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Les messages de l’Iran derrière les exécutions

Avec l’exécution d’un ancien fonctionnaire iranien ayant la nationalité britannique, Alireza Akbari, après l’avoir accusé d’espionnage pour la Grande-Bretagne, l’Iran envoie des messages dans plusieurs directions, internes et externes.

L’exécution elle-même reflète l’atteinte par les dirigeants du régime d’un niveau d’émotion et d’anxiété sans précédent, les incitant à prendre des décisions sensibles en temps opportun, malgré les complications et les conséquences politiques désastreuses tant au niveau intérieur qu’extérieur.

Akbari, qui était auparavant l’adjoint d’Ali Shamkhani, l’actuel chef du Conseil national de sécurité iranien, lorsque ce dernier était ministre de la Défense sous l’ancien président Khatami, était accusé d’espionnage pour le compte de la Grande-Bretagne, dont le Premier ministre a qualifié l’exécution d’«  acte cruel et lâche perpétré par un régime barbare », qui pourrait faire date dans l’histoire du régime iranien.

Plusieurs raisons sont en cause, notamment la critique internationale des exécutions en cours en Iran. Parmi elles, l’intervention britannique dans cette affaire particulière, étant donné que Reza détient la citoyenneté britannique en plus de la citoyenneté iranienne.

Le facteur temps est plus important, car l’exécution implique une menace indirecte pour les opposants et les critiques du régime iranien dans le pays et à l’étranger. La décision d’exécution est difficile à considérer indépendamment de l’escalade de la pression exercée par le régime iranien en raison des protestations populaires croissantes.

Les preuves suggèrent que l’indignation occidentale concernant cette dernière exécution ne se limite pas à la Grande-Bretagne et à son allié les États-Unis, qui ont exhorté les dirigeants du régime de Téhéran à ne pas exécuter Akbari.

Mais il existe une colère occidentale parallèle liée à la Belgique, qui a récemment convoqué l’ambassadeur d’Iran après qu’un tribunal iranien a condamné un travailleur humanitaire belge à 40 ans de prison et 74 coups de fouet pour espionnage contre l’Iran en coopérant avec le gouvernement américain, contrebande de devises étrangères et blanchiment d’argent.

Il est clair que le régime iranien souffre de ce qui peut être décrit comme une phobie de l’espionnage.

Bien que l’accusation d’espionnage soit toujours «  à portée de main  » pour la plupart des opposants au régime, elle risque désormais au moins la peine de mort ou la prison à vie, car ce dernier cas est souvent utilisé pour des accords d’échange de prisonniers et des pressions politiques, d’autant plus qu’il est réservé aux ressortissants étrangers.

Les citoyens irano-britanniques Nazanin Zaghari-Ratcliffe et Anousheh Ashouri ont été libérés. Ils ont été autorisés à quitter l’Iran l’année dernière après que la Grande-Bretagne a payé les dettes que l’Iran réclamait depuis des décennies. De nombreux facteurs ont contribué à l’approfondissement de cette «  phobie  » au sein du régime iranien.

Le principal d’entre eux sont les violations répétées de la sécurité qui ont eu lieu en Iran ces dernières années. De nombreux chefs militaires et universitaires ont été ciblés et assassinés en Iran.

En particulier, Mohsen Fakhrizadeh, le plus célèbre scientifique nucléaire iranien, a été pris pour cible en 2020, ce qui donne une image ridicule de la sécurité iranienne qui n’a pas réussi à fournir la protection nécessaire pour ces personnes à l’intérieur de leur pays. Dans le cas du travailleur humanitaire belge Olivier Vandikastel, accusé d’espionnage contre l’Iran.

L’accusation, qu’il nie et que Bruxelles considère comme «  inventée », l’Iran veut l’échanger contre le diplomate Assadollah Assadi, qui est en prison en Belgique depuis l’année dernière, accusé d’avoir comploté pour faire exploser un rassemblement de dissidents iraniens à l’étranger.

L’accord est remis en question car la Cour constitutionnelle belge a suspendu le traité controversé d’échange de prisonniers, qui aurait pu sous-tendre l’accord souhaité par Téhéran.

Ces accords potentiels L’Iran prévoit de temps à autre de fournir à la tristement célèbre prison d’Evin des prisonniers occidentaux de différents pays dans l’espoir de les échanger contre des prisonniers iraniens dans ces pays.

