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Les commentaires de Nick Corey



  • Nick Corey 31 octobre 2022 20:16

    @Mirlababo
    La haine puérile, de genre histrion, que vous exprimez dans pratiquement tous vos messages, notamment par des accusations d’ignorance, révèlent le peu de confiance que vous avez en vous et en vos propres connaissances. Les hypothèses caricaturales que vous faîtes sur les uns et les autres y compris moi sont drôles de mauvaises intuitions mais un peu pénibles tout de même.
    Calmez-vous voyons... Vous n’avez pas d’ami ? Vous êtes au chômage ? On embauche pas loin de chez moi si vous voulez.

    Aussi, il est évident que vous ne comprenez pas un traître de mot de cet article, parce que, parfois, lorsque vous êtes presque clair dans vos mots, je suis presque d’accord avec vous.
    Mais laissez tomber. Si ce texte vous donne tant d’urticaire : pourquoi y retourner ? Savez-vous que c’est en grande partie à cause de vous qu’il est resté aussi longtemps en tête de la Une (c’est la première fois que j’y reste plus d’une heure  j’y suis resté plus de 24h).

    Alors je comprends que ça fait passer le temps de troller, et c’est amusant. Mais j’ai l’impression que vous prenez ça beaucoup trop à coeur.



  • Nick Corey 31 octobre 2022 07:28

    @sylvain
    Je vous remercie pour votre retour  qui n’est pas le premier.
    « prendre un certain temps a mettre au point ». Tout à fait, mais j’avance à pas de fourmi.
    En fait, je bosse en rentrant du taf, parfois avant d’y aller... J’ai commencé en novembre dernier. J’avais des vacances en octobre, donc j’ai pu les retoucher et les éditer.
    « Il me semble que si on peut dire que le racisme et le sexisme sont les thèmes qui ont fait avancer l’empire capitaliste[...]  »
    En fait, je ne suis pas sûr que l’on puisse aller jusqu’à dire ça. C’est ce que, a fortiori, finit par sous-entendre le postmodernisme, par ailleurs. On ne peut pas aller jusqu’à dire que le racisme a motivé d’aller piller l’Inde ou l’Afrique. C’est plutôt l’avidité, et un peu la croyance sincère en l’universalisme républicain. Après y a un contexte historique : l’Angleterre a toujours eu peur d’être trop petite pour nourrir sa population, a pris un siècle pour se faire une supère marine (Walter Raleigh, Elizabeth I...) et a commencé à aller se taper partout. De l’autre côte, les espagnols venaient de bouter les arabes, il y avait toute une noblesse sans terre, un peu laissés pour compte par la Reconquista, et encore bien montés à bloc. Après, les autres pays d’Europe se sont dits qu’il fallait qu’ils se mettent à la page. Et c’est parti... Surenchère jusqu’aux 2 guerres mondiales.
    Pour le reste, vous avez tout à fait raison.



  • Nick Corey 30 octobre 2022 14:13

    @Mirlababo
    Au risque de passer, une fois de plus, pour indulgent auprès de la gauche, je ne pense pas qu’il y ait de doctrine LGBT. L’orientation sexuelle n’est pas un courant politique...
    Intellectuellement, les questions autour de l’orientation sexuelle ont été posées principalement par les milieux féministes, et les « milieux gays », du moins sur le dernier siècle. Il existe tout un tas de bouquins qui résument les différentes phases du féminisme, depuis l’époque médiévale jusqu’à nos jours, avec la distinction, un peu artificielle, des trois vagues féministes (sufragettes, Beauvoir, Butler).
    Ce sont en fait les Gender Studies, initiée par Judith Butler, qui pensent aujourd’hui le plus les questions sur l’orientation sexuelle. En France, la personne qui a le plus popularisé ces recherches est Elsa Dorlin.
    Ces travaux sont totalement postmodernes, c’est-à-dire qu’ils s’efforcent de se fonder principalement sur des données empiriques, et opèrent une critique des conceptions modernes (des Lumières) autour de ces questions. Ils s’efforcent aussi de ne pas être doctrinaire, c’est-à-dire de ne pas donner de solution définitive aux problèmes, seulement des pistes de propositions.
    Ma critique est notamment de dire que les Gender Studies ont connu une popularité telle qu’il y a maintenant des tendances doctrinaires radicales en leur sein, et des généralisations rapides, excessives, propagandaires, notamment autour de la notion du « masculo-caucasien », qui est devenu une marotte, comme l« ’islamo-gauchiste » est devenu une marotte d’un autre type de personne.
    Mais c’est le lot de beaucoup de courants de pensée. Le problème est surtout que la gauche n’a pas grand chose d’autre à proposer que ça et l’antiracisme.



  • Nick Corey 30 octobre 2022 13:54

    @Laconique

    Je vous remercie pour votre réponse  même si nous ne sommes pas d’accord.
    J’ai noté que vous m’avez remercié chaque fois pour les autres articles (dont une fois en commentaire modo) : j’apprécie. Je pense, en plus, que vous aviez vu ma tendance marxiste dès le début  je ne m’en cache pas.
    Je veux tout de même répondre sur le bilan de l’URSS.
    L’atrocité du régime, ses conséquences encore aujourd’hui, tout ça, y a pas de souci... Un autre commentaire me reprochait, sur un autre article, de réduire l’URSS et Marx au Goulag.
    J’ai toujours vu l’URSS comme un Spectacle façon Tintin chez les Soviets. Aussi, si des choses ont été révélées officiellement progressivement, beaucoup savaient déjà. Ma famille était marxiste mais a toujours été anti URSS et anti PCF. Mon grand-père maternel a basculé anar quand il a compris, à la libération.
    Aussi, Marx a dit des conneries, fait des erreurs, mais on ne peut le réduire au Goulag, comme on ne peut réduire Hayek à Pinochet, Maurras à Pétain, etc... Et même : Marx préconise beaucoup moins qu’on ne le dit et finalement moins que Hayek ou Maurras. Le Capital est surtout une critique, et oui : je pense qu’il n’y en a pas de plus juste. Même s’il devient urgent de la dépasser.

