La vaccination contre le covid-19, ça marche !
« 87% des admissions en soins critiques et 83% des admissions en hospitalisation conventionnelle sont le fait de personnes non-vaccinées, alors que les patients complètement vaccinés en représentent respectivement 6% et 11%. Pour les décès, ces ratios s’élèvent à 82% pour les personnes non-vaccinées et 14% pour les personnes complètement vaccinées. » (Rapport de la DREES du 6 août 2021).
Il y a de moins en moins de doutes sur l’efficacité de la vaccination : cette très étrange quatrième vague épidémique que la France subit depuis un mois et demi, celle du variant delta, est à l’évidence une vague des personnes non-vaccinées. Comme c’est pénible d’avoir raison ! Heureusement, la grande majorité des Français a compris l’intérêt de la vaccination et du passe sanitaire.
Rappelons-le très rapidement : le passe sanitaire permet, en période de forte remontée épidémique (il y a eu 30 920 nouveaux cas dans la seule journée du 11 août 2021, soit un record pour cette quatrième vague) d’éviter le confinement de tous les Français. Le passe sanitaire permet aux personnes qui ont le moins de risque d’alimenter l’épidémie par de nouvelles contaminations, c’est-à-dire des personnes vaccinées et des personnes testées négatif au covid-19, de pouvoir être libres de se rassembler socialement sans craindre d’aggraver l’épidémie.
On impose le passe sanitaire dans les lieux sociaux qu’on pourrait éviter éventuellement, c’est-à-dire des lieux de loisirs qui ne sont pas indispensables à la vie quotidienne : ainsi, les transports en commun quotidiens (souvent utilisés pour aller au travail) ne sont pas soumis au passe sanitaire pour cette raison, les personnes qui doivent consulter aux urgences des hôpitaux non plus. J’insiste : seuls les patients dont un séjour était programmé sont contraints d’avoir un passe sanitaire ; dans les précédentes vagues, on déprogrammait ces rendez-vous et ces patients, dans tous les cas, n’auraient jamais pu voir leur rendez-vous honoré. C’est pour éviter ces déprogrammations systématiques qu’on a institué le passe sanitaire (de manière temporaire).
Non seulement le passe sanitaire apporte la liberté à ceux qui sont vaccinés ou testés positif, mais ils empêchent aussi le confinement des trois précédentes vagues épidémiques à ceux qui ne détiennent pas le passe sanitaire : en clair, chacun est gagnant, quel que soit son choix, et pour le choix de ne pas vouloir se faire vacciner, ce choix peut évoluer et changer à tout moment et en tout lieu de France, et cela gratuitement. Et qu’on ne vienne pas me parler du coût public de la vaccination : le coût des 1 745 séjours en réanimation (à ce jour), sans compter les autres des 9 233 hospitalisations conventionnelles (à ce jour), sans compter les coûts financiers et psychologiques des 112 410 décès dus au covid-19 et sans compter les centaines de milliards d’euros qu’ont coûté les précédents confinements, n’ont absolument rien de comparable.
Alors, c’est vrai que depuis plusieurs mois, une interrogation majeure planait sur la vaccination, et cette interrogation était légitime même si souvent, elle était malveillante : la vaccination contre le covid-19 est-elle réellement efficace ?
Trois remarques préliminaires.
Première remarque. Dans le cas où la vaccination serait efficace (ce qui est le cas, lire ci-dessous), le passe sanitaire s’impose évidemment car il reste environ 2 à 3 millions de personnes fragiles qui ne sont pas (encore) vaccinées. À elles seules, si par malheur elles étaient contaminées, elles pourraient saturer très largement le système hospitalier (il me semble qu’on a évalué à 5% des personnes fragiles qui ont été atteintes lors de la première vague, chiffre que je donne de mémoire et qui doit être vérifié, ce n’est pas l’objet de cet article, et l’on a vu la saturation des hôpitaux et de leur service de réanimation). Mais au-delà de la protection de ces personnes (qui devraient aller se faire vacciner au plus vite), il y a le fait qu’il faut impérativement freiner la circulation du virus, plus celui se reproduit, plus le risque de nouveaux variants plus contagieux est élevé. C’est pour cela qu’il y a une double course de vitesse : celle de la protection en pleine quatrième vague et celle de nouveaux variants.