Dans tous les cas, le régime iranien ne cherche pas à conclure des accords, sauf pour le retour de suspects iraniens accusés d’être impliqués dans des crimes terroristes dans des pays du monde entier. Les munitions des prisonniers occidentaux à la prison d’Evin sont destinées à résoudre, à arrêter et à poursuivre l’échec des agents de l’IRGC à réaliser les crimes planifiés à l’étranger.

Pour revenir au cas d’Akbari, qui a été exécuté après un battage médiatique interne le décrivant comme un super espion, peut-être pour essayer d’établir une théorie du complot et promouvoir l’idée d’un rôle extérieur dans les protestations populaires en cours en Iran, il a déclaré dans un message audio divulgué avant son exécution qu’il a été attiré pour visiter l’Iran.

À son arrivée, il a été arrêté pour avoir reçu des informations top secrètes d’Ali Shamkhani, secrétaire général du Conseil suprême de sécurité nationale d’Iran, en échange d’un flacon de parfum et d’une chemise. La décision de l’exécuter représente un coup dur pour Shamkhani, entachant sa réputation et endommageant son histoire. Akbari était l’un de ses plus importants confidents.

Les médias pro-régime ont établi un lien entre l’exécution d’Akbari et l’attaque contre Shamkhani.

Shamkhani a pris des positions et des propositions différentes de celles des autres dirigeants du régime concernant l’escalade des protestations de septembre dernier et a offert des alternatives pour parvenir à un consensus public entre les courants du régime pour éviter les conséquences de ces protestations.

Shamkhani a été accusé d’échouer dans ce qu’il a appelé la «  guerre psyop et médiatique », et faire la lumière à l’heure actuelle sur l’affaire du «  super espion », bien que son arrestation ait eu lieu en 2019 selon plusieurs rapports, peut être un message à usages multiples.

Une partie de ce message est une réponse à l’attitude des Britanniques et des Occidentaux à l’égard des manifestations en Iran.

Certains ont à voir avec l’intimidation des opposants au régime dans le pays et à l’étranger, surtout après que de nombreux symboles dans les domaines culturel et sportif ont fui à l’étranger et ont essayé de rassembler leurs forces pour créer un front d’opposition fort à l’étranger afin de gérer l’état de colère dans le pays.

Des sources médiatiques proches du CGRI affirment également qu’Ali Shamkhani, chef du Conseil de sécurité nationale, sera bientôt licencié après ce qu’elles ont décrit comme un «  scandale de super espionnage  » et exécuté.

Cela renforce l’idée de vengeance à l’image de son conseiller et ancien adjoint que certaines ailes du régime voient Shamkhani comme un candidat potentiel à la prochaine élection présidentielle et veulent le brûler politiquement et l’écarter de la scène à partir de maintenant.

Bien que Téhéran comprenne déjà l’ampleur de la colère de l’Occident en réponse à l’exécution d’Akbari, il semble avoir pris sa décision sur un certain nombre de questions concernant ses relations avec l’Occident. Il veut envoyer un message fort en réponse à ce qu’il considère comme un soutien ou une planification des protestations populaires en Iran.

Ainsi, cette exécution a mis les relations de l’Iran avec les capitales occidentales sur une ligne directe de confrontation. Nous pensons qu’elle a fermé, même temporairement, toute négociation possible pour la reprise du dialogue sur le dossier nucléaire.

On s’attend également à ce que la Grande-Bretagne prenne des mesures pour imposer de nouvelles sanctions contre l’Iran après avoir déjà imposé des sanctions contre la vice-police iranienne et plusieurs hauts responsables de la sécurité.

Londres est susceptible d’envisager d’inscrire le CGRI sur la liste des organisations terroristes et de rejoindre les États-Unis dans cette affaire  ; le processus d’exécution retire la troïka européenne de l’Allemagne, de la France et de la Grande-Bretagne de sa politique prudente à l’égard de Téhéran pour se repositionner avec les États-Unis dans la gestion des relations avec l’Iran dans la prochaine phase, de sorte que parler de la reprise des négociations sur le nucléaire iranien ou même parler d’un dossier iranien devient improbable, du moins dans un avenir prévisible.


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6 réactions à cet article    


  • Eric F Eric F 29 janvier 2023 19:19

    Donc l’accord sur le nucléaire iranien, déjà moribond, va disparaitre totalement. Ce qu’anticipe sans doute les attaques par drone de cibles sensibles en Iran hier.