    Mon idée globale est qu’il n’y a qu’une seule idéologie par époque : la dominante. À la nôtre, c’est bien évidemment le libéralisme, qui s’est substitué à la fideis d’Ancien Régime  qui elle-même avait fait tomber le clientélisme romain. Les autres ne sont que des réactions : Marx, comme Maurras, comme Bonald ou de Maistre avant (désolé je déteste Burke), comme Fourrier, comme Proudhon... Je pense que la réaction de droite a su trouver des problèmes que la réaction de gauche n’avait pas vu (voire ne pouvait pas voir). Mais à part Maurras, toutes les pensées de droite sont économiquement libérales, et donc finissent par être aussi inutiles que le wokisme. C’est là toute l’hypocrisie de ce que l’on appelle l’extrême droite, et la mère Pen, qui ne vote les motions de censure que quand elle est certaine qu’elles ne sont plus dangereuses, l’a encore montré y a qqs jours. 
    Maintenant, on peut discuter du retour aux corporations que préconise Maurras. Économiquement, on n’est pas si éloigné d’un système communiste (au sens large). Après, Maurras est abominablement antisémite, et je ne pense pas que la France puisse encaisser un retour à la noblesse et au folklore d’Ancien Régime...

    Je suis de Benoist depuis 20 ans, et si on est d’accord sur bien des choses (je kiffe qu’il commence toutes ses réflexions par la Querelle des Universaux et c’est la honte qu’il n’y ait pas un mec de gauche qui le fasse), il n’a pas de pensée économique clarifiée, et il est finalement évident qu’il a vendu son âme à Hayek, comme tous les autres. Les autres ne sont d’ailleurs que des épigones de Benoist. Qu’ils osent revenir à l’économie d’Ancien Régime et après on verra. Et c’est ça qui me gêne chez les natios, et dont l’histoire révèle que cela n’a jamais été que ça, en fait. Ce sont des traîtres, au moins autant que la gauche politique. Dans l’Histoire, les natios cathos qui en avaient vraiment à faire des ouvriers, c’est la clique à la Tour du Pin qui a donné le catholicisme social, et qui est finalement de gauche. Du Pin voulait un retour au corpo, lui. Les autres, ils ont transformé leur critique du capitalisme libéral en un antisémitisme furieux. Sauf Maurras qui a fait les deux. On y revient.

    Je pense que la question dite « culturelle » est bidon, en fait. C’est un prétexte pour les droitards et les bobos pour ne pas parler d’économie. Donc oui, je ne peux être que de tendance marxiste.
    Ceux qui parlent de la Grande France, alors qu’ils ne la connaissent pas, comme Zimmy par exemple, ça me fait pitié. J’ai, moi-même, des tendances chauvines, mais je sais pourquoi, je sais d’où je viens. J’ai fait ma généalogie, je suis français depuis le début de l’état civil au moins (1650).
    J’aime pas Clovis pasque c’est un belge, même si je suis assez fan de l’épisode du vase de Soisson. J’aime pas Napoléon pasque c’est un corse, et que c’était un pourri de la tête au pied, une vraie ordure. J’aime Martel parce qu’il n’a pas pris la couronne pour lui. J’aime Charlemagne parce qu’il est plus légitime que son père (oui ça me gène que les Carolus ait usurpé les Méroves), et qu’il a compris l’intérêt de la pensée alors qu’il était analphabète. Je déteste Hugues Capet, pasque c’était un sale con, et qu’il a usurpé. Même si je me sens flatté que la dynastie capétienne reste la plus balèze de tous les temps. J’ai une passion pour les villes féodales françaises, leurs organisations, leurs relations avec les seigneurs, leurs problèmes internes... J’ai des théories précises sur la Guerre de Cent ans, des avis comme si j’y étais. J’ai étudié les batailles comme un gamin. Je suis partagé sur Onze, l’Aragne. Je hais viscéralement le protestantisme. J’aime Rabelais. J’aime (avec une certaine honte c’est vrai) Quatorze parce qu’il était sincère et qu’il a laissé sa bonne femme gouverner à la fin de sa vie. Je défendrai Seize sur mon lit de mort, pasque c’était pas de sa faute (même si j’ai fêté, seul dans ma chambre, à 9 ans, le bicentenaire de la sienne  mais ça aussi c’est français), et je cracherai toujours sur l’autrichienne (même si ma raison la défend à bien des égards). Je garde toujours à l’esprit que mon ennemi c’est l’anglais, protestant qui plus est... L’anglais, petit frère traître, qui nous demande de s’aligner sur notre neveu, les USA.... Qui nous ont trahi à partir de la querelle des Universaux. Et je suis un grand fan de la Révolution Française  j’avais 5 ans en 89, j’ai été élevé au bicentenaire. Et, au risque de choquer, j’ai plus de sympathie pour Laval que pour De Gaulle.
    Mais tout ça, c’est dans le coeur de tous les Français, et je pousse mon chauvinisme jusqu’à garder confiance en ça. Dans mon quartier, y a même des arabes et des portugais qui parlent de l’Histoire de France comme ça, parce que ça fait trop longtemps qu’ils sont en France, et qu’ils en viennent à faire comme si c’étaient leurs ancêtres. Ils ont voté Marine d’ailleurs... Pas tous au premier tour, mais certains oui, et au 2ème tout le monde. Ils disent pareil que vous : pourquoi t’es de gauche ?

    Ma réponse est toujours la même : le capitalisme libéral est une saloperie, et si on s’engueule aujourd’hui et qu’on crève la dalle alors qu’on peut nourrir trois fois la population mondiale, c’est à cause de ça. Le reste, je m’en fous. Voilà. 



  • Nick Corey 26 octobre 2022 09:15

    @Francis, agnotologue
    Bonjour, et merci pour votre retour.

