Le 61e anniversaire de la captive birmane, Aung Suu Kyi
Le 61e anniversaire de la captive birmane, Daw ug San, Suu Kyi, a provoqué dans le monde une vague d’indigation et la condamnation de la dictature des généraux birmans : vingt-cinq pays, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Europe unie, quelques Etats asiatiques ont participé à cet anniversaire au sein du Conseil des Nations unies pour le respect des Droits humains.
Le 61e anniversaire de Mme Aung San Suu Kyi, élue en 1999 à la tête de la Ligue birmane pour la démocratie, a donné lieu le 19 juin à une série de manifestations de solidarité organisées non seulement à Rangoon mais dans vingt-cinq pays dans le monde pour demander la libération de la « frêle et belle « Lady » de Birmanie, captive pendant dix années sur dix-sept de la Junte des généraux birmans, et assignée à résidence depuis 2003 à la suite de manifestations pacifiques organisées par la « Ligue nationale pour la démocratie » birmane, réprimées par les armes par la Junte.
À Rangoon, des centaines de personnes se sont réunies devant le siège social de la Ligue démocrate afin d’y célébrer leur attachement à leur élue de 1990 au cours d’une cérémonie bouddhiste propitiatoire à l’issue de laquelle des pigeons blancs ont été libérés comme symboles de liberté.
D’autres offices religieux ont été célébrés par les moines dans divers monastères et pagodes de la Fédération dans le but de marquer la solidarité des institutions bouddhistes du pays à l’égard du prix Nobel birman de la paix prouvant ainsi que les moines en toge safran ne sont pas nécessairement du côté du plus fort.
Le même appel à la justice et au respect des droits de l’homme a été exprimé par de nombreuses personnalités internationales parmi lesquelles se trouvait M. Mikhail Gorbatchev, l’ancien homme d’Etat initiateur de la libération de la Russie de l’emprise soviétique, ansi que l’ancien président de la République tchèque, M. Václav Havel , et Mgr Desmond M. Tutu, archevêque d’Afrique du Sud, et lauréat du prix Nobel de la Paix en 1984.
Une vigoureuse intervention a été faite également par deux défenseurs indiscutables des droits de l’homme et de la liberté des peuples l
« Normalement, ont-ils écrit dans leur appel adressé au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, il n’est pas courtois de faire allusion à l’âge d’une femme. Et pourtant, nous voudrions vous rappeler, aujourd’hui, qu’une année déjà s’est écoulée depuis que l’élue de l’opposition birmane démocratique, Mme Aung San Suu Kyi a célébré son 60e anniversaire ! »
Les deux champions des libertés et des droits ont souligné qu’à nouveau, « Mme Aung San Suu Kyi a été assignée à résidence et contrainte à un isolement presque total, coupée des membres de sa famille et de ses amis, pendant douze autres nouveaux mois de persécutions à l’encontre de l’opposition birmane. Douze nouveaux mois de persécution durant lesquels les droits de l’homme n’ont pas été respectés, une nouvelle année de mensonges à répétition. »
Durant combien de nombreuses autres années d’opposition paisible et silencieuse, se demandent le deux leaders démocrates, Mme Suu Kyi et ses compagnons de la « Ligue nationale pour la démocratie » devront-ils encore endurer "l’arbitraire de la Junte" ?
Les deux défenseurs des libertés et des droits de l’homme ont rappelé dans leur appel que « l’annulation en 1990, des élections démocratiques - qui avaient donné le pouvoir à l’opposition en proclamant sa victoire - avait été un "indigne défi au droit international".
"Il est affligeant de constater que depuis ce coup de force , les institutions internationales - paralysées par le pragmatisme habituel de la politique internationale - ont persévéré dans leur immobilisme en s’abstenant de défendre les idéaux dont elles expriment les principes dans un pathos qui consacre leur propre existence."
"Il n’est pas admissible, par exemple, de céder continuellement devant les intérêts économiques sans la moindre considération pour la liberté et les Droits de l’homme . Il n’est pas possible non plus de se plier devant les critiques officielles ou privées, selon lesquelles le fait d’intervenir dans les affaires intérieures d’un Etat est inacceptable."
"Dans un monde global, un tel comportement présente moins de raisons d’être que par le passé. Nous sommes bien conscients que la Birmanie ne fait pas partie des points chauds de l’actualité et qu’il existe effectivement de nombreux et divers dangers dans le monde.
Il n’en demeure pas moins que cette apathie internationale favorise l’éclosion et le développement de régimes dictatoriaux ou semi-dictatoriaux et les renforce dans la conviction de leur impunité."
