Etat n° 130394 ; cité dans AFDA n° 17-109) dans laquelle le Conseil d’Etat avait fait le choix de juger qu’il était attentatoire à certaines libertés d’interdire le port du voile (prescrit par les autorités religieuses, selon la même conception de la femme qui est reprochée aujourd’hui à l’imam dont s’agit) par les jeunes filles des lycées. Cette décision avait ouvert la porte au port du voile … partout. Et avait réjoui et bien fait rigoler les islamistes politiques. Le gouvernement déposa un projet de loi (loi du 15 mars 2004) pour essayer de limiter les effets de la prise de position du Conseil d’Etat. On connaît la suite et le reste.
(2) Sauf, évidemment s’ils se « réveillent ». Et s’ils décident de reprendre la main, en mettant un terme au principe de la « supériorité » de la loi des marchés. Ce qui n’est pas impossible, puisqu’ils l’ont fait en 2005 ( rejet du projet de « constitution européenne ») ; et puisqu’il qu’il sera probablement plus difficile pour les adeptes de la loi du marché, de recommencer leur coup de 2007 (classe politique qui avait annulé le référendum de 2005 sous l’impulsion de N. Sarkozy).
(3) v. la « fabrication » du candidat Macron.
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