    Financiarisation / marchandisation.
    Oui  les années 80/90 marquent un tournant, une augmentation en intensité de la marchandisation du monde.
    Mais si j’utilise la sémantique de la finance, c’est pour souligner le changement structurel d’économie spécifique du néo-libéralisme, qui est la financiarisation (pas vraiment inclus dans la théorie classique) et non la marchandisation (qui est déjà chez Smith et Locke).
    Pour ne pas rallonger l’article, je n’ai pas développé cela, mais c’est très important.
    Fin des années 50 : 3 récessions US — Le monde ne suffit pas pour acheter les produits américains.
    Fin des années 60 : début de la stratégie de déloc. Hong Kong devient une grande place financière. 73 : choc pétrolier, laboratoire chilien.
    Quand les néolib prennent le pouvoir au tournant des années 80, les capitalistes instaurent une économie désindustrialisée, et qui s’enrichit par la finance : les délocs peuvent se multiplier  et la classe ouvrière dévitalisée.

    Par ailleurs, vous dîtes :
    Dans le contexte de la mondialisation ça devient « spéculer plus pour gagner plus ».

    Vous voyez : nous sommes d’accord.

     



  • Nick Corey 22 octobre 2022 14:51

    @Francis, agnotologue
    une chair

    Pardonnez moi, je veux aller trop vite. Je voulais dire chair exposée aux charognards. J’ai interrompu ma phrase et quand j’y suis revenu, ça donne un truc mélangé ridicule, genre « ils se sont serrés les coudes comme dans une boîte à sardines » ou « il l’a balayé d’un revers de la médaille »...



  • Nick Corey 22 octobre 2022 13:40

    @Clark Kent
    Au risque moi-même de passer pour pinailleur, c’est Corneille qui est dans la logique du Carpe Diem. Brassens, se mettant dans la peau de Marquise, ne prône rien, et ne fait que répondre : « Peut-être que je serai vieille[...], je t’emmerde en attendant ». On le prend généralement comme « je vais m’amuser, mais pas avec toi » (j’aime la b... mais pas la tienne, comme on dit aujourd’hui), mais textuellement, ça ne dit pas ça. Ça le sous-entend à la rigueur, mais ça veut surtout dire « lâche-moi les bottes, vieux cochon » sans plus. C’est un exercice de style surtout. Une partoche pas trop compliquée, mais subtile  avec une reprise de 4 accords de Je suis un voyou, j’ai toujours trouvé ça étrange... Les boucles solennelles, c’est bien vu.

    On voit souvent Brassens comme un épicurien, mais, même si je sais que vous faîtes la différence avec les hédonistes (sur les commentaires de mon article), il ne l’est même pas vraiment. Comme il dit tout le temps : « Les gens s’imaginent que le père Brassens, il fait bonne chair, qu’il aime le bon vin. Non, moi, je mange un sandwich comme tout le monde » (sa dernière inter, par P. Nemo). Ventura disait que quand il t’invitait à bouffer, fallait ramener les casseroles parce que y avait rien chez lui (Le Grand Échiquier). Bon, c’est vrai qu’il était un peu taré avec le sauciflar (Devos parle de camions)...
    Y a bien un truc au niveau des plaisirs, tout ça, mais c’est comparativement à une société plutôt sclérosée. C’est une mise en scène des plaisirs pour provoquer les hypocrites et les coincés plus qu’une philosophie des plaisirs équilibrés. Ce qu’il est lui, en fait, c’est artiste. Il cherche la volupté de l’art plutôt que celle de la vie ou de l’existence. Et les amis, mais ça c’est plutôt aristotélicien.
    Enfin, c’est mon avis modeste.



  • Nick Corey 22 octobre 2022 13:02

    @Fred59
    Merci de votre retour, positif qui plus est !

    L’âme désarmée est un best-seller. J’ai lu ça y a longtemps, quand j’étais aussi sur Guénon, mais j’avoue que j’ai été un peu écoeuré avant la fin... Il est pertinent, mais il est libéral, et finalement, il joue un rôle dans le pm. Il a été copain avec Aron. Comme Manent, par ailleurs. Ce qui me pose problème avec ces personnes, c’est qu’ils se satisfont de Smith (pour parler en gros), et qu’ils croient que c’est possible de revenir à un capitalisme décent, inspiré de l’esprit des débuts, mais avec les conditions modernes. Si on met de côté son folklore de clown réac (et escroc aussi), c’est le pb de Finky. Je préfère Michéa parce qu’il est anti libéral.

    Je m’interroge sur la place que vous attribuez à Adorno/Horkeimer dans le déroulement et l’échiquier de la philo. Dans un article que j’ai abandonné (l’épisode 0 de celui-ci), je m’intéressais aux auteurs qui précèdent et participent à la genèse du pm. A et H ont une place importante dans ce basculement  c’est logique : la démarche du pm est une critique des Lumières, c’est le titre de leur ouvrage phare.
    Je suis d’accord quand vous dîtes que leur travail était nécessaire et désagréable  et leur position personnelle de juifs intellectuels allemands a un sens important. Mais en même temps, c’est super chelou que vous ayez utilisé ces exemples dans le cadre d’une critique du pm. Aussi, lorsque vous dîtes :

    « Le post-modernisme naît pour donner au progrès une raison d’être encore le phare de l’humanité après le choc éthique causé par la seconde guerre mondial »

    et que vous vous référez alors à la Critique de l’Aufklärung, je ne suis pas certain de comprendre. Intuitivement, y a un truc, mais je ne suis pas sûr.
    Déjà, A&H écrivent en 42/47. Le pm n’a pas encore commencé. L’équivalent à l’époque c’est l’empirisme radical qui existe depuis le 19e s, et les nietzschéens. A&H viennent de l’école hüsserlienne, scientiste, même s’ils sont critiques. Donc ce ne doit pas être le sens de ce que vous dîtes. Pour autant, A&H posent une question qui va amener à cette réponse : après l’apogée apocalyptique de la montée en puissance de la science et de la rationalité (édition de 42), qui ont fini par se perdre dans les abîmes de la pensée magique (édition de 47, c’est important de montrer l’évolution), que va-t-on pouvoir faire ? La réponse est le pm, mais ce ne sont pas A&H qui la donnent. Simplement, elle sera donnée en partie à partir de A&H.