"C’est pour toutes ces raisons que nous demandons à nouveau au Conseil de l’organisation des Nations unies de porter l’attention qu’elle exige à la situation qui prévaut en Birmanie dans le but de faire d’obtenir la condamnation et la mise à l’écart de cette dictature militaire et de porter les secours dont elles ont besoins aux victimes de ses persécutions", ont déclaré le président de la République tchèque Václav Havel , et Mgr Desmond M. Tutu, archevêque d’Afrique du Sud, lauréat du prix Nobel de la Paix en 1984.
Par ailleurs, à l’occasion de la session inaugurale du Conseil des Droits de l’homme, des experts des Nations unies ont appelé à ne pas oublier le cas de Mme Aung Dans Suu Kyi.
Le rapporteur spécial des Nations unies, chargé de l’étude de la situation sur les droits de l’homme au Myanmar, M. Paulo Sergio Pinheiro, a estimé qu’aujourd’hui, alors que les Etats membres des Nations unies sont réunis pour l’inauguration historique du Conseil des Droits de l’homme, "nous tenons à vous rappeler que ce jour coïncide avec le 61e anniversaire de Daw Aung San San Suu Kyi, une des femmes le plus respectées dans le monde en raison de sa lutte pour la défense des droits de l’homme. Lauréate du prix Nobel pour la paix,
elle est toujours captive, détenue pendant dix années sur seize, pour avoir milité pacifiquement pour le rétablissement des libertés démocratiques fondamentales."
"Si notre communauté internationale veut être digne de confiance et confirme les buts de sa mission, elle devrait exiger que des personnalités comme Mme Suu Kyi, qui ont défendu à leurs dépens l’établissement d’un monde plus pacifique et équitable, soient aidées dans leurs œuvres, et non pas permettre qu’elles soient réduites au silence.
Aux Etats-Unis, également, le gouvernement de Washington a manifesté sa solidarité au leader birman et renouvelé sa condamnation à l’encontre de "l’inacceptable" régime birmans.
Mme Paula J. Dobriansky, sous-secrétaire d’Etat pour la démocratie et les affaires globales (Undersecretary of State for democracy and
global affairs) a déclaré que "c’est seulement en libérant Mme Suu Kyi et tous les détenus politiques, sans aucune condition, et en restaurant un gouvernement de forme démocratique, respectueux des droits de l’homme, que le régime des généraux peut rendre à la Birmanie sa stabilité, la paix et sa prospérité, ainsi que le respect de ses leaders sur la scène internationale."
C’est dans ce but que nous suggérons que le Conseil de sécurité vote une résolution soulignant ces exigences qui ont été exposées par le sous-secrétaire général des Nations unies, M. Ibrahim Gambari, aux membres de la junte birmane, lors du séjour qu’il a effectué en mai dernier à Rangoon.
La sous-secrétaire d’Etat américaine a rappelé les menaces qu’a fait peser la Junte militaire birmane sur la population du pays au cours de ces derniers mois. Elle a mentionné les opérations militaires dirigées contre les minorités ethniques, les déplacements des milliers de personnes, les abus de pouvoir perpétrés par les unités de l’armée birmane, y compris les viols, les travaux forcés imposés aux paysans, les meurtres et la torture.
Mme Dobriansky a souligné le fait que le peuple birman n’est pas le seul à être menacé par les conséquences des crimes de ce régime de terreur, par ses trafics de drogue et la traite de main-d’oeuvre forcée à laquelle ils se livre..
En ce jour anniversaire, le premier britannique, M. Tony Blair, est également intervenu en "regrettant amèrement que le leader démocrate birman, Mme Auns San Suu Kyi, soit seule et encore assignée à résidence, coupée de sa famille et de ses amis, après avoir vu le 27 mai dernier sa détention prolongée sine die."
"Ceci est absolument inacceptable et va à l’encontre de tout ce que le secrétaire général des Nations unies, la plupart des pays voisins de la Birmanie , l’Union de l’Europe n’ont pas cessé de préconiser", s’est indigné M. Blair.
La Russie et la Chine, les pays qui ont célébré au cours des mois derniers leur amitié à l’égard du régime birman, ou qui sont ses amis de longue date, dans le Sud-Est asiatique, qui le ménagent comme le font les membres de l’ASEAN, ne paraissent pas avoir participé à cet anniversaire. Ou du moins n’ont-ils pas laissé, dans leurs journaux, de trace de leur compassion à l’égard de la lady birmane, ainsi que l’a surnommée le petit peuple de Rangoon, elle qui est en passe de devenir une héroïne asiatique du monde moderne.
© Bertrand C. Bellaigue - juin 2006
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