Deuxième remarque. Il faut se rappeler que la France n’a plus rien à envier à Israël, à la Grande-Bretagne ou même à l’Allemagne pour son taux de couverture vaccinale. Grâce à la politique sanitaire du Président Emmanuel Macron, la France fait maintenant partie des grands pays à avoir une population massivement vaccinée. Au 10 août 2021, les statistiques sont impressionnantes : 45 234 134 personnes ont reçu leur première dose, soit 67,5% de la population totale (plus des deux tiers !), dont 37 877 457 ont terminé leur parcours vaccinal, soit 56,5% de la population totale. Les adultes sont vaccinés largement plus qu’à 75%, et les adolescents de 12 à 18 ans sont déjà vaccinés à 49,2%. Plus de 4 000 centres de vaccination sont disponibles en France pour poursuivre cette campagne de vaccination. Honneur à tous les engagés qui ont pris du temps de vie pour la santé des autres !
Troisième remarque. L’intuition, lorsqu’on observe l’évolution de l’épidémie en France mais aussi en Grande-Bretagne depuis juin 2021, c’est que le nombre de décès a baissé par rapport au nombre de cas dépistés. Cette intuition, c’est la différence avec les précédentes vagues (rappelons-nous qu’en Grande-Bretagne, le nombre de décès quotidien est monté à 1 500 pour à peu près le même nombre de cas, et ici, il est plutôt à 100, ce qui reste une remontée importante). L’intuition, c’est de dire que le seul changement qu’il y a par rapport à il y a sept mois, c’est le taux de couverture vaccinale. En France également.
Mais l’intuition ne se base que sur une observation macroscopique des paramètres. Il était important d’avoir une analyse fine de la situation, presque individualisée. En France, les données statistiques détaillées manquaient pour cela.
Il y a quelques semaines, l’un des jeunes génies de l’utilisation de l’open data, révélé par la crise sanitaire, Guillaume Rozier, créateur de l’excellent site CovidTracker, avait vivement critiqué la lenteur pour disposer de la "connexion" (des "croisements", des "appariements") des trois bases de données ouvertes disponibles en France sur la crise sanitaire, à savoir la base SI-VIC des hospitalisations et des admissions en soins critiques (réanimation, soins intensifs et soins continus) des patients atteints du covid-19, la base SI-DEP des résultats des tests de dépistage du virus SARS-CoV-2 à l’origine du covid-19 et la base VAC-SI sur les vaccinations covid-19. Le jeune ingénieur considérait que si ces données n’étaient disponibles qu’en automne 2021, cela n’aurait aucun intérêt car la population serait presque totalement vaccinée et que leur intérêt résidait justement à convaincre les personnes réticentes à se faire vacciner (de même que le passe sanitaire n’aurait plus aucun intérêt si tout le monde était vacciné).
Depuis le 6 août 2021, la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) du Ministère des Solidarités et de la Santé publie chaque semaine les données « issues des trois principales bases de données sur la crise covid-19 : SI-VIC (hospitalisation), SI-DEP (dépistage) et VAC-SI (vaccination). La DREES réalise les croisements entre ces bases, notamment un suivi selon le statut vaccinal des personnes testées positives au covid-19 et des personnes hospitalisées. ». Ces données sont accessibles à tous et il sera donc aisé de vérifier leur véracité et surtout de faire toutes sortes d’analyses selon différents critères (dont l’âge). Hélas, les précisions sur le type de covid-19 ne semblent pas suffisantes : par exemple, il y aurait un intérêt à savoir la proportion de personnes vaccinées parmi les patients qui ont développé un covid long.
Dans un rapport publié le 6 août 2021 (que l’on peut télécharger et lire ici), la DREES a évalué l’effet de la vaccination dans les nouvelles contaminations, dans les hospitalisations, dans les admissions en réanimation et dans les décès.
Dans ces informations fort intéressantes, quatre catégories ont été définies : les personnes non-vaccinées (aucune injection contre le covid-19), les personnes ayant reçu une seule dose depuis moins de quatorze jours ("primo dose récente"), les personnes ayant reçu une première dose depuis plus de quatorze jours ou ayant reçu une deuxième dose depuis moins de sept jours ("primo dose efficace"), enfin, les personnes complètement vaccinées, ayant reçu une deuxième dose depuis plus de sept jours. Les deux premières catégories et les deux dernières catégories sont souvent similaires. Bien sûr, les données peuvent être plus précises selon le type du vaccin (Pfizer, Moderna, AstraZeneca, Janssen une seule dose), et selon que la personne a eu ou pas un antécédent covid-19 (avec un antécédent covid-19, la personne est complètement vaccinée après sept jours après la première et unique dose).
Le rapport en question analyse la semaine du 19 au 26 juillet 2021 à partir de données extraites le 3 août 2021. Tout le protocole d’analyse y est détaillé, au contraire de nombreuses analyses souvent péremptoires qui se veulent scientifiques. Ici, les chiffres ne sont bidonnés par rien car tout est vérifiable (c’est cela, la science).