    Enfin, la question de la Contre-Culture (je mets la majuscule pour vous).
    Ce n’est pas moi qui définis ainsi la cc, c’est le terme en vigueur pour parler des hippies et cie — j’ai commencé à l’utiliser à cause d’Ellroy... « La contre-culture, c’est vulgaire. » Brown’s Requiem (je cite de tête, la phrase résonne encore à mon esprit, j’écoutais beaucoup Hendrix à l’époque).
    Par ailleurs, si la cc a été sans cesse récupérée, il n’en demeure pas moins qu’elle prend sa source dans le peuple. Le problème n’est pas que trois ou quatre gamins dans un garage se défoulent sur des guitares en essayant de développer leur esprit critique, mais le fric, leur starisation, l’utilisation spectaculaire de leur parcours pour rendre fous les autres gosses, etc... Et à terme, la révolution partira de 3/4 gamins dans un garage, mais qui développeront leur esprit critique avant de se défouler sur des guitares (mais sans les guitares, ils n’y arriveront pas) pour éviter de se faire récup.
    Peut-être alors mettrons-nous des majuscules à Contre-Culture.

    Je ne suis pas fétichiste des mots, plutôt anti-fétichiste, notamment parce que le pm est fétichiste des mots (À force de ne pas prononcer les mots tabous, considérés comme connotés racistes, misos... , on ne dit plus « licenciement », mais « sauvegarde d’emploi », et un jour on dira « un rapport non platonique »...). C’est pourquoi je bourrine sur le mot « wokisme » alors que ma famille politique déteste ce mot. Pareil pour « bobo », etc...
    Aussi, mon hypothèse est que le pm est une phase de transition comparable à l’Humanisme. À la période H, les penseurs se cherchent. La scolastique est déjà à terre, mais on l’utilisera encore jusqu’à Descartes. On veut revenir aux Anciens qui apparaissent très logiquement dans leurs raisonnements, mais on sent bien que leur façon de concevoir le monde est encore trop figurative. Du coup, y a pas de doctrine de l’Humanisme  alors qu’il y a une théorie moderne.
    Aujourd’hui, on vit quelque chose de semblable : tous nos protocoles restent modernes (droit de l’homme, la gentille science qui aide au développement de l’économie, la démocratie, la séparation des pouvoirs), alors qu’on sait bien que ça ne marche pu trop. Le pm a beaucoup voulu s’inspirer des Anciens aussi au début, et de l’Orient aussi. Il critique, mais il ne produit pas de théorie.
    C’est Luther qui a débloqué la situation (je hais ce gars, mais...). Il faudra au moins deux Marx (dont au moins une femme...) pour débloquer la nôtre. Ou alors une catastrophe.



  • Nick Corey 22 octobre 2022 11:29

    @Francis, agnotologue
    1 
    « Vous dites n’importe quoi : un capitalisme d’État c’est impossible dans un pays qui ne possède même plus sa propre monnaie !!! »
    Doucement, voyons...
    Je répondais à Sylvain qui désignait le régime de l’URSS comme un capitalisme d’état autoritaire. Je ne parlais pas de la France. La France est une chair ouverte aux pillards, ça n’a rien à voir... L’URSS possédait sa propre monnaie

    2 Pour ce qui concerne le capitalisme de connivence. Dans la mesure où l’expression a été, sinon inventée, du moins popularisée par les libertariens et Ayn Rand, j’ai du mal à l’utiliser. J’ai tendance à penser que le capitalisme est connivent par nature et qu’il ne peut se développer sans l’assistance de l’État (à l’époque médiévale, Venise est bien plus un État que la France, et la Hanse a une structure en partie étatisée, tout en étant soutenue par les couronnes). Il y a bien une différence entre le libertarien dit de gauche, un peu humaniste, qui refuse d’être remboursé par la sécu, et Bolloré, c’est vrai. Mais le lib de gauche est surtout l’idiot utile de Bolloré.



  • Nick Corey 22 octobre 2022 08:48

    @Mélusine ou la Robe de Saphir.
    Michel Onfray s’inspirait surtout d’Epicure (Carpe Diem).

    Je crois plutôt qu’il s’est inspiré Paul-Loup Sulitzer... Ou de Zavatta...



  • Nick Corey 22 octobre 2022 08:37

    @sylvain
    C’est plus un capitalisme d’état autoritaire

    Voilà



  • Nick Corey 22 octobre 2022 08:36

    @magatst
    Sans ironie, je vous avoue que ça me fait presque plaisir que vous me dîtes ça, même si c’est, je pense, un quiproquo. En fait, j’ai plus l’habitude de me trouver face à des gens qui me disent que j’excuse le goulag...

    Je ne parle pas de la vérité, je parle de l’impression qu’il y avait à l’époque.

    Je dis notamment : « les témoignages étaient accablants », et que les cocos français étaient un peu bornés (je précise : pas tous bien sûr  on est marxiste dans la famille, je vais pas dire tous). Et c’est vrai : le PCF était stalinien, même après la mort de Staline. En fait c’est grave : ils portent une responsabilité dans le détournement de la classe ouvrière vers l’exdr et de la gauche vers le pm. Et ils ne l’ont même pas encore vraiment reconnus.

    Pour ce qui est de Marx, je pense en parler plus tard. Pour ma part, je reste proche de la critique consensuelle (de gauche bien sûr) d’aujourd’hui : il y a 2 trucs importants à repenser, le caractère téléologique du mat. hist., et la tendance productiviste de ses propositions. Pour le reste, je crois qu’il n’y a pas d’analyse globale du système plus juste. Un des buts de mon travail est de dire que, comme la pensée pm n’a pas de théorie économique, et qu’il n’y en a pas eu de nouvelle depuis Marx, ceux qui pensaient trouver une alternative doivent maintenant fermer leur gueule (ça fait 60 ans qu’ils causent, et ils ont rien trouvé) et rouvrir le Capital (et non pas Le coup d’État du 18, ni Les luttes de classes... ou le Manifeste... Non : le Capital).