    • @Eric F

      C’est la compète des Deux candidats à la Troisième :
      la Der des Der depuis l’Ukraine ou l’Iran ???
      On ne peut pas blâmer le couple « Yankee-Tel Aviv » de ne pas se donner assez de mal !
      C’est le Coréen et le Chinois qui vont rester cois sur le bord de la route


    • yakafokon 4 février 2023 11:36

      @Eric F
      Et qui a « moribondé » l’accord sur le non-enrichissement de l’uranium iranien, conclu difficilement avec les représentants de plusieurs pays ?
      Comme d’habitude, ce sont les semeurs de merde professionnels, à savoir les Etats-Unis ( rappelez-vous Donald Trump déchirant devant la presse internationale le traité signé par Téhéran ) !
      Et tout ça parce que les missiles iraniens qui menacent les nazis israéliens, ne faisaient pas partie du paquet-cadeau !
      Gageons que Donald Trump, qui est un homme d’affaires qui préfère le business à la guerre, a été poussé à agir ainsi par les faux-cons ( pourquoi faux, d’ailleurs ) de la CIA, du FBI, et du secteur militaro-industriel ( qui se lèche déjà les babines à l’idée des nouveaux contrats d’armement ) !
      Du coup, l’iran qui n’envisageait que l’alimentation de ses nouvelles centrales nucléaires en uranium a décidé, ( en toute illégalité comme Israël ) de se doter de l’arme nucléaire, comme l’ont fait toutes les puissances nucléaires existantes, qui n’ont demandé aucune autorisation à qui que ce soit !
      C’est ce qui s’appelle « la dissuasion nucléaire » !
      Les missiles et les drones iraniens suffisaient à faire disparaitre Israël de la carte de l’Asie, mais on n’est jamais trop prudent !
      Si vis pacem, para bellum !


    • xana 30 janvier 2023 14:43

      En France il n’y a plus d’espions à exécuter, puisque notre Président est lui-même complètement à la solde de notre ennemi Anglo-Américano-Sioniste. Pourquoi prendre le risque d’espionner si tout ce que nous avons de secret est livré sur un plateau ?

      Elle est pas belle, la vie ?


      • On pourrait pas négocier quelques OQTF et autres Fichier S contre du Gaz ou du pétrole... histoire de désengorger la France ??

        Désengorger des égorgeurs...

         smiley


        • yakafokon 4 février 2023 12:18

          Tout-le-monde ( les dirigeants, pas les peuples ) de l’Union Européenne, veut faire la guerre à la Russie...mais sans aller sur le terrain !

           Why not ? La Russie est prête au tir aux pigeons. Elle a eu 8 ans pour s’entrainer !

          Mais apparemment, il n’y a pas beaucoup de volontaires qui soient prêts à se faire trouer la paillasse pour défendre des nazis ukrainiens, polonais, baltes, britanniques, et autres racailles !

          Alors, on se débarrasse des vieux chars, on donne des armes offensives comme le canon français auto-moteur Cæsar !

          Mais la Russie s’en contrefout, sachant que les oligarques ukrainiens qui gravitent autour de Volodymyr Zelensky vont les faire disparaitre aussi rapidement qu’ils arrivent ( s’ils arrivent, car les routes, les autoroutes, et les voies ferrées sont détruites plus vite qu’elles sont réparées ).

          Les chars qui sont transportés par voie ferrée , sont des chars à l’arrêt, donc sans aucune protection anti-missile, puisque sans alimentation électrique.

          Quant aux liasses de dollars qui sont déversés en Ukraine, les valises qui les transportent n’auront même pas le temps de toucher le sol, avant de s’évaporer !

          Ce pays est le plus corrompu qui existe sur Terre, et Dieu sait s’il y en a i

          Ce qui fait que ce qui reste de l’armée nazie ukrainienne est réduit à la portion congrue ! ( cela rappelle les hitlerjungenden d’Adolf Hitleravec leurs panzerfausts ) !

          Notre « Roi Soleil » Emmanuel 1er sait-il au moins qu’il n’a aucun droit d’engager la France dans un conflit direct, sans l’accord des 2/3 des députés et des sénateurs ?

          A fortiori dans un conflit qui ne nous concerne pas, puisqu’aucun pays de l’Union Européenne, ni de l’ O.T.A.N. n’est attaqué !

          Après, il ne faudra pas venir pleurer, sans gaz russe pour se chauffer, sans essence ni gasoil pour nos bagnoles, sans uranium pour nos centrales, sans engrais pour notre agriculture, ni sans tous les échanges commerciaux que nous avions avec la Russie, ce pays qui ne nous a jamais nui !

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