Ils mentent...
Je me souviens d'un homme qui me disait :
-Nous allons bientôt atteindre Mars et nous pourrons peut-être répondre à LA question ! -Laquelle, lui demandais je ? -et bien LA question voyons, "Sommes-nous seuls ?"
Je lui répondis alors :
-Sais-tu qu'il y a 200 ans, les nuées de tourtes voyageuses étaient si étendues qu'elles obscurcissaient le ciel des jours durant et que les nuées de courlis esquimau étaient si denses qu'un seul tir faisait tomber, dix, quinze, vingt oiseaux ?
Sais-tu qu'il y avait tellement de baleines dans l'Atlantique Nord, qu'elles représentaient un danger pour la navigation, que les montaisons de saumons étaient si denses, que le claquement de leurs queues à la surface de l'eau vous tenait éveillés toute la nuit et tu en es encore à te demander si nous sommes tout seuls ?!
Bien sûr, sombre d'esprit que tu es seul, si tu fais partie d'un de ces cultes débiles qui t'élève au-dessus des autres espèces.
Cette religion dont tu fais partie, fait disparaitre 200 espèces chaque jour qui passe et tes scientifiques sorciers annoncent avec flegme que les océans pourraient être dépourvus de poissons dans cinquante ans... mais tu te dis que leur magie finira par tout arranger n'est-ce pas ? Savais-tu que la planète regorgeait de milliers de cultures humaines bien vivantes ? et que cette richesse, ces cultures, sont en voie d'extinction à un taux relatif encore plus élevé que ne le sont les espèces non-humaines ? Le monde étant en danger, il me faut te parler sans détour.
Tu sais, je pense qu'une haine ressentie pendant suffisamment longtemps, finit par ne plus ressembler à de la haine... mais prend la forme d'une religion, de l'économie, ou de la science, à certaines traditions ou quelques état de fait. Le viol de l'autre, de tout, n'est pas seulement une action au sein de ce capitalisme malade, il est ce qui établi son identité. L'identité du patriarcat masculin qui est l'essence du capitalisme, se définit en identifiant les autres, n'importe quel autre, comme étant inférieurs.
Au sein de ce culte, ces actes consistant à violer les autres sont la manières de devenir qui nous sommes. Ils valident qui nous sommes, puis ils réaffirment qui nous sommes. Car à travers ces actes de violations répétées nous en venons à percevoir chaque nouvelle violation non seulement comme un renforcement de notre supériorité sur cet autre que nous avons violé. Mais aussi comme un état de fait, tout simplement. Donc, sans cette identification des autres comme inférieurs, sans cette violation : Nous ne sommes pas.
Tu ne peux être riche qu'à condition qu'il y ait des pauvres. c'est comme ça que ton identité se construit. Si tu étais seul sur terre, le monde t'appartiendrait n'est-ce pas ? Mais serais-tu riche ? Comment pourrais-tu l'être ? sans l'autre ? Est-ce que tu comprends ça ? La violence que ça implique ? La valeur absolue de l'argent, c'est le temps et l'espace de vie d'un être humain, rien d'autre. Tout ce que te racontent les économistes sont des inepties pour pouvoir perpétuer et excuser cette maladie dont ils profitent. Tout fonctionne par pur principe de vase communicant, tu n'es riche que de la misère des autres ! Pour être riche, qui que tu sois, tu vas devoir précipiter une masse d'autres hommes à terre. Parce que dans le capitalisme, tu ne t'élèves pas ! Jamais ! Tu dois obligatoirement écraser, tout mettre en dessous de toi et quand tu vois un misérable dans la rue, au fond de toi, ne te mens pas, tu es rassuré d'être plutôt à ta place qu'à la sienne, tu te sens mieux parmi les dominants.
Le riche, c'est celui qui s'identifie clairement des autres, par sa supériorité. Dans cette culture, tout ce qui est violable nous définit, ça valide qui nous sommes et réaffirment qui nous sommes.
Notre identité est cette relation de domination à l'autre, c'est pourquoi nous sommes vides et devons remplir ce vide en validant notre supériorité, le remplir en violant, d'où les viols. D'où la violation de toutes les limites tracées par chaque culture indigène. D'où les extinctions. l'escalade technologique (et non le progrès), augmente l'aptitude des dirigeants à contrôler et à violer à distance. Qu'est-ce qu'un gouvernement d'ailleurs ? Si ce n'est de la violence organisée ? La science qui envoie des sondes tout profaner, dans l'espace et les océans pour pénétrer les replis les plus profonds des fonds marins. Voyeurs insatiables, avec leur microscopes de plus en plus violeur de l'intimité du monde. Cette culture continuera à violer, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien à violer ! Plus rien !
Ce qui est en jeu, c'est la vie sur cette planète !
Ce culte de la masculinité ne doit pas simplement être abandonné, ne doit pas seulement être dénoncé, mais détruit, radicalement. Sinon, il continuera à se frayer un chemin en violant tout sur son passage, jusqu’à ce qu'il n'y ait plus rien de vivant. Mais avant de pouvoir nous défaire de ce culte de la masculinité, il faut comprendre qu'il ne s'agit pas que de ça. Il faut bien graver ça en nous, l'impératif de violer n'est pas naturel, il est culturel. Il faut donc résister contre tous les efforts des bourreaux, des violeurs, qui tentent de "naturaliser", cette pulsion du viol. Car c'est cela que les bourreaux et les violeurs doivent faire, ils doivent tenter de se convaincre et de convaincre tout le monde que leur manière d'agir est la seule qui soit. Qu'il n'y a pas d'autre manière de faire. Ils doivent se convaincre et convaincre tout le monde, qu'il n'y a rien en dehors du culte de la masculinité et bien entendu, par dessus tout, qu'il n'existe aucun culte de la masculinité. Qu'il n'y a que cette manière de vivre, qui n'est d'ailleurs pour eux, pas qu'une manière de vivre, puisqu'elle englobe tout ce qui est, tout ce qui fut et tout ce qui sera.
Cette manière de vivre représente tout, disent-ils. Mais ils mentent, à vous comme à eux mêmes.
Malgré qu'une culture tout entière les soutienne, ils mentent quand même.
Et si vous, vous êtes paniqué à l’idée de perdre un mode de vie confortable écologiquement meurtrier et socialement oppressif. C'est tout simplement indécent. L'effondrement économique qui vous inquiète tant, c'est simplement la vie de celui qui plante votre café !
Car cela revient à entendre des esclavagistes se plaindre et s’inquiéter des conséquences d’une abolition prochaine de l’esclavage. Sauf qu’en l’occurrence l’esclavage se double d’une 6ème extinction de masse, d’un réchauffement climatique aux conséquences cataclysmiques et d'une violence inégalée appuyée par une technologie de pointe, etc.
Ce dialogue est construit autours du discours de Derrick Jensen.
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