    Maintenant, pour ce qui est de l’expérience soviétique elle-même, c’est trop compliqué pour juger comme ça, sur Agoravox. Pendant quelques années, j’ai eu un ami proche né en 68, qui avait vécu en Arménie jusqu’en 93. Toutes ses blagues étaient « arménio-soviétiques », et mélangeaient Lénine et les dragons. Il avait des idiomes (« religion opium du peuple »), il nous parlait de son stage en kolkhoze, ou de cet exposé sur Staline où il avait défendu Trotsky, etc... Et aussi de comment il avait cru naïvement que l’Occident c’était le paradis où tout le monde écoutait Led Zep (interdit en Arménie), mais qu’il aurait jamais pensé qu’on puisse faire passer un RMI en bouffe et en loyer. Pour moi qui lisais Carrère d’Encausse à l’époque, ce qu’il disait avait plus de valeur que tout le reste. C’était mon pote, son ressenti, et je pouvais lui poser toutes les questions que je voulais. Et c’est banal à dire, mais c’était ni noir ni blanc, c’était compliqué.

    Donc non, je vous assure, je ne réduis pas Marx et les soviets au Goulag...



  • Nick Corey 22 octobre 2022 08:10

    @sylvain
    D’abord merci pour votre retour.

    « Ce sont les conditions de travail moyennes dans l’industrie »
    Mon frère a fait ça, y a quelques années, en intérim, mais dans des cuves où y a avait eu du gaz. Ils ont une corde aussi au cas où. Pas de casque le premier jour (avec l’inspecteur du travail le jour même, et qui dit juste c’est pas bien...), prime de risque ridicule (il n’y en avait même pas à l’époque de votre père). Mais dire « conditions moyennes », ça me semble exagéré. Même pour 66.
    Je me bats beaucoup pour faire reconnaître que les ouvriers n’ont pas du tout les mêmes conditions de vie et de tafs que les autres travailleurs (quand on voit comment la mélasse journalistique hausse les sourcils quand les mecs expliquent ce qu’être raffineur, je prends des coups de sang), mais tout de même...

    « Rien n’est réglé dans la « question économique a cette époque » »
    Je vous reproche d’exagérer sur « conditions moyennes », là c’est moi qui exagère, je le reconnais.
    En fait, un des trucs qui a motivé mes recherches sur le pm, c’est la récurrence, chez la génération de mes parents (né entre 50 et 55 comme votre père), d’un discours qui dit que, même s’ils n’étaient pas dupes de ces années là, ils n’auraient jamais pensé que c’était aussi chiqué. Ils ont jamais voté, toujours été très critiques, et ils nous ont d’ailleurs appris à analyser et se méfier de tout, mais rétrospectivement, ils se trouvent quand même naïfs avec le recul. J’ai connu des mecs de l’Internationale Situationniste : ils estiment eux-mêmes qu’ils ne pensaient pas avoir autant raison à l’époque. Alors que leur pensée était tout de même super radicalement critique.

    La question économique n’était pas réglée, c’est vrai. L’expression « croire qu’elle allait se régler » est certainement plus juste. Mais j’insiste là-dessus. Y a un truc aussi que j’ai oublié d’ajouter, une phrase toute bête mais qui met l’enduit : un truc qui dit que les ouvrier estimaient que leurs enfants allaient avoir une meilleure vie  l’optimisme de cette époque. C’est de ça que je veux parler, et c’est comme ça, à mon avis que j’aurai dû le présenter.



  • Nick Corey 21 octobre 2022 11:47

    @Clark Kent
    Oui Oui Oui !
    Je bosse sur Lipovetsky entre autres. Beaucoup de choses intéressantes et beaucoup de critiques à faire également. J’en parlerai à l’occasion d’une analyse de la notion de condition historique postmoderne.
    Pour ce qui concerne le préfixe à mettre devant « moderne », je considère que c’est une querelle sans intérêt et que Lipo est un peu commerçant sur ce point, même si sa justification pour « hyper » est tout à fait juste. Si je défends l’expression postmoderne, et depuis toujours, c’est pour la même raison que je défends « wokisme » ou « bobo » : c’est l’expression générale que tout le monde comprend. D’accord, « postmoderne » n’est pas un terme utilisé sur Tiktok, mais il est plus récurrent que les autres  architecture, art, philo, etc... 
    Aussi, d’un point de vue plus scientifique, ma démarche se situe dans l’Histoire des idées (post est un rapport temporel), et non dans l’analyse sociologique (hyper est un terme quantitatif qui ne situe pas dans le temps).
    Je traiterai aussi la question de l’intensité dans mon texte sur la condition historique. Pour ma part, je suis plus proche de Hartmut Rosa que de Lipo.



  • Nick Corey 21 octobre 2022 11:33

    @Mélusine ou la Robe de Saphir.
    Bonjour et merci de votre retour.
    Pour vous répondre sur la prise en compte de l’inconscient collectif.
    J’avoue que je n’utilise pas cette expression, parce que c’est du vocabulaire spécifique et que les écoles sont probablement plus partagées sur cette notion que sur celle de l’inconscient tout court. Il faudrait que je la définisse précisément avant de l’utiliser et ça rallongerait de 2 000 caractères d’un coup (comme si mes articles n’étaient pas déjà beaucoup trop longs).
    Mais si on pense à l’expression courante « inconscient collectif », je ne parle que de ça, en fait. Mon idée est de dire que le postmodernisme n’est pas un mouvement aussi maîtrisé qu’ont pu l’être le communisme, le libéralisme, le royalisme, etc... Et qu’il faut même le considérer comme le caractère fondamental de notre période plus encore que comme un mouvement de pensée  on pourrait dire alors le trait caractéristique de l’inconscient collectif actuel



  • Nick Corey 6 octobre 2022 08:24

    @Jonas
    Ersotte, Janpol Arpagon, Lavergeonne, Chiapas, Micron, Muluche... Nous n’avons pas la même notion de « tous les échelons » de la « société civile »... 
    Par ailleurs, je suis de souche, français au carré et bien plus encore (je suis remonté jusqu’à 1650, début de l’état civil dans mon canton d’origine), et j’habite dans une banlieue parisienne réputée à l’international pour ses groupes de rap, et ses graffitis. Dans mon quartier qui en bordure d’une zone indus, y a surtout des portugais. Et depuis quelques années, j’observe un grand remplacement bobo plus qu’immigré.
    Après, si vous me dîtes qu’il y a de plus en plus d’immigrés bobos, vous ne pourrez plus me parler de problème d’assimilation...