Et les conclusions sont rassurantes (bien que peu étonnantes) : cette quatrième vague est une épidémie des personnes non-vaccinées (250 cas positifs pour 100 000 habitants non vaccinés vs 34 cas positifs pour 100 000 habitants vaccinés).
Prenons d’abord le nombre de cas dépistés dans la population : il est 7,4 fois plus important chez les personnes vaccinées que chez les personnes complètement vaccinés. Et ce rapport passe à 8,4 si l’on ne tient compte que des cas symptomatiques (118 pour 100 000 vs 14 pour 100 000).
L’évolution en juin et juillet 2021 montre nettement que la reprise épidémique se passe principalement dans la population non-vaccinée. Au creux épidémique (le 26 juin 2021), il y a un rapport 5 entre le nombre de personnes testées positif parmi les personnes non-vaccinées et le nombre de personnes testées positif parmi les personnes vaccinées (et ce rapport est monté à 7,4 un mois plus tard).
L’évolution du nombre d’hospitalisations de patients atteints du covid-19 suit la même évolution que le nombre de cas détectés mais avec un décalage d’une dizaine de jours. On voit une forte hausse des hospitalisations des personnes testées positif et non-vaccinées. Néanmoins, le nombre des hospitalisations des personnes testées positif et vaccinées est aussi reparti à la hausse, mais de façon beaucoup moins nette.
Pour les admissions en soins critiques, la situation est un peu différente, car le nombre d’admissions en soins critiques des personnes testées positif et vaccinées n’est pas reparti à la hausse avec cette quatrième vague, au contraire des admissions des personnes non-vaccinées qui font la plupart des nouvelles admissions en soins critiques.
C’est donc bien cette phrase du rapport, que j’ai mise en valeur en tête de l’article, qui est très instructive : « 87% des admissions en soins critiques et 83% des admissions en hospitalisation conventionnelle sont le fait de personnes non-vaccinées, alors que les patients complètement vaccinés en représentent respectivement 6% et 11%. ». Cela a donné aussi le titre du rapport du 6 août 2021 de la DREES : « Fin juillet [2021], les entrées en soins critiques sont 12 fois moindres au sein de la population complètement vaccinée que parmi les personnes non-vaccinées. ». À taille de population comparable.
Insistons, martelons sur le fait qu’on trouvera donc toujours des personnes complètement vaccinées qui risquent de se retrouver en réanimation voire décédées, car un vaccin n’est jamais efficace à 100%, mais elles risquent beaucoup moins que les personnes non-vaccinée et c’est là l’essentiel. C’est pourquoi il est nécessaire que la politique sanitaire ait pour but d’enrayer l’épidémie globalement et pas juste protéger des personnes supposées fragiles.
Pour retrouver ce taux de 12, il faut avoir une idée plus juste de ce que signifient ces rapports que je viens de citer, en connaissant le taux de couverture vaccinale sur la même période de référence : dans la population, il y avait alors 45% de personnes non-vaccinés et 39% personnes complètement vaccinées (elles étaient encore minoritaires).
Cette proportion vaccinale dans la population est importante de connaître aussi lorsqu’on compare les décès : ainsi, à taille de population comparable, il y a 5,3 fois plus de décès chez les personnes non-vaccinées que chez les personnes complètement vaccinées.
En prenant plusieurs critères : le nombre de cas positifs, le nombre d’hospitalisations conventionnelles, le nombre d’admissions en soins critiques, enfin (hélas), le nombre de décès, "il n’y a pas photo" : une personne non-vaccinée est bien plus exposée qu’une personne vaccinée. Et c’est là le malheur, pour ces 2 à 3 millions de personnes vulnérables qui n’ont toujours pas pensé à se faire vacciner alors que leur vie est réellement en danger. Le nombre de décès monte et cela n’a rien à voir avec la vaccination, mais justement avec la non-vaccination.
Et pensons que personne n’est à l’abri d’être une personne vulnérable qui s’ignore, même si elle est "jeune" et en bonne santé, en bonne forme, sportive, s’alimentant sainement. Après dix-neuf mois de pandémie, on peut affirmer que le covid-19 reste encore une loterie, qui épargne des personnes supposées fragiles et qui anéantisse des personnes supposées hors de toute vulnérabilité de santé.
C’est pour cette raison que se faire vacciner a plusieurs rôles : 1° se protéger soi-même, et par soi-même, c’est aussi épargner la douleur de ses proches ; 2° protéger les autres, car la vaccination réduit les risques de sa propre contamination et donc, réduit les risques de contaminer ses proches, notamment les plus faibles ; 3° être solidaire des personnes vulnérables, celles qui sont vaccinées (le vaccin est dit efficace qu’à 95%, il y a donc des trous dans la raquette) comme celles qui ne sont pas encore vaccinées (mais qu’attendent-elles ?), mais aussi solidaire des personnels soignants : on voit déjà en Martinique, en Guadeloupe, à cause d’un taux de vaccination bien trop faible, la réquisition de soignants initialement en vacances pour aller soigner et peut-être sauver les personnes malades.