  • Nick Corey 6 octobre 2022 07:55

    @sylvain
    Un autre point important me semble être que tout le monde se rend bien compte que le mouvement woke en général bénéficie du plus grand soutiens de tous les médias et de tous les décideurs.

    C’est plus compliqué. Je ne suis pas certain de votre opinion précise sur certains points de la question, donc je vais essayer de faire des échelles.

    Si l’on s’en tient stricto sensu à la façon dont le « wokisme » est détesté, on ne peut pas dire que tous les médias sont wokes. Cnews, qui bénéficie d’une très large audience, et d’une façon générale, les médias bolloréens (Europe 1 notamment) ne sont pas wokes. Le Figaro, on peut pas dire, quand même... Ce sont eux, d’ailleurs, qui les dénoncent.

    MAIS  si on garde à l’idée que woke = postmodernisme, et que postmoderne est le nom d’une condition historique, alors oui, ils le sont. Et beaucoup d’états de fait les concernant le prouvent. Il y a de la diversité à Cnews. Zimmy, c’est juste un mec de banlieue agressif qui se la pête, comme n’importe lascar qui tient les murs en bas de chez moi (il remplit plusieurs quotas, lui). Je ne dirai rien sur son acolyte de plateau, mais j’ai l’impression de la connaître, et pas parce que j’ai traîné chez les bourgeois. Si M. Praud, journaliste de foot, peut animer une émission « politique », c’est parce que nous sommes dans une période pm. Et tous ces gens insistent tellement sur le fait qu’il faut une diversité des opinions dans les médias...
    Mon 4è article portera sur la question de la condition histo pm, et j’en parlerai plus en détail.

    ’il sert de cache sexe aux puissants pour éviter de parler des inégalités galopantes

    Tout à fait, bien sûr.
    Idem  Dans le sens strict, apparent, le « wokisme » sert à la gauche et à la droite pour ne pas parler d’économie, les premiers pour le défendre, les seconds pour l’attaquer.
    Et d’une façon historique, le pmisme a produit l’idée que la société était suffisamment riche pour ne plus avoir de problèmes à satisfaire les besoins vitaux.

    Les « bourgeois wokiste » voudraient émanciper la « classe opprimée » ? 

    Je comprend pourquoi vous êtes dubitatif, et ma formulation, solennelle et générale est peut-être maladroite. Mais votre réflexion ne se situe pas sur le même plan.
    Vous désignez exclusivement la crème de la bourgeoisie de gauche, c’est-à-dire les petits jouisseurs, tandis que je parle de la GBIP. Ouvrez n’importe quel média de gauche qui parle de politique et de société, et vous verrez qu’ils n’ont de cesse que de vouloir défendre les opprimés. Tandis que vous ouvrez n’importe quel média de droite équivalent, et vous verrez que les pauvres ne savent pas gérer leur argent, que les chômeurs sont tous des feignants, et que les riches, eux au moins ils créent des emplois.
    C’est ainsi que les choses se présentent, et de fait, historiquement et théoriquement, la gauche s’est construite dans la défense des petites gens, et des travailleurs en particulier  ce que j’appelais la mission historique de la gauche dans le post précédent, tandis que la droite a fonctionné sur la loi de Say, n’a que mollement appliqué Keynes, et fonctionne aujourd’hui sur la théorie du ruissellement, qui est une loi de Say bis, et qui estime qu’il faut donner aux riches parce qu’ils savent mieux que les autres.
    Maintenant, la gauche politique a trahi : tournant libéral et fondation St-Simon, et elle l’a fait en toute connaissance de cause. Mais, il faut admettre que le PS de Hollande est à droite.
    Aussi, il est vrai que dans les médias de gauche, quand on fait les proportions de sujets économiques et de sujets de sociétés, on voit qu’il y a une disproportion nette et une déconnexion des problèmes du peuple : pour des milliers de licenciements, des milliards perdus en vente d’industries stratégiques et en pertes d’impôts, des milliers de services publics (hôpitaux, postes, casernes, postes de police...) fermés, et 143 féminicides, il y a pratiquement autant d’articles sur les violences faites au femmes que tout le reste. C’est dans cette disproportion que se tient le problème. Il y a une déconnexion sur la question de l’oppression.
    Je pense réellement que c’est une déconnexion de la réalité plus qu’un truc pour vendre. Ça dépend des médias, mais de toutes façons, il y a des intellectuels tout à fait sincères dans leur déconnexion.
    Et pour ma part, j’ai une tendance à considérer que le type qui vend de la polémique, qu’elle soit de droite ou de gauche, est, lui-même, un mec de droite  c’est un commerçant libéral et il peut très bien faire du woke washing.

    Mon prochain article  qui en fait 3  traite des conditions historiques qui ont vu la pensée pm émerger. Mon but est notamment de montrer que, sans être victime, la classe bobo n’est pas non plus responsable de ce qu’elle est.



  • Nick Corey 6 octobre 2022 06:36

    @sylvain
    -Il me semble que ce que les classes popualaires reprochent avant tout aux « bobos », c’est d’avoir gardé les privilèges de la bourgeoisie en ne voulant plus assumer ses responsabilités : diriger la société pour la rendre prospère et puissante . Ils sont ainsi devenus de pures parasites de luxe

    C’est une formulation qui a du sens, mais c’est peut-être un peu une extrapolation. Il s’avère que dans le milieu du travail, on rencontre de plus en plus d’employés qui doutent des capacités de leurs chefs (c’est une position odieuse, l’impression d’être sur un bateau fantôme), et je suis tout à fait convaincu qu’il y a une chute générale de la capacité des bourgeois à diriger quoi que ce soit.
    Mais ce n’est pas spécifique à la bourgeoisie de gauche : nos capitalistes sont des gros nazes incapables de faire quoi que ce soit sans l’État français, les dirigeants politiques de droite sont aussi cons que ceux de gauche. La Mère Pen, qui concentre la majorité du vote prolo, est une très mauvaise cheffe de parti — la fuite de ses cadres chez Zimmy a été pitoyable.
    Et, surtout, ce modèle du bourgeois qui fait une société prospère et puissante en contre-partie de privilèges n’a jamais été très diffusée chez les prolétaires ( beaucoup plus dans la paysannerie, et encore)  c’est la vision des révolutionnaires anglais de 1640 (Cromwell en premier) et française de 1789 (pas de 92), cela n’a jamais été celle du prolétariat (à la limite : de la paysannerie, mais dans son attachement à la stabilité de l’Ancien Régime). Les prolos ne sont certes pas la classe révolutionnaire rêvée par Marx, mais ils n’ont jamais été attachés à l’ordre hiérarchique (même le vote LePen ne correspond pas à un désir de chef, mais plutôt de sécurité et de limite de l’immigration).

    Enfin, il me semble que, du point de vue économique, le reproche « de garder les privilèges sans rendre la société prospère » est équivalent à un reproche « de ne plus faire ruisseler les richesses » : que sont ces privilèges sinon les richesses produites par le pays ? Comment rendrait-on la société prospère sans utiliser ces richesses ?
    Mais ici aussi : le manque de ruissellement n’est pas un problème de gauche, mais plutôt de droite. Toute l’Histoire de pol. éco. de la 3ème République est celle de la lutte du prolétariat, de plus en plus soutenu par la gauche, pour obtenir du ruissellement de la part de la droite.
    Pour autant, nous pourrions dire que la gauche, qui soutenait justement les prolétaires avant dans leurs luttes, ne remplit plus sa mission, et nous demander si c’est justement ce que les prolos leur reprochent. Mais ça, c’est ce que disent les économistes de gauche, et c’est plutôt bidon. C’est une façon de se la jouer, c’est présomptueux. Les prolos, ils s’en foutent complètement de la mission historique de la gauche, ils savent pas ce que c’est. Ce qu’ils voient, c’est que la gauche leur parle de zizi et de couleur de peau, alors qu’eux, ils sont en train de crever la dalle. Ce qui produit la détestation de la gauche, ce n’est pas tant ce qu’elle ne fait pas, mais ce que, justement, elle fait. Et ce n’est pas une histoire de privilèges, mais de sujets de préoccupations.

    Pour ce qui concerne ma formulation, j’ai un commentaire (auto-comment, oui je sais...).
    Les classes popus n’utilisent pas le mot « gentrification », ou alors ils l’introduisent avec un « comment ils appellent ça déjà ? », pour bien souligner que le mot est frimeur. En revanche, ils parlent de boboïsation (et pas seulement à Paris), et ils disent : « ils nous foutent du woke partout ».
    J’utilise le mot « gentrification » avec ironie, et l’expression « idéologie woke » par provocation. Dans un article à venir, j’expliquerai pourquoi je préfère le mot « bobo » au mot « gentrification »  avec tout un historique du mot.



  • Nick Corey 3 mars 2020 22:01

    @Kapimo
    Votre gene à parler de ceux qui ont animé le courant de pensée égalitariste n’a pas lieu d’etre, et votre dérision sonne faux
    De quelle gêne parlez-vous ? J’ai écrit un pavé sur le christianisme juste au-dessus... Et, au dehors de quelques accès d’ironie, je suis très sérieux. 

    Ça devient tendu, par ailleurs. Vous ouvrez le bal des hostilités avec la première attaque personnelle. Pas d’insulte, vous restez courtois, mais on sent la tension. Alors je me permets de répondre : le fait que vous ne répondiez pas aux points que je développe me laisse croire que vous ne lisez que rapidement (voire pas vraiment) mes réponses, et que vous n’utilisez cette page que comme une tribune pour diffuser les fables surréalistes crypto-soraliennes.
    Néanmoins, je vais répondre. Parce que je trouve sincèrement cette discussion intéressante.

    Déjà, j’insiste sur le fait que la valeur d’égalité (en tant que théorisée) est une création chrétienne. Vous qui avez des petites tendances maurassiennes, vous devriez le savoir. Maurras rappelait l’origine juive du christianisme et lui opposait le catholicisme français, christianisme paganisé. Le modèle français des trois Ordres a, pour lui, balayé la valeur d’égalité pour lui substituer un Ordre qui comprend, assimile et régule les inégalités : monarchie, noblesse, corporations des métiers, professions héréditaires...
    Maurras a, paradoxalement, une vision latine de la France. Au nord de la France, sa doctrine ne tient plus, puisque la valeur d’égalité chrétienne (théorisée) s’est bien arrangée avec des pratiques égalitaires ancestrales. Aussi, les paysans du nord de la France n’ont-ils jamais adopté la primogéniture, à aucune période que ce soit.

    Pour la suite...

    Je n’ai eu l’occasion de feuilleter le Véritable Illuminé que deux ou trois fois, il y a déjà longtemps, et le texte n’est pas trouvable sur internet. Je ne peux malheureusement croiser le fer avec vous sur le détail du texte. Je vous invite à citer le texte pour me prouver ce que vous affirmez.
    Mais tout de même, on peut dire deux trois trucs sur cet acarien de l’Histoire.
    Weishaupt est théologien et empiriste, dans la lignée des anglais. Si l’on en croit ce qu’on trouve sur internet, il est particulièrement anti-kantien. Il est déiste. Il me semble qu’il est un portrait typique de l’anticlérical de l’époque, cynique et un peu comploteur. Finalement sa démarche est proche de celle des révolutionnaires bourgeois français. Il est voltairien comme dirait Guillemin. Si le texte du Véritable prône réellement une abolition de tout gouvernement légal, je tends à douter de sa sincérité. Un comploteur veut le pouvoir, et non l’abolir.