Enfin, être solidaire des patients hors covid-19 qui doivent toujours pouvoir être soignés malgré la crise sanitaire et donc il ne faut pas saturer les services hospitaliers par une arrivée massive de malades du covid-19. Là aussi, qu’on ne me parle pas des suppressions des lits hospitaliers : dans une pandémie comme celle que nous connaissons, nous ne pourrons jamais la résoudre par une création de dizaines de milliers de lits car c’est une montée exponentielle qu’il faut à tout prix stopper en amont, et il faut aussi rappeler que la mortalité covid-19 en réanimation est très forte (de 30 à 50%). L’objectif d’un gouvernement soucieux de la santé des citoyens, c’est d’éviter à tout prix qu’un patient entre en réanimation. Ces premières données montrent que la vaccination est une arme efficace (mais pas suffisante) pour atteindre cet objectif.
Entre parenthèses, le problème des lits dans les hôpitaux est un vrai problème mais qui n’a rien à voir avec l’épidémie : si on a supprimé autant de lits depuis vingt ans, c’est parce que les patients préféreraient mourir chez eux à l’hôpital et qu’on a voulu développer la médecine ambulatoire. L’avenir d’ailleurs est dans des unités de soins palliatifs à domicile, pour les personnes en fin de vie, afin de leur permettre de terminer paisiblement leur vie chez eux et pas à l’hôpital. Quant au gouvernement actuel, il a proposé 14 milliards d’euros d’investissements dans les hôpitaux au Ségur de la Santé de juillet 2020, mesure financière sans précédent. Dans tous les cas, un lit supplémentaire suppose aussi du personnel formé et la formation est longue, ce n’est pas en quelques années qu’on réforme une telle institution. C’est toujours plus facile de critiquer le gouvernement (qui est par définition critiquable, puisqu’il prend des décisions et qu’il ne peut pas plaire à tout le monde) que de combattre efficacement le virus.
Refusant d’imposer l’obligation vaccinale à la population générale (chose qu’on peut difficilement accepter juridiquement et difficilement assumer politiquement), le gouvernement a choisi la politique d’extension du passe sanitaire qui a un triple avantage : celui de la liberté des personnes vaccinées qu’on ne reconfine pas (inutilement), celui de l’incitation à la vaccination (qui est aujourd’hui un grand succès), enfin, celui de la liberté aussi des personnes à ne pas se faire vacciner puisqu’elles peuvent toujours disposer du passe sanitaire en faisant un test de dépistage.
Ces premières données (hospitalisation vs vaccination) sont encourageantes et justifient pleinement la politique sanitaire du gouvernement. Il reste à ce qu’elles soient confirmées dans le temps. L’humilité et la prudence sont les deux impératifs pour ce virus si nouveau. Plus la population sera vaccinée, plus l’épidémie sera maîtrisée. Toutes ces données sont en open data, à chacun de faire sa propre analyse et d’en arriver à sa propre conclusion. C’est cela, la démocratie, et cela ne se passe pas partout ainsi…
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (11 août 2021)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
La vaccination contre le covid-19, ça marche !
Rapport de la DREES du 6 août 2021 (à télécharger).
Covid-19 : les Engagés et les Enragés.
Le passe sanitaire validé par le Conseil Constitutionnel.
Décision n°2021-824 DC du 5 août 2021 du Conseil Constitutionnel sur la loi relative à la gestion de la crise sanitaire (texte intégral).
Couverture vaccinale : la France dépasse les États-Unis et l’Allemagne.
L’heureux engagement du Président Macron en faveur de la vaccination des jeunes.
Mathématiques alternatives (une vidéo à voir absolument).
La Science, la Recherche et le Doute.
Covid-19 : se faire vacciner, c’est résister !
Audition d’Olivier Véran au Sénat le 22 juillet 2021 sur le passe sanitaire (à télécharger).
Motion de rejet préalable sur l passe sanitaire le 25 juillet 2021.
Variant delta : la territorialisation des restrictions sanitaires.
Covid-19 : les bénéfices-risques de la vaccination des adolescents.
4e vague : passe sanitaire ou reconfinement ?
Les outrances désolantes des antivax, enfants gâtés de la planète.
Fête nationale : cinq ans plus tard…
Emmanuel Macron, la méthode forte.
Emmanuel Macron face à la 4e vague (2).
Emmanuel Macron face à la 4e vague (1).
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