    Marx est matérialiste et athée. Il est dans l’héritage de Hegel qui est dans l’héritage de Kant. Il rejette l’empirisme anglais que Weishaupt prône. Marx ne complote pas, et rejette toute forme de complot, qu’il associe à de la fausse conscience, de la décadence de mœurs, du fait lumpenprolétarien. Il ne prône pas l’existence d’une élite. Complot, élite politique, tout ça, c’est léninotrotskiste.
    Aussi, à propos de la liste que vous faîtes,
    1/ Je récuse l’abolition de la famille. 
    Il s’agit d’abolir la famille bourgeoise. Or « Le prolétaire est sans propriété ; ses relations de famille n’ont rien de commun avec celles de la famille bourgeoise. » Pour Marx, le Capital a déjà détruit la famille prolétaire, et la famille paysanne est corrompue par l’Ancien Régime (ce n’est pas faux, mais Marx a une idée assez fausse de la paysannerie)
    On va se calmer, Marx n’a pas l’intention de mettre les enfants en commun, comme chez Platon. Il aimait sa famille et il comprenait tout à fait l’attachement filial.
    2/Je confirme la création de la Banque Centrale.
    Mais il ne s’agit pas d’une banque centrale façon FED, ni Banque européenne, ni Banque de France, façon Napoléon 1er. Dans la mesure où Marx est contre l’élite politique, cela signifie que les décisionnaires de la Banque Centrale sont l’Assemblée des travailleurs, et non une banque de gangsters comme c’est le cas dans les exemples cités. Le pilotage de l’économie par les Banques Centrales, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui est un truc qui aurait horrifié Marx. Et qui effraient aussi les néolibéraux, en fait  même si, eux, savent faire avec.
    Par ailleurs, Weishaup est toute l’image du sale bourge décadent que Marx déteste et condamne. Il n’y a pas de lien possible.

    Pour ce qui concerne la suite de ce que vous dîtes, je suis d’accord avec plusieurs points. Mais pas du tout sur la façon dont vous les présentez.
    Même si c’est un peu caricatural ( et une vision centrée sur la France et non sur le monde), il est vrai qu’il y a un dualisme, une dialectique spectaculaire mais creuse, bloquante et assourdissante, qui s’est produite entre libéralisme et marxisme au vingtième siècle, et que l’on peut comparer aujourd’hui au dualisme identitaire gaucho et identitaire facho. J’insiste sur vingtième, puisque, déjà, y a deux siècles, Marx avait deux ans, et que, en 1870 encore, il n’y avait pas beaucoup de marxistes. Mais surtout, cela ne devient du Spectacle qu’à partir de la Guerre Froide.
    Et même, on peut nuancer sur le caractère bloquant, puisque c’est grâce à ce dualisme qu’on a pu résister au capitalisme en France.
    Mais surtout :
    1 le néolibéralisme n’est pas antinational. Hayek est un gros natio. La mondialisation libérale, ce n’est pas l’abolition des frontières, c’est de l’impérialisme à l’anglaise (même si Hayek était autrichien d’origine) : une minorité plus maline domine les autres. Et on se fout royalement, par ailleurs de savoir si ces autres sont égaux entre eux.
    2 Vous confondez matérialisme historique et fétichisme de la marchandise. Marx est matérialiste dans un sens précis : c’est sa façon de comprendre l’Histoire. Mais il n’est pas matérialiste au sens libéral, c’est-à-dire qu’il ne dit pas que seules la production matérielle et la consommation compte. Si, pour lui, la culture et le spirituel (comme vous dîtes) contemporains ne sont que les reflets des rapports de production dominée par le Capital, il n’exclut pas l’idée que, une fois libérés des conditions capitalistes, les humains pourraient produire une nouvelle culture. Néanmoins, il ne dit rien sur ce que cela pourrait être.
    3 Ainsi, si on peut dire qu’il est pour le travail obligatoire (vous avez oublié « service », non ?), c’est surtout dans l’idée que les bourges vont devoir se mettre à bosser. Marx, qui n’a pas prédit la délocalisation, voit dans l’automatisation le mouvement irrémédiable de la libération du temps de travail : le travailleur aura le temps de se cultiver et de prendre conscience de sa condition. Au contraire de ce que vous semblez dire, il n’est pas pour l’esclavage, et pense que, avec la machine, les humains n’auront plus qu’à bosser quelques heures par jour.

    Il me semble que pour critiquer Marx adéquatement, il faut d’abord se fonder sur les textes, et non sur les interprétations approximatives de quelques malheureux. Si je suis d’accord avec Marx sur de nombreux points, je ne suis pas marxiste, et oui : il nie beaucoup trop la dimension spirituelle de l’humain, il n’a pas saisi adéquatement le sens des religions, etc... Mais c’est méconnaître profondément Marx que de le relier à des associations comploteuses. 

    D’une façon générale, rechercher les complots de l’Histoire peut être une vraie discipline, mais pour que cela devienne intéressant et utile, il faut être rigoureux dans son travail, et pas simplement associer toutes les figures de l’Histoire qui nous apparaissent détestables (sans généralement les connaître) et se persuader qu’ils se sont ligués rien que pour nous faire peur.



  • Nick Corey 2 mars 2020 22:05

    @uleskiserge 

    Je viens de lire votre texte. Je suis d’accord avec vous sur l’essentiel.

    Bon, vous insistez plus sur Blair que Thatcher, mais c’est pas important.

    Très bien de rappeler le parcours des Blair, Shröder. On peut ajouter que Thatcher était en Banque privée avant, et consultante pour Filip Maurice après avoir été Irongirl

    En tous cas, c’est exactement cela qu’il faut opposer à la distinction inutile du statofinancier.

    Je trouve utile de rajouter un truc, à propos de l’exhortation toddienne à une alliance avec les USA, et (quand même !) la FED.

    C’est justement ce qu’a réussi à éviter de Gaulle à la fin de la guerre. Les USA voulaient imposer le Franc-dollar. On a réussi à éviter ça alors qu’on sortait de l’Allemagne nazie... 

    Et puis la FED, quoi... La créature de Jekyll Island, tout ça... Todd parle de dindes qui votent pour Noël, mais justement...

    Un type, je crois que c’est Robnoir-Giléjone-man, a suggéré à Todd un rapprochement avec la Russie, et il a balayé d’un coup en disant que le rouble n’était pas assez fort.

    Mais y a une légende qui dit que Poutine (qui ne nous leurrons pas pour autant, reste un taré) veut faire une alliance monétaire avec la Chine et la Syrie, et peut-être plus, sur la base d’un étalon-or. Si c’est avéré, cette alliance concurrencera le dollar d’une façon nette, et l’euro va finir par être pulvérisé pour de vrai.

    De toutes façons, faudra choisir son camp